Droits humains

Affaire Larifou, problème diplomatique

Rencontre avec le représentant de la Sous-Préfecture de Saint-Pierre

9 janvier 2004

Hier, le Collectif pour la libération de Maître Saïd Larifou, avec le soutien du député-maire du Tampon, André Thien Ah Koon, rencontrait le secrétaire général de la sous-préfecture de Saint-Pierre pour solliciter l’intervention de La France dans l’affaire Larifou. Diverses personnalités politiques, culturelles et des membres du barreau de Saint-Pierre constituaient la délégation reçue à la sous-préfecture du Sud de l’île. Au terme de la rencontre, le collectif n’était guère plus assuré du sort de l’avocat saint-pierrois.
C’est d’abord au député-maire du Tampon, devant la sous-préfecture, que le comité de soutien va adresser ses attentes quant au sort de Saïd Larifou. André Thien Ah Koon, quant à lui, a tenu à assurer Mme Larifou, présente à l’entrevue, de son soutien. « J’ai exposé personnellement le cas Larifou au travers de courriers au ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin, au Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, au président de la République Jacques Chirac, ainsi qu’à la ministre de l’Outre-Mer Brigitte Girardin », explique-t-il au collectif, mais il ne commente pas aisément le silence du gouvernement français. Il comprend l’urgence de la situation et affirme qu’il s’impliquera autant que faire se peut.

La solution est diplomatique

Le sous-préfet ne pouvant recevoir la délégation, c’est le secrétaire général de la sous-préfecture de Saint-Pierre, M. Turpin, qui accueillera le collectif dans ses bureaux. « Soyez assuré que les autorités de l’État français sont soucieuses du cas de Saïd Larifou. Mais cette affaire ne peut trouver sa solution que par la voie diplomatique », indique-t-il.
Un membre du comité de soutien demande par ailleurs l’autorisation de coordonner « une délégation médicale pour prodiguer des soins » à l’avocat saint-pierrois. Il souffrirait de problèmes cardiaques alarmants et de crises de paludisme.
Me Chen Teng, bâtonnier au barreau de Saint-Pierre, insiste sur le fait que cette épreuve est difficile, et pour Saïd Larifou, et pour sa famille. Il s’agit pour lui d’un « drame humain ». Alors si la solution à ce problème est diplomatique, « où en est justement cette voie diplomatique ? ». Le représentant de la sous-préfecture révèle ne pas détenir les informations quant à l’intervention de la France, mais assure que l’affaire est connue au plus haut niveau.
Me Rapady précise, de son côté, que le statut de Me Larifou, bénéficiant de la double nationalité française et comorienne, lui donne droit à la protection consulaire. Il déplore le fait que le 20 décembre dernier Saïd Larifou s’est vu refoulé de l’ambassade de France à Moroni. Malgré les problèmes de santé de son confrère, l’ambassade ne s’est toujours pas manifestée. « La République mauricienne par le biais de Paul Bérenger, son Premier ministre, s’est inquiétée de cette affaire. Plusieurs États africains ont pris connaissance de ce dossier », déclare-t-il. Il désespère face à la passivité de la France.
Philippe Pellen Baldini, directeur du théâtre Talipot, est intervenu au nom des artistes réunionnais. Il souhaite, par son intervention, soulever la question souveraine des Droits humains dans l’océan Indien. « Face aux défauts de la démocratie, nous sommes son seul espoir », explique-t-il. Une vingtaine d’artistes réunionnais s’est donné rendez-vous au Barachois ce dimanche pour soutenir le comité.
André Thien Ah Koon assure que « la démarche de Saïd Larifou est conforme à notre civilisation. Ce combat est juste. Honnête, intègre, considéré, il importe de se soucier de Saïd Larifou. Sa vie ne doit pas être en danger. Je souhaite que notre démarche renforce le dispositif mis en place pour [le] sauver ».
Au terme de l’entretien, le secrétaire général de la sous-préfecture se dit conscient de la gravité de la situation, mais ne dispose d’aucun pouvoir pour donner une issue favorable à ce dossier "diplomatique".
Saïd Larifou a été contacté par téléphone par le député-maire du Tampon juste après la rencontre. Encouragé à persévérer, il a réitéré son appel au secours. « Je ne peux pas accepter de mourir dans le silence », avait-il confié aux journalistes juste après les festivités du jour de l’An.


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