ONU Femmes : l’instabilité alimente la recrudescence des violences sexuelles à l’égard des femmes
Haïti : 300 000 femmes et filles déplacées, sans accès à des services de sécurité et de santé élémentaires
18 juillet
Un rapport récent d’ONU Femmes fait état des conditions de vie épouvantables et du manque de sécurité auxquels sont confrontées 300 000 femmes et filles déplacées en Haïti, exacerbés par l’instabilité politique actuelle et l’escalade de la violence commise par les gangs, ainsi que par la saison des ouragans qui ne fait que menacer davantage cette île des Caraïbes. L’instabilité en Haïti alimente la recrudescence des violences sexuelles à l’égard des femmes.
Les femmes et les filles représentent 54 % des 580 000 personnes déplacées en Haïti, et la nouvelle Enquête rapide sensible au genre d’ONU Femmes montre que les camps de fortune en place manquent de produits de première nécessité pour les populations, et que les femmes et les filles en particulier y sont exposées à des risques de violence sexuelle et basée sur le genre. Selon l’enquête, qui a été menée dans les six sites de déplacés internes les plus peuplés et les plus diversifiés de Port-au-Prince, la plupart des camps ne disposent d’aucun éclairage, les espaces essentiels tels que les chambres et les toilettes ne sont pas équipés de verrous, et les personnes qui y vivent subissent les menaces quotidiennes de gangs armés. L’exposition constante aux balles perdues et aux autres risques sécuritaires souligne l’urgence d’améliorer la protection dans les camps.
Des agressions à l’encontre des femmes et des filles et, plus spécifiquement, des viols, sont également perpétrés dans la majorité des camps comme tactique délibérée pour contrôler l’accès des femmes à l’aide humanitaire très limitée.
La directrice exécutive d’ONU Femmes, Sima Bahous, a déclaré : « Selon notre rapport, le niveau d’insécurité et de brutalité, notamment la violence sexuelle, auquel les femmes sont confrontées aux mains des gangs en Haïti est sans précédent. Il faut y mettre un terme immédiatement. Nous appelons le nouveau gouvernement à prendre des mesures pour prévenir les violences que subissent les femmes et les filles et pour y répondre, ainsi qu’à renforcer la participation des femmes à la gestion des camps afin que leurs préoccupations en termes de sécurité puissent être entendues et prises en compte. L’aide humanitaire doit être apportée en toute sécurité, en fonction des besoins différenciés des femmes et des filles. »
L’enquête révèle également que plus de 88 % des femmes interrogées ne disposent d’aucune source de revenus dans les camps. En conséquence, plus de 10 % d’entre elles ont dû au moins une fois se tourner vers la prostitution ou ont envisagé de le faire pour répondre à leurs besoins, et 20 % de plus connaissaient au moins une personne qui y avait recouru. Environ 16 % des femmes interrogées ont déclaré qu’elles se sentaient intimidées, harcelées ou traumatisées par les gangs armés violents, et près de 70 % ont confié qu’elles étaient choquées mentalement par l’escalade de la violence. Seulement 10 % des femmes interrogées ont indiqué avoir accès à des services de santé dans les camps de personnes déplacées.
ONU Femmes appelle toutes les parties prenantes impliquées dans la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) à garantir la protection immédiate des femmes et des filles, ainsi qu’à confier aux organisations de femmes en Haïti un rôle de premier plan dans la gestion de ces camps de déplacés surpeuplés où des milliers de femmes et de filles risquent leur vie au quotidien.