Droits humains
« Débat » sur racisme et violences dans la police française : un débat escamoté
/ 12 juin 2020
Depuis plusieurs jours, le couvercle de la marmite n’a pas pu résister : la mort tragique de George Floyd, assassiné par un policier blanc aux États-Unis - j’utilise à dessein le mot ’ assassiné ’, parce que le policier savait pertinemment ce qu’il faisait - a permis l’explosion d’une énorme protestation à l’échelle mondiale contre les méthodes d’une police historiquement et structurellement raciste. Ce que certains n’avaient peut-être pas prévu, c’est que sur cette vague viendrait se greffer, assez logiquement, il faudrait être véritablement très naïf pour s’en étonner, une égale protestation contre les pratiques trop fréquentes et répandues d’une partie de la police française.
Depuis plusieurs jours, le couvercle de la marmite n’a pas pu résister : la mort tragique de George Floyd, assassiné par un policier blanc aux États-Unis - j’utilise à dessein le mot ’ assassiné ’, parce que le policier savait pertinemment ce qu’il faisait - a permis l’explosion d’une énorme protestation à l’échelle mondiale contre les méthodes d’une police historiquement et structurellement raciste. Ce que certains n’avaient peut-être pas prévu, c’est que sur cette vague viendrait se greffer, assez logiquement, il faudrait être véritablement très naïf pour s’en étonner, une égale protestation contre les pratiques trop fréquentes et répandues d’une partie de la police française.
Mettons tout de suite les choses au point : je me garderai bien d’une approche systématique de mise en cause de la totalité de la police et de la gendarmerie (par conviction et par sens d’une analyse nuancée, acquis au cours de mes études ; ayant en outre, dans l’une comme dans l’autre, nombre de mes anciens élèves pour qui l’estime reste réciproque). Mais, soyons sérieux, le déni est la pire des attitudes : les représentants syndicaux, hormis ceux d’organisations notoirement d’extrême droite, se grandiraient en reconnaissant des pratiques et des comportements connus de tous, sans les limiter à des cas individuels regrettables.
Les faits sont là depuis plusieurs années, trop de cas d’interpellations se sont traduits par des décès et la liste en est édifiante : pour la majeure partie, les patronymes sont d’origine africaine ou arabe. Qui oserait plaider une triste fatalité ? On me rétorquera que l’exercice de la profession n’est pas simple, et pas seulement dans les banlieues ; c’est vrai, parce que je ne fais pas dans l’angélisme, qu’il y a d’authentiques voyous, mais cela suffit-il pour vous envoyer à la morgue ? En outre, l’action de la police peut-elle s’exonérer d’une réflexion sur l’état de la société (française et réunionnaise) qui peut expliquer bien des comportements, surtout quand l’exemple de la malhonnêteté, des trafics, des petits arrangements avec la loi vient de haut ? N’est-ce-pas, M. Balkany ? Qui lui, n’a pas été l’objet d’ une interpellation " musclée "…
En outre, ce n’est pas un mystère que la conception du maintien de l’ordre face aux manifestations a profondément changé : pourquoi des défilés, comme ceux du 1er Mai qui, pendant des décennies n’ont jamais donné lieu au moindre désordre se terminent-ils aujourd’ hui par des affrontements systématiques ? La bonne vieille pratique du provocateur y est sans doute pour quelque chose mais la militarisation des techniques de la police est indiscutable : la répression du mouvement des Gilets Jaunes, caractérisée par l’expression d’une haine sociale à leur égard par le gouvernement Macron (on se demande si, en la circonstance, il se réclamait du philosophe Paul Ricœur !!) en est la pire illustration.
D’autres techniques, que les policiers connaissent bien, comme celle du nassage, ont été ouvertement mises en cause et jamais démenties, pour entraîner des incidents et affrontements en fin de manifestation. De nombreux médecins ne se sont pas cachés pour dire qu’à la faveur de la répression des Gilets Jaunes, ils avaient dû soigner des manifestants victimes de BLESSURES DE GUERRE. Est-ce normal, lorsque l’on participe à un mouvement de revendication sociale ?
S’agissant de violences, il y aurait encore beaucoup à dire, car elles ne sont pas que physiques ; il est des répliques que l’on n’oublie pas et j’aurais personnellement beaucoup à dire à ce sujet. Pour l’heure et pour conclure je m’en tiendrais à rappeler ce que j’ai passé 37 années de ma vie à enseigner comme par exemple l’article 9 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789 : « Tout homme étant présumé innocent jusqu’à ce qu’il ait été déclaré coupable, s’il est jugé indispensable de l’arrêter, toute rigueur qui ne serait pas nécessaire pour s’assurer de sa personne doit être sévèrement réprimée par la loi. » A méditer et peut-être aussi par certains magistrats !!!
Jean-Paul Ciret