
Mal-do-mèr dann sarèt
28 juin, parLo zour la pokor kléré, Zan-Lik, Mariz é sirtou Tikok la fine lévé, mèt azot paré. Madanm Biganbé i tir zot manzé-sofé, i donn azot, zot i manz. (…)
7 juillet 2006
Le 5 mai 2002, Jean-Marie Le Pen avait fait 24.542 voix dans l’île dont une forte proportion dans l’Est. Bien que minoritaire, le FN s’implante dans l’île. Preuve en est le déplacement de Marine Le Pen qui vient former des cadres réunionnais le 7 et 8 juillet. En réaction à l’annonce de sa venue, un collectif d’associations et de personnalités s’est mis en place et appelle à la manifestation et à la vigilance. Voici leur communiqué :
Non au Front National
Lanzistisman, Art Sénik, Rasine Kaf, Lantant Pikan, Ankraké, In dë ti kont, Association Congo Océan Indien, KRK, Nasyon Kaf, Maloya Fonker, Zangoun, Mouvman Lantant Koudmin, Maron, Compagnie Baba Shifon, MGER Espoir, Les Verts, CRAN, FSU, Ligue des Droits de l’Homme réunis mercredi soir à la salle des fêtes Lo Rwa Kaf dénoncent l’arrivée de Marine Le Pen, vice-présidente du Front National, sur le sol réunionnais le vendredi 7 juillet. Nous faisons savoir que sa venue dans notre pays est indésirable, compte tenu de tout ce que le Front National véhicule comme idéologie raciste et xénophobe.
Nous protestons également contre la formation des cadres réunionnais prévue le vendredi 7 et samedi 8 juillet à l’hôtel Créolia, l’endoctrinement voulu par le Front National et suivi par certains Réunionnais représente un danger pour la cohésion sociale dans l’île.
Nous appelons l’ensemble de la population à venir manifester contre la présence de Marine Le Pen à La Réunion vendredi matin à l’aéroport Roland Garros à 8h30 et samedi matin devant l’hôtel Créolia.
Nous devons tous rester vigilants aujourd’hui et dans l’avenir pour que notre île demeure cette Réunion où la diversité n’est pas un vain mot.
Eddy Babet, artiste engagé sur scène réunionnaise et mauricienne, au premier rang de la protestation contre la venue de Le Pen en 2001 à La Réunion, nous a livré ses réactions à l’annonce de l’arrivée de la Vice-Présidente du Front National :
"Cette visite est une insulte à La Réunion et à la réunionnité. Marine Le Pen a la prétention de venir former des cadres racistes et intolérants alors qu’à La Réunion, nous avons cent ans d’avance. C’est à La Réunion de former Marine Le Pen au respect et à la tolérance. La Réunion est une terre noire, africaine, que nos ancêtres ont lavée de leur sang. Depuis des décennies, on a appris à vivre dans le respect des autres, sans haine ni révisionnisme."
Il poursuit "le discours est “soft” mais le fond reste le même... Le FN est pour une France de souche, contre les immigrés et les étrangers en général. Il est inacceptable que Marine Le Pen vienne salir la mémoire de nos ancêtres."
Toujours sur le même principe de vigilance évoqué plus haut, Eddy Babet déclare "Sarkozy et Le Pen, c’est bonnet blanc et blanc bonnet. Je trouve dommage que des réunionnais accueillent Sarkozy dans la liesse et que des élus réunionnais s’affichent sarkozystes. Il faut que La Réunion reste absolument mobilisée."
(Propos d’Eddy Babet recueillis par Nazir Houssen)
Y. A.
Manifestations
Appel à tous les Réunionnais démocrates et républicains
Aujourd’hui vendredi 7 juillet à 8h40 à l’aéroport de Gillot pour l’arrivée de Marine Le Pen.
Demain Samedi 8 juillet devant l’hôtel Créolia à Saint-Denis à 9H30 pour protester contre les idées du Front National à l’occasion d’une rencontre de ses militants avec leur vice-présidente.
Victimes des Le Pen
Ils s’appelaient Max ou Mouloud
Robert, Marcel, Ali, Salah,
Et croyaient au ciel
Ou bien n’y croyaient pas.
Ils étaient combattants
Luttant contre l’ignorance
Donnant aux plus déshérités
Un petit morceau d’espérance.
Mais la bêtise, la lâcheté
L’obscurantisme totalitaire
Eurent raison de leur foi
Ce 15 Mars 1962
Alignés
Exécutés par l’OAS
Ils tombèrent
Quittant ce monde en construction
Ce monde où deux communautés
Au-delà de la guerre et des balles
Rêvaient encore de fraternité.
Anne Savigneux-Lointier
Mouloud Feraoun (1), Max Marchand, Robert Eymard, Ali Hammoutene, Étienne Basset, Salah Henri Ould Aoudia (2) - 3 Algériens et 3 Français - ont été lâchement assassinés à Ben Aknoun par l’OAS le 15 Mars 62, quatre jours avant la signature des accords d’Évian, par un commando delta commandé par le déserteur Roger Degueldre.
Ils travaillaient tous comme inspecteurs aux Centres sociaux éducatifs fondés par Germaine Tillion, la Résistante de Ravensbrück, l’ethnologue des Aurès, celle qui tenta d’obtenir la fin des attentats contre la fin des exécutions.
L’OAS a massacré quelque 2200 victimes, soit lors d’attentats aveugles (3), soit lors d’attentats ciblés, visant ceux qui défendaient les valeurs de la République, comme Roger Gavoury, commissaire de police, reconnu “Mort pour la France”.
Aujourd’hui, les tenants de cette Algérie-là se rassemblent autour de stèles à la gloire des 4 fusillés de l’OAS responsables de ces assassinats, et - comble - veulent ranimer la flamme de l’Arc de Triomphe le mercredi 5 Juillet.
Il n’est pas possible que l’on se taise.
Anne Savigneux-Lointier (4), militante associative
(1) Mouloud Aït Chebane Feraoun (8 mars 1913- 15 mars 1962) : “Le Fils du pauvre” 1950 Seuil, “La Terre et le Sang” 1953 Seuil, “Les Chemins qui montent” 1957Seuil, “Journal” 1962 Seuil.
(2) "Nos douleurs se sont calmées et nos blessures se sont cicatrisées pour permettre à l’espoir de renaître. Les corps des six inspecteurs ont disparu mais leur message d’amour et de tolérance est ancré dans nos coeurs et nos esprits. Les deux peuples de la Méditerranée sont condamnés à vivre ensemble dans le grand respect du prochain [...]" (Ben Aknoun 15 mars 2005) Déclaration du fils de Salah Ould Aoudia, le Dr Jean-Philippe Ould Aoudia
(3) mai 1962 à Alger, explosion d’une voiture piégée : 250 morts. Des ouvriers du port, des femmes de ménage se rendant à leur travail dans les quartiers européens.
(4) Anne Savigneux-Lointier vice-présidente de la fédération de l’Isère du MRAP, fille de résistant, petite-fille de déportée résistante. Signataire de la lettre à Jacques Chirac "Il est temps que notre pays reconnaisse officiellement qu’il a eu vis-à-vis des harkis un comportement indigne", 20 septembre 2005.
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