Journée mondiale des Droits de l’Homme

Combattre la pauvreté est une obligation

11 décembre 2006

Le 10 décembre 1948, les 58 États Membres qui constituaient alors l’Assemblée générale ont adopté la Déclaration universelle des Droits de l’Homme à Paris au Palais de Chaillot. Pour commémorer son adoption, la journée des Droits de l’Homme est célébrée chaque année le 10 décembre. Le thème de cette année est la lutte contre la pauvreté, une obligation morale pas un acte de charité. Identifiant la pauvreté à la fois comme cause et conséquence des violations des Droits de l’Homme, cette journée a mis l’accent sur le fait que la pauvreté représente une des plus graves atteintes aux Droits de l’Homme.
Pour l’occasion, plusieurs dizaines de personnes ont fait le déplacement, hier après midi, sur le parvis du théâtre de Champ Fleuri.

A l’heure actuelle, la pauvreté reste l’un des plus graves obstacles à la réalisation des Droits de l’Homme dans le monde. Combattre la pauvreté et l’exclusion n’est pas une question de charité et ne dépend pas du niveau de richesse d’un pays.
« Si l’on envisage la lutte contre la pauvreté comme une obligation liée aux droits de l’homme, la planète aura plus de chances d’abolir ce fléau au cours des prochaines décennies... L’éradication de la pauvreté est un objectif réalisable », disait Louise Arbour, haut-commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme (voir encadré), à l’occasion de la journée internationale de lutte contre la pauvreté, le 17 octobre dernier.
C’est en ce sens que ce thème a été choisi cette année, combattre la pauvreté partout dans le monde, même si cela paraît utopique.

Qu’est-ce que la pauvreté ?

Difficile de répondre à cette question. On peut, néanmoins dire, qu’aujourd’hui, la pauvreté n’est plus qu’un manque de revenus. Cela veut également dire, impossibilité de se soigner, de s’éduquer, de se loger, de se vêtir, de se nourrir... Être pauvre, aujourd’hui, veut tout simplement dire, ne pas pouvoir faire respecter ses droits, les droits définis dans la Déclaration Universelle des droits de l’Homme. La fondation Abbé Pierre travaille depuis des années en faveur de sans abris. « 10 % de la population française est victime du mal logement. C’est inadmissible de faire un tel constat dans un des pays les plus riche de la planète », souligne M. Balet, responsable de la fondation dans l’île. Il est vrai que sans logement, il n’est pas possible d’accéder à l’emploi, vice-versa, c’est un véritable cercle vicieux.

La pauvreté est autant le produit que la cause des violations des droits de l’homme

L’absence de revenus figure dans la plupart des définitions de la pauvreté. Pourtant, la pauvreté, ce n’est pas seulement le manque de ressources économiques et matérielles, c’est aussi le mépris de la dignité humaine. En général, il leur est difficile, sinon impossible, d’entrer sur le marché du travail et ils ne disposent que d’un accès limité, voire inexistant aux services et ressources les plus élémentaires. Dans de nombreuses sociétés, les pauvres ne peuvent jouir de leurs droits à l’éducation, à la santé ou à un logement décent tout simplement parce qu’ils n’en ont pas les moyens. Et la pauvreté affecte tous les Droits de l’Homme : s’ils ont des revenus faibles, cela leur barre l’accès à l’éducation, ce qui limite leur participation à la vie publique et la capacité à peser sur les politiques qui les concernent. De nombreux articles de la déclaration universelle des Droits de l’Homme sont donc entravés.
On peut dire qu’aucun phénomène social ne bafoue les Droits de l’Homme de façon aussi complète et intégrale que la pauvreté.
« Pourtant, on pense rarement à la pauvreté en termes de droits de l’homme. Elle est souvent perçue comme une situation tragique. La réalité est bien différente. Les gouvernements et ceux qui occupent une position d’autorité peuvent et doivent s’y attaquer. Ils s’y sont engagés en signant, à une majorité écrasante, une série de traités sur les Droits de l’Homme et ont promis tous ensemble d’éradiquer la pauvreté à jamais lorsqu’ils ont adhéré à la Déclaration du Millénaire et aux Objectifs du Millénaire pour le développement, ainsi qu’au Document final du Sommet mondial de 2005. La lutte pour le respect des droits de l’homme, y compris la lutte contre la pauvreté, est un devoir, et non une simple aspiration » conclut Canda Sawmy-Pillay, président de la ligue des Droits de l’Homme à La Réunion.

Sophie Périabe


Témoignages

• Cécile, 29 ans
C’est important de lutter contre la pauvreté car, aujourd’hui beaucoup trop de personnes vivent dans des conditions misérables. Il faut soutenir les actions.

• Damien, 30 ans
C’est dommage qu’il y ait si peu de personnes. C’est une cause à défendre.


Conclusion du rapport de l’expert indépendant, Arjun Sengupta, sur la relation entre Droits de l’Homme et extrême pauvreté

Rendu le 2 mars 2006 au Conseil économique et social des Nations Unies.

On a fait valoir dans le présent rapport que la communauté internationale devait reconnaître l’élimination de l’extrême pauvreté comme une obligation relevant des Droits de l’Homme. Les différents pays concernés devront parvenir à un consensus sur la façon de définir la pauvreté. Le souci primordial est de cibler une petite frange de la population qui est à l’évidence et sans conteste la plus exposée à toutes sortes de privations. Si l’on définit la pauvreté comme une combinaison de facteurs (pauvreté monétaire, pauvreté en termes de développement humain et exclusion sociale), l’extrême pauvreté doit être considérée comme la forme la plus aiguë de ce phénomène, cumulant les trois types de pauvreté.
Toutefois, dans certains pays, en particulier ceux qui sont relativement développés et où il n’y a pas forcément de grave problème de pauvreté en termes de revenu ou de développement humain, ce sont surtout les personnes socialement exclues qui comptent parmi les plus pauvres, d’autant plus lorsqu’elles souffrent aussi, mais dans une moindre mesure, de pauvreté en termes de revenu et de développement humain. L’idée est donc d’identifier un groupe restreint de personnes extrêmement pauvres de sorte que la société ne juge pas impossible de régler leurs problèmes. Il s’agira ensuite de faire de l’élimination de l’extrême pauvreté dont souffrent ces personnes une obligation relevant des droits de l’homme. Si les pays concernés ne peuvent pas garantir la réalisation de tous les droits de l’homme, les droits dont le déni est un facteur direct d’extrême pauvreté doivent faire l’objet d’une réalisation immédiate. La communauté internationale et tous les États membres devraient donc honorer l’obligation d’éliminer l’extrême pauvreté en tant que composante élémentaire de leurs obligations relevant des droits de l’homme.

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme

Le Commissaire aux Droits de l’Homme, qui est la plus haute autorité onusienne en la matière, et son secrétariat jouent un rôle majeur dans la coordination des initiatives pour la célébration annuelle de la Journée des Droits de l’Homme. Il a pour mission la protection et la promotion universelles des droits de l’homme. Il a son siège à Genève, mais est présent dans quarante pays. Le HCDH a pour but de veiller à la mise en ouvre pratique des normes universellement reconnues des droits de l’homme, notamment en encourageant autant la ratification universelle que l’application des traités relatifs aux Droits de l’Homme et le respect de l’État de droit. Il s’emploie à supprimer les obstacles à la mise en ouvre intégrale de tous les Droits de l’Homme et à prévenir les violations des Droits de l’Homme ou leur perpétuation.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus