L’extrême droite devance les partis républicains dans les sondages

Attaques racistes contre Christiane Taubira : l’UMP joue avec le feu

13 mars 2015, par Manuel Marchal

En attaquant Christiane Taubira, l’UMP joue avec le feu dans un contexte où l’extrême droite devance les partis républicains dans les sondages. L’UMP renforce aussi les soupçons qui pèsent sur les raisons de la guerre déclenchée pour faire tomber Kadhafi.

« Christiane Taubira concentre les attaques, car elle est femme, noire, guyanaise et qu’elle fait face avec courage et conviction », écrivent les quatre parlementaires.

L’étau se resserre autour des acteurs de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. Il existe des soupçons sur son financement par le régime de Mouamar Kadhafi. Ce dernier était d’ailleurs un grand ami de Sarkozy. Il faut se rappeler de l’accord entre ces deux chefs d’État pour arriver à la libération des infirmières bulgares et du médecin palestiniens détenus depuis des années en Libye. Leur cause était devenue internationale, et c’est Sarkozy qui avait pu exploiter à fond l’affaire, avec le retour des anciens prisonniers accompagnés depuis Tripoli par l’épouse du président de la République. Puis Sarkozy était allé rendre visite à Kadhafi en juillet 2007.

C’est toujours lors du mandat de Sarkozy que Kadhafi est venu planter sa tente dans le jardin de l’Hôtel de Marigny, une résidence officielle de l’État à quelques encablures de l’Élysée. Le chef d’État libyen avait d’ailleurs été accueilli par l’ex-président français sur les marches de l’Élysée. C’était en décembre 2007.

Moins de quatre ans plus tard, Sarkozy prenait la tête de l’offensive contre Kadhafi. Tout était parti du Printemps arabe. Les présidents de Tunisie et d’Égypte avait été chassé du pouvoir à la suite de manifestations. Ces deux pays constituent la frontière Ouest et Est de la Libye, brutalement fragilisée. Une guerre civile a été lancée par des opposants à Kadhafi dans l’Est du pays, avec Benghazi comme capitale. L’armée libyenne s’apprêtait à donner le coup fatal aux insurgés quand l’OTAN a obtenu du Conseil de sécurité la création d’une zone d’exclusion aérienne dans la région. Il s’agissait d’empêcher l’aviation libyenne de bombarder. Mais sous l’impulsion de Sarkozy, le mandat donné par le Conseil de Sécurité a largement été dépassé. L’armée française ne s’est pas contentée de protéger les civils des bombardements. Le renfort de l’OTAN a abouti à la défaite militaire de l’armée libyenne et à l’effondrement du pays. Kadhafi a été capturé et aussitôt exécuté. Auparavant, des dirigeants libyens affirmaient détenir des preuves de la participation de la Libye au financement de la campagne de Sarkozy. Ces déclarations avaient été faites dans un climat de guerre, et leurs auteurs étaient dans le camp des perdants. Aussi elles n’ont pas ébranlé l’opinion en France.

Mais aujourd’hui, ces accusations reviennent sur le devant de la scène. La justice mène l’enquête sur le financement de la campagne 2007 de Sarkozy. Ce dernier est redevenu depuis peu président de l’UMP. Et maintenant, l’UMP s’en prend directement à la ministre de la Justice. Christine Taubira est la cible d’attaques venant de l’UMP. La dernière en date lui ordonne de rentrer au bagne de Guyane. Les 4 parlementaires de Guyane, de toutes tendances politiques confondues, sont montés au créneau pour dénoncer cette attaque raciste. Cette campagne a lieu au moment où l’extrême droite retrouve un niveau d’influence très inquiétant, avec des sondages qui la placent toujours devant les partis républicains en France. En attaquant Christiane Taubira, l’UMP joue avec le feu. L’UMP renforce aussi les soupçons qui pèsent sur les raisons de la guerre déclenchée pour faire tomber Kadhafi.

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