Journée internationale pour l’abolition de l’esclavage

Devoir ou corvée de mémoire ?

3 décembre 2007

Rien n’est plus inhumain que l’oubli.
Rien n’est plus contraire à notre identité réunionnaise que l’enfouissement dans les mémoires du souvenir de l’esclavagisme.

Rien n’est moins pédagogique non plus que le froncement de sourcils - étonnement/réprobation - ou le haussement d’épaules - exaspération - d’une personne de plus de 60 ans lorsqu’il lui apparaît "in-con-ce-va-ble" qu’un plus jeune ne sache rien du cheminement de l’Histoire qui a conduit à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.
Si nous ne voulons pas que les plus jeunes commettent l’erreur de croire que le Monde commence avec eux, encore faudrait-il ne pas tenir pour spontanément acquises par eux les conquêtes de leurs aînés et la passionnante Histoire de ces conquêtes.
Voilà pourquoi, plutôt que de se contenter de dire, au détour d’une phrase : "article 4 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme", nous préférons en publier le texte.
Le devoir de mémoire se pratique quotidiennement, patiemment en laissant le temps pour que chacun s’approprie la marche historique d’un événement. La commémoration de titres génériques : "Déclaration Universelle des Droits de l’Homme" ou autre suscite, chez les plus jeunes, l’ennui ressenti face à l’exécution de la corvée.
L’accomplissement du Devoir suppose qu’on en perçoive toute la symbolique et le caractère essentiel à la vie en société. S’il n’est que contrainte, toutes les commémorations, même les plus abouties ne serviront à rien.
Alors, ni froncements de sourcils, ni haussements d’épaules, mais plutôt, comme certains d’entre eux le font déjà : que les témoins, que les acteurs de ces étapes décisives s’adressent aux plus jeunes, dans les écoles, dans les collèges, centres d’apprentissage et de formation, lycées, facultés, IUFM, etc., qu’ils échangent, répondent aux questions, provoquent le débat. Éclairant ainsi les nouvelles générations, ils leur rendront sans doute plus intelligible un monde si complexe qu’il apparaît à beaucoup comme une machine folle et sans règles... hormis celles, rasantes, évoquées à dates fixes des corvées de mémoire.

Jean Saint-Marc


Déclaration universelle des Droits de l’Homme

Article 4 : « nul ne sera tenu en esclavage ou en servitude »

Alors qu’a été célébrée dimanche la Journée internationale pour l’abolition de l’esclavage, le Secrétaire général de l’ONU* a appelé à donner un sens à la Déclaration universelle des droits de l’homme, en nous élevant contre des crimes qui auraient dus être relégués « aux oubliettes de l’histoire ».

« Le fait que ces atrocités puissent se produire à notre époque devrait nous emplir tous de honte. Le fait qu’elles soient très souvent avalisées, soutenues ou ignorées par ceux qui ont le pouvoir et le devoir d’y mettre un terme devrait susciter en nous une profonde indignation », a déclaré Ban Ki-moon dans un message transmis à l’occasion de la Journée internationale pour l’abolition de l’esclavage, le 2 décembre prochain.
Le Secrétaire général déplore que ces crimes, qui appartiennent aux « plus graves commis par l’humanité », soient encore une réalité. « De nos jours, des millions d’êtres humains continuent de vivre en esclaves, victimes de pratiques abominables comme la traite des êtres humains, le travail forcé et l’exploitation sexuelle », rappelle Ban Ki-moon, et « d’innombrables enfants sont enrôlés de force dans les armées, contraints de travailler dans des ateliers-bagnes ou vendus par des familles désespérées. Des femmes sont brutalisées et échangées comme des marchandises. Des familles et des villages entiers travaillent dans des conditions de servitude pour dettes », dénonce-t-il.

Le Secrétaire Général appelle chacun de nous à agir, en rappelant que « l’esclavage est un problème pour toutes les régions et pour tous les gouvernements ». Il doit être combattu à l’échelle tant nationale que régionale et internationale.

Il faut oeuvrer de concert, dit-il, pour réaliser les droits égaux pour tous que promet la Charte des Nations Unies et donner un sens aux dispositions de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme qui stipulent que « nul ne sera tenu en esclavage, ni en servitude ».

« Le crime d’esclavage se nourrit de la pauvreté endémique, de l’exclusion sociale et de la discrimination rampante, les esclavagistes trouvent leurs victimes chez les plus faibles et les plus démunis », rappelle-t-il.

Alors que cette année, le Conseil des droits de l’Homme a créé un nouveau mandat au titre des procédures spéciales et nommé un Rapporteur spécial sur les formes contemporaines d’esclavage, le Secrétaire général réaffirme que l’ONU est foncièrement résolue à combattre ce crime avec ses partenaires.


Donnons un sens à la déclaration universelle des Droits de l’Homme qui dit : « nul ne sera tenu en esclavage ou en servitude », déclare Ban Ki-Moon

On trouvera ci-après, le texte du message du Secrétaire Général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, à l’occasion de la Journée internationale pour l’abolition de l’esclavage, célébrée le 2 décembre.

« Aujourd’hui, la Journée internationale pour l’abolition de l’esclavage ne devrait commémorer qu’un vestige du passé, un chapitre dans l’histoire des crimes les plus graves commis par l’humanité. Malheureusement, la réalité est tout autre.

En effet, de nos jours, des millions d’êtres humains continuent de vivre en esclaves, victimes de pratiques abominables comme la traite des êtres humains, le travail forcé et l’exploitation sexuelle. D’innombrables enfants sont enrôlés de force dans les armées, contraints de travailler dans des ateliers-bagnes ou vendus par des familles désespérées. Des femmes sont brutalisées et échangées comme des marchandises. Des familles et des villages entiers travaillent dans des conditions de servitude pour dettes.

Le fait que ces atrocités puissent se produire à notre époque devrait nous emplir tous de honte. Le fait qu’elles soient très souvent avalisées, soutenues ou ignorées par ceux qui ont le pouvoir et le devoir d’y mettre un terme devrait susciter en nous une profonde indignation. Il faut donc, avant toute autre chose, que le sort des personnes ainsi réduites en esclavage nous pousse à agir.

Il incombe à chacun d’entre nous de s’élever contre des crimes qui privent d’innombrables victimes de leur liberté, de leur dignité et de leurs droits fondamentaux. Il nous faut œuvrer de concert à la réalisation des droits égaux pour tous que promet la Charte des Nations Unies. Il nous faut aussi donner collectivement un sens aux dispositions de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme qui stipulent que “nul ne sera tenu en esclavage, ni en servitude”.

Aucune personne, aucune communauté, aucun pays ne peut rester silencieux face à une telle infamie. L’esclavage est un problème pour toutes les régions et pour tous les gouvernements. Il doit être combattu à l’échelle tant nationale que régionale et internationale. Il nous faut aussi chercher à comprendre pourquoi et comment, à une époque aussi “civilisée” que la nôtre, il est si courant. Il nous faut aussi reconnaître qu’il se nourrit de la pauvreté endémique, de l’exclusion sociale et de la discrimination rampante. C’est en effet parmi ceux qui sont désespérés, démunis et défavorisés que les esclavagistes trouvent leurs victimes.

L’Organisation des Nations Unies est foncièrement résolue à combattre l’esclavage. Cette année, le Conseil des Droits de l’Homme a créé un nouveau mandat au titre des procédures spéciales et nommé un Rapporteur spécial sur les formes contemporaines d’esclavage. Ces nouvelles mesures apporteront une contribution de premier plan à la lutte contre l’esclavage en collaboration étroite avec les États Membres de l’ONU, nos partenaires de la société civile et les groupes de victimes.

En cette Journée internationale pour l’abolition de l’esclavage, réaffirmons une fois encore la dignité inhérente à tous les êtres humains, hommes, femmes et enfants, et redoublons d’efforts pour édifier des sociétés dans lesquelles l’esclavage aura été définitivement relégué aux oubliettes de l’histoire. »


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