Qui s’en souvient ?

Deux poids, deux mesures

24 décembre 2004

La fausse agression antisémite de juillet dernier a fait beaucoup plus de bruit que la véritable agression contre Ouarda.

(Page 16)

Le port du foulard islamique serait-il une circonstance atténuante pour les agresseurs ? L’affaire évoquée ci-dessus par notre confrère alsacien a fait l’objet de reportages factuels. Puis, plus rien. L’absence de démenti tend à prouver que cette agression était bien réelle ; l’absence d’information laisse penser que les auteurs courent toujours.
Curieux vide médiatique, alors qu’en juillet dernier, l’annonce d’une agression prétendument antisémite dans le RER parisien avait suscité une vague d’indignation. Le chef de l’État lui-même avait exprimé son “effroi” sur cet épisode survenu le lendemain de l’appel lancé contre tous les racismes par Jacques Chirac au Chambon-sur-Lignon, en Haute-Loire. Puis il a fallu se rendre à l’évidence : l’agression antisémite du RER D n’avait jamais existé.
Dans son allocution du 14 juillet, actualité oblige, le chef de l’État est revenu dessus. Accusé, notamment par l’opposition, d’avoir réagi publiquement trop rapidement, il a condamné "une affaire regrettable", sans regretter de l’avoir condamnée.
Et d’ajouter : "Il peut y avoir des situations de manipulations, ce sont des séquelles de ce mauvais climat qu’on laisse se développer", a-t-il dit, évoquant la montée des manifestations d’ordre raciste qu’il a jugées "inacceptables". Mais "quand il y a manipulation, il faut tout simplement que le manipulateur soit sanctionné".

Excitant naturel et légitime de la violence

On sait maintenant que la jeune femme de 23 ans n’était qu’une mythomane. Elle a été jugée le 26 juillet dernier. L’examen psychiatrique souligne que Marie a juste "besoin que l’on s’intéresse à elle, d’être valorisée".
Un besoin parfaitement naturel, qui nous renvoie au besoin de justice dans notre République. Ouarda la Mulhousienne, qui a choisi de porter le foulard islamique, mérite autant d’attention de la part des chantres de l’antiracisme que Marie. Son foulard n’a jamais servi à agresser qui que ce soit, ni à l’empêcher de jouir de ses droits de citoyenne française (elle continue à sortir seule de chez elle, non ?). Pourquoi n’avoir pas dénoncé l’agression - bien réelle, celle-là -, dont vient d’être victime une Française musulmane ?
Manifestement, beaucoup de ténors français considèrent qu’un hijab, petit carré de tissu noué sous le menton, est un excitant naturel et légitime de la violence. Tout comme avant 1981, certains considéraient qu’une femme en minijupe ne devait pas se plaindre d’avoir été violée : “elle l’a bien cherché”.


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