Rivière des Pluies

Cimetière d’esclaves saccagé

24 septembre 2005

Dans la nuit de mercredi à jeudi, les quelques tombes restant dans le cimetière d’esclaves de La Rivière des Pluies, entre le pied d’une falaise et le parking d’une moyenne surface, ont été saccagées par des mains anonymes. Un acte de vandalisme qui révolte et désole les membres d’associations comme “Dobout ansamn” ou “rasine Kaf”, engagées dans la réhabilitation des rares traces de l’esclavage encore visible dans l’île.
Lors d’une journée culturelle de visite sur ces lieux de mémoire, le 20 décembre 2004, une centaine de membres d’associations culturelles diverses avait fait une halte dans ce cimetière laissé à l’abandon. Il ne s’y trouvait plus que de rares tombes, dont une supposée être celle d’un enfant. Quelques tombes étaient encore plantées d’une croix ou ceintes d’une grille. Aucune plaque, pas d’identité.
À la suite de cette visite, l’association Dobout Ansamn, de Jean-Noé Janolat, avait entrepris un travail de réhabilitation : soignant les tombes, plantant quelques fleurs, redressant les croix... Tout a été saccagé. Un acte de vandalisme gratuit qui montre combien est utile le travail de mémoire sur notre histoire commune, au sein des associations mais aussi d’un projet public d’envergure comme l’est la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise.


Rasine Kaf : "C’est l’Histoire qu’on assassine"

"C’est l’Histoire qu’on assassine lorsque l’on profane les cimetières, l’on saccage les mémoriaux, l’on pille les lieux sacrés", affirme un communiqué Rasine Kaf rappelle que "le cimetière de La Rivière des Pluies a été donné à la commune de Sainte-Marie par M. de Villèle en 1877 et devait selon les vœux de ces donateurs ne servir qu’aux personnes de confession catholique, d’où l’existence du cimetière dit “cimetière païen” séparé du premier par la route Debassyns où devaient être inhumées les personnes pratiquants tous les autres cultes".
Pour Rasine Kaf, les auteurs de la profanation sont "des êtres anonymes et déracinés qui portent leur ignorance comme un étendard et qui continuent à perpétuer des actes délictueux, en se servant des morts comme cibles de leur lâcheté".
"Il faut stopper ce massacre, identifier les responsables, et réparer l’injure faite aux anciens. Nous devons assumer notre responsabilité vis-à-vis de l’Histoire", précise Ghislaine Bessière qui rappelle que "nous avons besoin d’honorer ces hommes et ces femmes qui ont choisi la montagne comme symbole de la liberté".
"Ils nous font rendre hommage à ces hommes et ces femmes, esclaves et engagés, qui ont édifié notre pays et forgé notre identité".
L’association Rasine kaf "dénonce ces acte de pillage, de déni et de vandalisme perpétués contre des lieux de mémoire et s’associe à la plainte déposée par l’association “Dobout Ansanm” contre la profanation du cimetière “païen”".
"Les associations qui font un travail de réhabilitation de l’histoire et des lieux de mémoire attendent des Réunionnais un soutien et un encouragement et non pas un sabotage de leur travail", ajoute Ghislaine Bessière. "C’est sur le chemin de l’histoire que nous pourrons ensemble construire notre avenir et pacifier notre présent", conclut Rasine Kaf.


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