Drames dans l’océan Indien

Des migrants refoulés de Thaïlande et d’Indonésie

16 mai 2015

La question des migrants s’internationalise, après l’Europe confrontée à ses milliers de personnes venues chercher une meilleure vie, ce sont plus de 7000 migrants qui sont arrivés sur les côtes thaïlandaises.

Photo Mapim

En perdition sur des bateaux dans les mers d’Asie du Sud-Est, des centaines sont refoulés depuis plusieurs jours par les différents pays de la région. Selon certains médias, les passagers des navires pourraient être des Rohingyas, minorité ethnique originaire de Birmanie et du Bangladesh, dont beaucoup sont apatrides.

Un désastre humain en Asie

Le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme s’est déclaré vendredi 15 mai « consterné » par l’attitude de trois pays du sud-est asiatique qui refoulent des migrants affamés. Jeudi 14 mai, un navire en perdition au large des côtes du sud de la Thaïlande s’approche du rivage, avec à son bord 300 personnes affamées. Dans le navire, une dizaine de personnes ont trouvé la mort en cours de route, et leurs cadavres ont été jetés dans l’océan Indien.

Le bateau dérive depuis deux mois depuis le golfe du Bengale, sur le fanion, un drapeau flotte avec une phrase d’appel de détresse : « Nous sommes des Rohingya de Birmanie ». Cette minorité ethnique birmane est considérée par les Nations unies comme l’une des plus persécutées de la planète, ce qui n’est pas près de s’arrêter. Après avoir reçu des vivres et vu leur moteur réparé par la marine thaïlandaise, elle les aurait forcés à poursuivre leur dérive vers l’Indonésie.

Trois jours plus tôt, 1 400 clandestins ont été découverts dans cinq bateaux au large des côtes des deux pays. Cers découvertes mettent en exergue une volonté aussi farouche que les migrants de la Méditerranée, à vouloir fuir la misère de leur pays.
Cependant, les autorités thaïlandaises empêchent les migrants d’aborder sur ses côtes sous prétexte qu’il s’agit d’immigration illégale. La Malaisie et l’Indonésie viennent d’annoncer qu’elles repousseront leurs bateaux endommagés. Les migrants sont en très majorité des Birmans musulmans rohingya, une population de plus d’un million de personnes. Une loi du Myanmar leur interdit toute citoyenneté.

Sommet extraordinaire

Accusé depuis des années de cacher le trafic d’être humain sur son territoire, la Thaïlande a décidé de convoquer ce 29 mai, un « sommet d’urgence » avec une quinzaine de pays concernés, et principalement la Malaisie, l’Indonésie, la Birmanie et le Bangladesh, mais aussi les Etats-Unis et l’Australie.

La Birmanie a d’ores et déjà annoncé qu’elle pourrait boycotter la réunion : « Il est peu probable que nous participions. Nous n’accepterons pas s’ils [les Thaïlandais] nous invitent uniquement pour alléger la pression à laquelle ils sont confrontés », a indiqué Zaw Htay, directeur de cabinet du président birman, Thein Sein.

Arrivé au pouvoir, le premier ministre thaïlandais, Prayuth Chan-ocha, et chef de la junte militaire a promis de s’atteler au phénomène croissant du trafic humain dans son pays. D’autant plus qu’une cinquante de policiers thaïlandais ont été récemment sanctionnés pour avoir collaboré avec les trafiquants, mais les sanctions sont restées administratives.

Toutefois, Bangkok a proposé de construire des refuges pour ceux qui sont déjà arrivés, mais la proposition est rejetée en bloc par les populations locales, qui ne veulent pas cohabiter avec ces nouveaux arrivants.

« Cesser de jouer au ping-pong humain »

Pour le responsable pour la Thaïlande de Human Rights Watch, Sunai Phasuk, l’annonce de ce sommet est une satisfaction, car « pour la première fois, le gouvernement thaïlandais entend ne plus rien négliger » dans la lutte contre le trafic humain. « Des enquêtes sont en cours qui mettent en cause des politiciens locaux et des policiers. Mais qu’en est-il des militaires ? », s’est-il cependant interrogé.

De son côté, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon a demandé aux gouvernements d’Asie du sud-est de « garder leurs frontières et les ports ouverts pour aider les personnes vulnérables ». Ce dernier a rappelé aux gouvernements « l’obligation de sauvetage en mer et l’interdiction du refoulement ».

Zeid Ra’ad Al Hussein, Haut-Commissariat des Nations unies pour les droits de l’homme, s’est dit « consterné » par cette politique qui consiste à repousser les bateaux car elle « conduira forcément à de nombreux décès susceptibles d’être évités ». Pour sa part, Phil Robertson, directeur adjoint en Asie de Human Rights Watch, a prévenu que « le monde jugerait ces gouvernements sur la façon dont ils traitent les hommes, femmes et enfants les plus vulnérables ». Ce dernier a appelé à « cesser de jouer au ping-pong humain ».

Sai Lin

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