Lutte contre le racisme à La Réunion

Disons stop à la discrimination

29 janvier 2005

Lutter contre toutes les formes de racisme, c’est le but que s’est fixée la Coordination réunionnaise contre le racisme (CRCR), qui note une progression inexplicable de certains faits abominables contre des populations souches de notre société réunionnaise.

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Le devoir de réparation à mener par la France, à l’heure où le monde entier célèbre respectueusement la mémoire des victimes des camps d’extermination nazis, cache pourtant mal des actes quotidiens de discriminations sur la belle terre de la Liberté, de l’Égalité et de la Fraternité.
À La Réunion, les communautés comorienne et mahoraise souffrent toujours d’actes racistes incompréhensibles, alors que notre pays est inéluctablement lié à l’archipel des Comores, comme il l’est avec l’Europe, l’Inde, la Chine, l’Afrique et Madagascar. Ce qui intensifie notre incompréhension, c’est que les mères de notre civilisation sont d’abord malgaches. Aujourd’hui, nos frères et sœurs malgaches, qui demeurent à La Réunion, sont également assaillis par des problèmes réguliers de racisme à leur encontre.

De l’organisation politique au simple citoyen

La CRCR déplore par exemple "la présence de réseaux de passeurs, de prostitution, de pédophilie et de marchands de sommeil, qui abusent de la misère et de la faiblesse humaine de ces personnes, pour les maintenir dans l’exclusion et la précarité".
Dans ce contexte inacceptable, ce collectif de lutte contre le racisme, regroupant des associations culturelles, des organisations politiques et syndicales et simples citoyens, s’engage à lutter contre toutes formes de comportements abominables liés au racisme, en présence sur notre terre de réunion culturelle, ethnique et religieuse.
Constituée le mercredi 15 décembre 2004, la CRCR s’était notamment élevée dans un communiqué contre les propos de Franck-Olivier Laschaud, secrétaire général de la Préfecture de La Réunion. Il déclarait, par voie de presse, que "les services préfectoraux doivent veiller à l’équilibre des communautés qui vivent à La Réunion", allant jusqu’à poursuivre : "cet équilibre a 2 dimensions. Premièrement, un équilibre entre la communauté nationale française et les étrangers sur notre sol, un problème qui se pose aussi bien au niveau européen qu’au niveau de l’île. Deuxièmement, un équilibre au niveau de la population réunionnaise dont les origines et les cultures sont très différentes".
Ces propos, qu’il tenait à la veille de la commémoration du 156ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage, ont sûrement été tenus sans connaissance de l’Histoire du pays qu’il administre en partie, du haut de l’hôtel Joinville. On se rappellera volontiers la vague d’expulsions concernant Comoriens, Malgaches et Mauriciens. "Tous les cas ne sont pas défendables", explique Canda Sawmi Pillay, de la Ligue des droits de l’homme, mais chaque cas doit être étudié avec conscience.

Du racisme dans nos administrations

Jeudi soir, chaque participant expliquait les raisons de sa présence au sein de cette Coordination réunionnaise contre le racisme. Le cas d’un des membres était particulièrement édifiant. "Le racisme est un sujet pertinent qui prend beaucoup d’angles. À La Réunion, je ne suis plus Comorien, je suis d’abord Réunionnais et après Français", explique cette victime du racisme.
Il racontera comment dans une administration le racisme reste vivant. On lui demandait son certificat de nationalité, pour bien vérifier sa citoyenneté française, alors qu’il venait simplement renouveler sa carte nationale d’identité. "Comment essayer de prévoir ce genre d’incident ? Ce jour-là, c’était comme si j’étais mort, comme si je n’existais plus".
La CRCR déplore que tous les jours la communauté comorienne subisse des discriminations. Pour Mohamed Maoimib, de la Maison des Comores, "il faut penser à la réhabilitation de notre place dans la société réunionnaise". Les membres présents comptent notamment sur le pouvoir de décideurs des hommes politiques locaux, pour faire reculer le racisme à La Réunion. Il faudra encore et encore lutter contre son avancée, “incompréhensible” sur une terre qui s’est construite sur la base de la multiculturalité.
"L’union fait la force", notera Pascal Murat de l’association Les gens de la mer. La CRCR compte sur la présence de tous ceux qui veulent œuvrer en faveur d’une société qui promeut l’unité dans la diversité. Elle se réunira le jeudi 24 février, peut-être cette fois-ci dans le Sud, à moins qu’elle ne décide de maintenir son lieu de travail à la Ligue des droits de l’homme. Vous y êtes tous cordialement invités.

Bbj


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