Après trois semaines de séparation

Ahmed revient dans ’son pays’

7 décembre 2004

Ahmed Andhumoudine a retrouvé les siens hier. Une cinquantaine de personnes étaient venues l’accueillir à l’aéroport Roland-Garros. Tous se félicitent de l’issue donnée à cette affaire, même s’ils appellent à rester vigilants.

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Après trois semaines de séparation avec sa famille, Ahmed Andhumoudine rentre enfin à La Réunion. "Son pays", comme lui-même le dit. Hier à 19h30, le jeune homme arrivait à l’aéroport Roland-Garros, où l’attendaient une cinquantaine de personnes. Ému par cet accueil chaleureux, il n’exprimera que sa joie de revoir les siens, qui ne cachent pas toute leur incompréhension.
Pour l’heure, ils se réjouissent de savoir Ahmed auprès d’eux. Sa mère, tout sourire, nous confie que son fils dispose d’un visa, et qu’il reste à régulariser cette situation inexplicable : un jeune homme expulsé de La Réunion vers la Grande Comore où il ne connaît personne (lire nos précédentes éditions).

Nouveau départ

À la rentrée de janvier, il devra reprendre une scolarité normale. Élève en BEP topographie au lycée de La Montagne, le jeune homme souhaite continuer ses études.
Nos compatriotes d’origine comorienne, venus en nombre saluer le courage d’Ahmed, espèrent que cette situation ne durera pas, même si la semaine dernière, l’actualité faisait état d’un cas similaire, où une jeune Réunionnaise d’origine comorienne risquait de vivre la même histoire qu’Ahmed. Heureusement, le tribunal administratif lui a donné raison. Elle reste auprès de son époux et de son enfant de 18 mois... à La Réunion.

Ahmed ne garde aucune rancune contre la Préfecture. Il préfère parler de nouveau départ. Son avocat, Saïd Larifou, entreprend toutes les démarches, lui permettant d’obtenir les papiers nécessaires pour que sa situation se régularise une fois pour toutes. Il lui faudra attendre encore pour pouvoir bénéficier de la nationalité française. Mais cela devrait se faire.
Personne ne comprend comment on en est arrivé à cette expulsion. Monique Couderc, qui s’exprimait au nom de l’Union des femmes réunionnaises (UFR), déclarait que "Ce qui vient de se produire pour Ahmed est honteux, inacceptable. Comment l’administration préfectorale a-t-elle pu orchestrer une telle situation qui a entraîné ce drame humain ? Nous espérons au nom de l’UFR qu’une telle politique répressive ne se réalisera plus dans notre département".

De nombreux soutiens

Elle rappelle que le ministère, qui a en charge la politique d’émigration, dit clairement au travers d’une circulaire qu’il "faut examiner cas par cas avec une prise en compte de l’évolution de la situation personnelle et familiale de chaque demandeur".
Elle déplore que des hommes politiques réunionnais ne soient pas davantage mobilisés. "Un élu peut mener un combat pour les Droits de l’homme", expliquera-t-elle.
Ahmed remercie au nom de sa famille les associations comoriennes, des étudiants comoriens, réunionnais, la députée Huguette Bello, et surtout son avocat Saïd Larifou, ainsi que les médias qui l’ont soutenu dans cette épreuve.
C’est sûrement grâce à ce soutien que le jeune a pu retrouver La Réunion. C’est enfin un cortège qui l’accompagne chez lui, au Chaudron, où l’attendent de nombreux amis. L’aîné de la famille dit une prière à Allah pour cette heureuse issue, avant de partager le repas avec le fils “retrouvé”.

Bbj


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