Bagarres de « bandes » impliquant des jeunes d’origine mahoraise

Paris importe à La Réunion la violence qu’il a créée à Mayotte

11 mars, par Manuel Marchal

La politique menée à Mayotte par Paris au cours de ces 50 dernières années explique pourquoi l’insécurité et la violence ont été importées dans cette société traditionnellement pacifique de l’aire culturelle swahilie.
Désormais, Paris exporte vers La Réunion la violence qu’il a créée à Mayotte.
C’est en effet uniquement Paris qui décide qui peut entrer ou pas à La Réunion et à Mayotte. Et notre île est utilisée pour compenser la pénurie de structures de prise en charge d’adolescents violents à Mayotte, par cause de manque d’investissements de Paris. Ces adolescents restent à La Réunion au lieu de retourner à Mayotte. C’est une peine de relégation.

Mercredi dernier, un affrontement entre « bandes » a fait la « une » de l’actualité et suscité d’importantes réactions. En effet, un blessé très grave est à dénombrer. Parmi les protagonistes, la présence de jeunes d’origine mahoraise est fortement suspectée eu égard aux armes utilisées, les mêmes qui circulent en nombre à Mayotte. Dans son reportage du lendemain, Réunion Première a fort justement expliqué la principale raison de ce type de fait divers. Paris exfiltre de Mayotte vers La Réunion un contingent de jeunes qui ont des comportements violents. Mais une fois la durée du placement écoulée, ces jeunes restent dans notre île au lieu de repartir à Mayotte et seraient « livrés à eux-mêmes ».
Les violences quotidiennes à Mayotte constituent une singularité dans l’aire culturelle swahilie ou malgache, où le sens de l’hospitalité et le refus de la violence pour traiter les différends font partie intégrante de la tradition. La politique menée à Mayotte par Paris au cours de ces 50 dernières années explique pourquoi l’insécurité et la violence ont été importées dans cette société pacifique.

Comment Paris importa la violence dans une société pacifique

Ce fut en effet Paris qui laissa faire en 1974 et 1975 les exactions d’une bande de fanatiques visant les Mahorais qui étaient suspectés d’avoir voté pour l’indépendance des Comores. Des maisons étaient brûlées avec la mansuétude des paras, de la Légion étrangère et des gendarmes, comme l’avait rappelé l’Ambassadeur des Comores à l’ONU lors de l’adhésion de son pays aux Nations Unies. Des milliers de Mahorais durent fuir Mayotte en quelques mois, soit au moins 10 % de la population. La graine de la violence était semée.
La promesse de Paris de donner aux Mahorais les mêmes droits sociaux que les habitants de la France, et dans le même temps la succession de coups d’État à Moroni par d’anciens membres de l’armée française pour déstabiliser le jeune État comorien, créèrent les conditions d’une forte immigration à Mayotte. C’est devenu une source de tension et de division de la société mahoraise.
En 1995, Paris obligea les habitants des îles voisines à obtenir un visa pour vivre à Mayotte. Toute personne n’ayant pas une nationalité européenne vivant à Mayotte sans titre de séjour est alors considérée comme légalement indésirable. Elle doit donc accepter n’importe quel travail à n’importe quel salaire sans avoir la possibilité de revendiquer. Les inégalités déjà criantes n’allaient donc pas reculer.
La violence de ces inégalités est source de frustration et de violence, car une grande partie de la population ne pourra jamais avoir accès à la société de consommation à l’occidentale, promesse implicite de Paris lors de sa décision de faire de Mayotte un département français. Une des conséquences de la fermeture des frontières par Paris aux voisins de Mayotte est la présence dans l’île de jeunes, sans parents pour leur donner une solide éducation, et devant se débrouiller. Le manque d’écoles ne permet pas de faire respecter l’école gratuite et obligatoire de 6 à 16 ans. La Chambre régionale des Comptes a d’ailleurs indiqué que cette pénurie prive des enfants de l’école, sur la base de critères discriminatoires. Se créent alors des « bandes » qui rançonnent les automobilistes ou cambriolent des maisons pour gagner de l’argent.

Paris n’investit pas assez dans les structures d’accueil à Mayotte

Quand ces jeunes sont pris, alors se pose le problème du manque d’infrastructures d’accueil à Mayotte pour les aider à ne plus avoir de comportements violents. Paris décide de les transférer à La Réunion.
Mais, comme le rappelait le reportage de Réunion Première, une fois la prise en charge terminée, ces jeunes ne repartent pas à Mayotte mais restent à La Réunion. Autrement dit, notre île est utilisée pour compenser la pénurie de structures de prise en charge d’adolescents violents à Mayotte, par cause de manque d’investissements de Paris dans l’île aux Parfums. Et Paris relègue à La Réunion ces jeunes suspectés d’être une menace à l’ordre public à Mayotte. A une époque heureusement révolue, les bagnards en fin de peine devaient rester vivre dans la colonie où ils avaient été déportés avec interdiction de rentrer dans leur métropole en Europe. Un tel procédé ne grandit pas la « patrie des Droits de l’Homme ».
C’est uniquement Paris qui décide qui peut entrer ou pas à La Réunion et à Mayotte. Par conséquent, Paris exporte vers La Réunion la violence qu’il a créée à Mayotte.

M.M.

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Messages

  • Tous les jeunes Mahorais ne sont pas des délinquants.Je ne vit pas régulièrement à La Réunion,cependant ,je constate comme beaucoup des compatriotes ,une montée de la violence de la part de ces jeunes. A Saint-André (quartier Fayard) ,c’est devenu un non droit pour la police. Beaucoup des gens ne veulent plus habiter dans ce quartier. Dernièrement,un responsable de centre d’animation ,me disait ,ne me parlez-plus le vivre ensemble. Une dame de retour des vacances,me disait ,on est plus chez-nous. Mon petit neveu ( 12 ans ) s’est fait racketter ses baskets.
    Pourtant, ! beaucoup de ces jeunes cherchent à vivre dignement par le travail ,les études et ne veulent pas être cataloguer .
    Pour infos ,je vis dans le 93, j’ai plusieurs activités dans le mouvement associatif et nous sommes très riches de nos diversités.