Le problème des réfugiés

Crise migratoire : la tension monte en Europe

26 août 2015, par @celinetabou

L’agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a estimé que l’afflux de migrants entrant en Macédoine à partir de la Grèce devrait se poursuivre au rythme de 3.000 personnes par jour dans les prochains mois. Un chiffre impressionnant qui inquiète les dirigeants européens qui ne parviennent toujours pas à s’entendre sur une « répartition équitable » de ces milliers de personnes sur leurs territoires.

Plusieurs dizaines de milliers de Syriens vivent dans ce camp de réfugiés en Jordanie. C’est aussi parmi les victimes de la guerre que se trouvent les candidats à la dangereuse traversée de la Méditerranée. (UN Photo/Mark Garten)

Le HCR a indiqué que près de 300.000 réfugiés ou demandeurs d’asile ont franchi la Méditerranée depuis le début de l’année pour se rendre en Europe, afin de fuir les conflits au Proche-Orient et en Afrique mais aussi en Asie. Seuls 181.500 personnes ont rejoint l’Union européenne en gagnant les côtes grecques et 108.500 en atteignant l’Italie, selon les chiffres du HCR.

10 000 réfugiés entrés en Macédoine et 2 000 en Hongrie

Près de 10.000 réfugiés, dont un tiers de femmes et d’enfants, sont entrés sur le territoire macédonien au cours du week-end. Les autorités ont été contraintes de ré-ouvrir leurs frontières, parce que les forces de sécurité n’ont pas pu faire face à l’afflux massif d’arrivants.

« Ils se présentent par groupes de 300 ou 400 et voyagent à bord de trains ou d’autocars à destination de la Serbie. Nous prévoyons que cet afflux sur cette voie de transit continue au rythme de 3.000 personnes par jour », a indiqué Melissa Fleming, porte-parole du Haut commissariat pour les réfugiés.

Depuis le début de l’année, 2.373 migrants ont péri en mer, soit 300 de plus que sur la même période en 2014, a précisé de son côté, Joel Millman, de l’Organisation internationale pour la migration (OIM).

La situation devient de plus en plus tendue entre les Etats membres de l’Union européenne. La Hongrie vient d’entamer la construction d’une barrière sur les 175 kilomètres de sa frontière sud avec la Serbie. Le pays reproche à ses voisins de ne pas venir l’aider. Janos Lazar, chef de cabinet du Premier ministre hongrois Viktor Orban, a estimé que l’UE « doit augmenter sa contribution financière à la Hongrie pour lui permettre de gérer ces arrivées de migrants ».

Concernant les 8 millions d’euros débloqués par la Commission européenne, Janos Lazar a estimé ce montant insuffisant, affirmant que l’EU « distribue les fonds de protection des frontières d’une manière humiliante ».
La Commission européenne a exprimé son désaccord avec la décision de la Hongrie d’ériger une barrière, mais aucune sanction n’a été prise à son encontre. Cette décision hongroise a été une des raisons pour lesquelles la Bulgarie a décidé de renforcer ses contrôles avec des troupes militaires à sa frontière avec la Macédoine. La Bulgarie a d’ailleurs envoyé des véhicules blindés aux quatre postes-frontières avec la Macédoine pour soutenir la police frontalière en cas d’afflux de migrants, a annoncé mardi 25 août, le ministère de la Défense.

Des intentions, pas d’actions

Le commissaire européen aux migrations et affaires intérieures, Dimitris Avramopoulos, a tenté, dans les colonnes du quotidien Le Monde, d’apaiser les critiques faite contre l’Union européenne à propos de sa gestion de la crise migratoire.
Pour ce dernier, « nous avons besoin de prendre des décisions et placer les Etats devant leurs responsabilités. Et, bien sûr, nous devons d’abord arrêter avec ce jeu stupide consistant à rejeter la faute sur les autres. Tout cela n’est pas une question de morale, mais une question d’engagement légal que la Commission est engagée à faire aboutir ».

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a lui appelé les gouvernements à éviter « les reproches » et les querelles, pour mettre en place des mesures durables. Cependant, les actions sont mal engagées. Le plan en 10 actions n’a pas eu d’effets, et les Etats ont rejeté l’instauration d’un mécanisme obligatoire de répartition des migrants pour soulager les premiers pays d’accueil comme la Grèce et l’Italie. Ces derniers ont préféré un mécanisme de volontariat, qui a atteint ses limites, faute de place suffisante.

Plusieurs voix se sont élevées contre les Européens accusés de passivité et de céder aux pressions populistes. En avril déjà, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon avait appelé l’Union européenne à soutenir davantage les efforts des pays riverains pour prendre en charge les migrants qui risquent leur vie en Méditerranée.
Ce dernier n’avait d’ailleurs pas eu de mots tendres : « la Méditerranée se transforme rapidement en une mer de souffrances pour des milliers de migrants ». De son côté, le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Zeid Ra’ad al-Hussein, avait dénoncé une Europe qui « tourne le dos à certains des migrants les plus vulnérables dans le monde, et risque de transformer la Méditerranée en un vaste cimetière ».
Il avait exhorté les gouvernements des pays de l’UE à adopter « une approche plus courageuse et moins cynique », les accusant de céder aux mouvements populistes xénophobes. Pour ce dernier, les milliers de morts sont le résultat d’un échec de la gouvernance et d’"un manque immense de compassion ».

A la Une de l’actuLibyeSyrieRéfugiés

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus