Développement de la coopération entre la France, La Réunion, Mayotte et les Comores

Des efforts brisés

27 septembre 2005

Freiner sinon arrêter les flux migratoires en provenance des Comores vers Mayotte et La Réunion appelle un premier préalable : aider les pays de l’archipel à se développer. Cela veut dire investir sur place, les aider à former des cadres, monter des opérations de co-développement, etc.
Or, pendant longtemps les Comores ont connu une grande instabilité politique : pendant 25 ans on y a recensé 20 coups d’État dont certains manigancés par la France ou ses services secrets. Les tentatives à partir d’août 1997, d’Anjouan et de Mohéli de faire sécession seront soutenues par des hommes politiques français et réunionnais et viendront compliquer la situation.
Il s’en suivit un véritable ballet diplomatique pour tenter de sortir l’archipel de l’impasse.
En avril 1999, sous l’initiative de l’OUA, des négociations se déroulent à Antananarivo. Un projet d’accord est présenté. Il ne rencontre pas l’assentiment de la délégation anjouanaise qui ne le signe pas accords d’Antananarivo sous l’initiative de l’OUA, la délégation anjouanaise ne le signe pas et cherche d’abord à consulter la population de l’île.
La situation se trouvera débloquée par l’Accord de Fomboni de février 2001. Il prévoit la transformation de la République des Comores en une Union des Comores, une fédération qui accorde aux trois îles une grande autonomie. Ces accords sont entérinés par le référendum du 21 décembre 2001. Il s’en suivit toute une série d’élections : celles du président de l’Union des Comores puis de chaque île ensuite. Bien que les nouvelles institutions comoriennes restent contestées par une partie des politiques locaux, depuis l’Accord de Fomboni on assiste à un début de stabilité dans l’archipel.

Rôle décisif de la Région Réunion

Dans les évolutions récentes, le rôle de la Région Réunion a été décisif. Paul Vergès s’est déplacé à Moroni puis dans les autres îles afin d’aider à la recherche d’un compromis. Son concours pour tenter de dénouer la crise a été reconnu et salué. Rappelons que l’Accord de Fomboni a été précédé par une réunion à Saint-Denis qui s’est avérée décisive, entre tous les protagonistes comoriens et le Président du Conseil régional. Cela a aidé à renouer les contacts et à établir un climat de confiance pour une tentative de réconciliation.
Or, il avait été préconisé une reprise et un développement de serpentions sociales, économiques, culturelles et politiques entre les îles de l’Union comorienne et Mayotte. Des voies pour un possible co-développement avaient été tracées.

Des possibilités ouvertes

De même des possibilités de coopération avec la France ont été ouvertes. Au début de cette année, le président comorien, Assoumani Azali, effectua une visite officielle en France au cours de laquelle il était reçu au palais de l’Élysée par son homologue français, Jacques Chirac.
Les 4 et 5 avril derniers, une réunion de la Commission mixte franco-comorienne se réunissait à Moroni avec des élus réunionnais, comoriens et mahorais pour poursuivre et renforcer la coopération bilatérale entre nos pays. Paul Vergès qui dirigeait la délégation française avait renouvelé des propositions de co-développement dont celle des liaisons aériennes et du désenclavement avec la création d’un axe Réunion/Moroni/Mayotte/Métropole. La perspective d’utiliser Longoni comme port d’éclatement pour l’archipel était évoqué. Pour sa part la Région proposait de concentrer ses interventions dans quelques secteurs prioritaires que sont le développement rural, l’insertion professionnelle des jeunes et les actions de solidarité, l’éducation, la formation, la francophonie, la culture, la pêche et les partenariats triangulaires entre la Région Réunion, la Région PACA et les Comores.

De véritables apprentis sorciers

La campagne menée actuellement stigmatisant Comoriens et Mahorais sous couvert de freiner l’immigration clandestine à Mayotte et à La Réunion vise à briser tous ces efforts.
Par ailleurs, le remplacement à la tête d’Anjouan du colonel Abed - qui militait pour faire de l’île un département français - par le président Mohamed Bacar a permis un rapprochement avec la majorité du Conseil général de Mayotte. Ces nouvelles et étroites relations risquent d’être remises en cause.
Des responsables politiques réunionnais avaient soutenu en 1997, le mot d’ordre d’Anjouan département français. En refermant brutalement et dans des termes peu honorables l’entrée de Mayotte aux Anjouanais, on court le risque de faire renaître à Anjouan la revendication sécessionniste. Que se passera-t-il alors ?
Par leurs déclarations intempestives et irresponsables, Jean-Paul Virapoullé et Ibrahim Dindar sont de véritables apprentis sorciers qui libèrent de nombreuses forces et des dynamiques qu’ils sont incapables de contrôler et dont ils n’imaginent pas les évolutions à venir.

J.M.


“Mayotte, l’avenir de La Réunion”

Le centre Saint-Ignace qui regroupe des catholiques de Saint-Denis avait-il pressenti que le débat ouvert à propos d’une réforme du droit du sol allait entraîner des dérives ? Avait-il senti que l’on finirait par poser de manière implicite la question des relations entre La Réunion et Mayotte ?
Toujours est-il que dans le cadre des forums qu’il organise chaque mois, après celui qu’il consacrera le 4 octobre au “logement, état d’urgence”, il a programmé pour mardi 8 novembre de débattre sur le thème : “Mayotte, l’avenir de La Réunion”.
Un libellé de sujet qui, en lui-même, est plein de promesses de débats.
Le Centre pose en effet la problématique suivante : “l’évolution statutaire de Mayotte et département français n’est pas à lire comme la duplication de l’histoire du territoire réunionnais. Le processus en cours va profondément modifier les flux migratoires régionaux et redéfinir les relations entre nos îles. Quel regard leur population, et en particulier les Réunionnais, portent-ils sur ces changements ?”.
Un débat qui aura lieu de 18H 30 à 20H et qui se tiendra 31, rue Saint-Anne et qui arrive à son heure pour mettre les points sur les i.
(Centre Saint-Ignace -31, rue Saint-Annne, Saint-Denis. tél. 0262 90 28 39. Mail : [email protected])


Ils ne seraient que 600

Les clandestins comoriens à La Réunion ne seraient que 600. C’est cette poignée d’hommes et de femmes qui, selon Virapoullé et Dindar, troublerait la paix sociale à La Réunion en pesant sur le marché du travail et du logement. Ces deux élus se moquent de l’opinion publique.

Jacques Tillier du “JIR” dans son éditorial de samedi donne l’information : le nombre de clandestins comoriens à La Réunion serait de 600... "un peu plus de 600", écrit-il. Chiffre difficilement vérifiable tant il est vrai que, par définition, on ne peut recenser des “clandestins” dont la raison d’être est justement de ne pas se faire connaître. Admettre qu’il y en ait plus reviendrait aussi à mettre en cause les services de la police aux frontières et s’interroger sur leur efficacité.
Si les supposés clandestins sont effectivement un peu plus de 600, cela voudrait dire qu’une poignée d’hommes et de femmes, moins d’un millier en tout, menacerait la paix sociale à La Réunion où ils seraient là pour prendre le travail, les logements sociaux des Réunionnais et, pourquoi pas, leurs femmes aussi, du moment qu’on y est.
Ils seraient donc un peu plus de 600 et bouleverseraient toutes les statistiques. Or, le nombre de demandeurs d’emplois inscrits officiellement à l’ANPE tourne autour de 80.000 tous les ans, tandis que les demandes de logements non satisfaites s’élèvent à 25.000.
Qu’on nous explique donc comment un peu plus de 600 supposés clandestins sont en train de transformer la vie de milliers de réunionnais en un véritable cauchemar au point qu’on souhaite humaniser leur entrée sur le sol réunionnais, voire les tester par prélèvement d’ADN.
Si cette poignée d’hommes et de femmes n’est pas véritablement en mesure de troubler la paix sociale à La Réunion, qui Virapoullé et Dindar visent-ils implicitement quand, profitant de la proposition Baroin, ils s’alarment, alertent l’opinion et réclament la mise en œuvre de mesures plus dissuasives ? En réalité, n’est-ce pas la communauté mahoraise qu’ils ciblent sans le dire ?
Qu’ils aient donc le courage de le préciser et d’assumer la responsabilité ainsi que les conséquences de leurs propos. Toutes les conséquences.
Si c’est l’immigration de citoyens français qui, selon eux, poseraient problème, alors ils ne doivent pas limiter le débat à seulement ceux qui viennent de Mayotte. Ils doivent, dans leur propre logique, se demander si les autres, tous les autres, d’où qu’ils viennent ne nous posent pas autant de problèmes dans les domaines de l’emploi et du logement. C’est bien lorsqu’ils font la distinction entre les citoyens français venant de Mayotte des autres, c’est lorsque qu’on propose un régime particulier pour l’immigration des premiers, qu’on se retrouve en plein délire raciste.

J.M.


Contre le racisme, manifestation aujourd’hui

Multiplication des expulsions, remise en cause du droit du sol dans les collectivités de l’Outre-mer, et les propos du président de l’Union centriste libérale, Ibrahim Dindar : telle est l’origine de la manifestation prévue ce matin à 9 heures au Jardin de l’État.


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