Journée mondiale de lutte contre le racisme

Ban Ki-moon : « Les pratiques racistes perpétuent les inégalités sociales et économiques... »

21 mars 2008

Le 21 mars, date anniversaire du massacre d’écoliers en Afrique du Sud qui manifestaient contre le régime d’Apartheid, a été proclamé par l’ONU Journée internationale de lutte contre le racisme. A l’occasion de cette Journée célébrée aujourd’hui, le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a souligné que les pratiques racistes, en plus de blesser les personnes qui en étaient victimes, portaient atteinte au développement en empêchant les individus de réaliser pleinement leur potentiel et donc, de contribuer au progrès national.
« Les pratiques racistes perpétuent les inégalités sociales et économiques profondément ancrées dans les sociétés », a-t-il déclaré dans un message transmis aujourd’hui par sa porte-parole.

Comme nous le précisions un peu plus haut, la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale est célébrée le 21 mars en souvenir de la manifestation pacifique de Sharpeville en Afrique du Sud, le 21 mars 1960, où la police avait ouvert le feu et tué 69 personnes qui protestaient contre les lois racistes en vigueur.
« Chaque année, le monde commémore ce massacre pour attirer l’attention sur le combat contre le racisme, partout et à tout moment [...]. Si on n’y prend pas garde, les pratiques racistes peuvent causer des troubles sociaux et des conflits, faisant obstacle à la stabilité et à la croissance économique », a insisté Ban Ki-moon.
Saluant des avancées significatives contre la discrimination ces dernières décennies, notamment la fin de l’Apartheid en Afrique du Sud ou l’adoption par de nombreux pays de lois sur le sujet, le Secrétaire général a néanmoins estimé que beaucoup restait à faire puisque la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination était encore loin de la ratification universelle.
« Surtout, de récents rapports font état d’une augmentation inquiétante des incidents de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et d’intolérance dans de nombreuses parties du monde », a-t-il rappelé.
« Les Nations Unies ont un rôle majeur à jouer dans la lutte contre la discrimination raciale, mais c’est aussi à chacun d’entre nous de faire front : nous devons rejeter les actes de discrimination ou d’intolérance dans notre vie quotidienne et les dénoncer avec force dans la sphère publique », a estimé Ban Ki-moon, soulignant que ces efforts s’inscrivent pleinement dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) pour 2015.
Insistant elle aussi sur les liens entre racisme et développement, Louise Arbour, Haut Commissaire des droits de l’Homme, a affirmé depuis Genève qu’« une société qui tolère la discrimination porte atteinte à son propre développement en entravant la contribution de pans entiers de sa population, et sème potentiellement les germes de conflits violents en son sein ».
Dans son message, Louise Arbour ajoute que « les engagements formels ne sont pas suffisants ».
Cette Journée est par conséquent « l’occasion de mobiliser l’opinion publique et de rappeler aux gouvernements leur devoir de combattre la discrimination raciale sous toutes ses formes et ainsi assurer le plein développement de tous les membres de nos communautés et des générations futures ».

La Semaine nationale d’éducation contre le racisme

La Semaine nationale d’éducation contre le racisme se déroulera cette année du 21 au 27 mars. Elle est l’occasion de témoigner du travail des associations anti-racistes ou d’éducation populaire qui se mobilisent au quotidien pour éduquer contre des attitudes et des pratiques qui tendent à se banaliser, même si la loi a évolué sur ce terrain ces 30 dernières années. D’autres associations citoyennes accompagnent également les victimes de discriminations pour défendre leur droit à l’égalité.

Un renforcement de l’arsenal judiciaire et institutionnel

La mobilisation de ce collectif pour éduquer contre le racisme ne s’arrête pas pour autant à une semaine par an. Ces organisations travaillent au quotidien pour éduquer, sensibiliser, débattre sur le racisme, le respect de l’autre et les discriminations au quotidien. Elles font part de leur préoccupation devant le nombre élevés d’actes racistes et, fortes de leur expérience de terrain, peuvent jouer un rôle d’expertise auprès du gouvernement pour faire le point sur les mesures déjà prises et sur les nouvelles actions envisageables dans ce domaine. La France a de ce point de vue renforcé son arsenal judiciaire : la première loi Pleven contre le racisme du 1er juillet 1972 a été ensuite complétée par la loi Auroux du 4 août 1982, la loi Gayssot du 13 juillet 1990, la loi de lutte contre les discriminations du 16 novembre 2001 et la loi de modernisation sociale du 17 janvier 2002, et enfin la loi du 3 février 2003 augmentant les peines encourues. Ces lois ont permis de renforcer la répression de la discrimination raciale, tout en élargissant les possibilités d’incrimination.

Une lutte contre les discriminations complexe

Si certaines manifestations du racisme sont évidentes (intimidation, violences physiques, propos racistes), d’autres formes sont plus subtiles, comme la discrimination dans l’embauche, dans l’accès au logement ou encore à la santé, à l’éducation ou aux services. L’emploi est de ce point de vue le domaine le plus touché par les discriminations. Près de 34% des signalements émis par le biais du 114 dans les deux premières années de son fonctionnement concernent le domaine de l’emploi et de l’accès à la formation professionnelle.
Si les associations de lutte contre le racisme se mobilisent naturellement sur les questions d’égalité des droits et de lutte contre les discriminations raciales, de nombreuses associations citoyennes sont passées à l’action et aident directement les victimes du racisme à défendre leur droit en leur proposant de les assister dans leur démarche, comme l’association Droit au Logement (ou encore les associations de consommateurs). Mais les responsables associatifs reconnaissent leur difficulté à mener les actions en justice, malgré le dispositif législatif dont elles disposent.
Les associations anti-racistes notent notamment qu’elles n’ont pas les moyens d’aider les victimes à recueillir leurs preuves. De ce point de vue, c’est encore SOS-Racisme qui, en pratiquant la méthode du testing, a permis de faire reconnaître cette pratique par la justice. Ce mode de preuve qui permet d’établir l’existence d’une sélection discriminatoire a d’abord été utilisé pour dénoncer les abus commis, à l’entrée de boîtes de nuit ou de débits de boisson, à l’égard de la clientèle supposée être d’origine étrangère. Cette méthode tend aujourd’hui à devenir un mode de preuve de la discrimination dans l’accès aux biens et aux services en général (établissement de nuit, camping, commerce, logement...).
Pour autant, les actions en justice pour discrimination ne sont pas si nombreuses : seules 1.000 sont en cours à ce jour.


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