Témoignage de Maryvonne, prostituée

Écœurée, obligée de continuer

14 janvier 2006

Comment se sortir de la prostitution ? Une question que se pose Maryvonne tous les jours.

Maryvonne* se prostitue depuis peu. Suite au décès de son concubin, elle se trouve dans l’impasse et ne sait plus quoi faire de sa vie. Elle est au bord du suicide. Elle doit faire face aux dettes de la famille : le crédit de la maison, de la voiture, les factures à payer et les frais de scolarité des enfants. Les dettes s’accumulent et Maryvonne a de plus en plus de mal à boucler les fins de mois.

Du jour au lendemain

Elle ne sait pas ce qui lui passe par la tête. Et comme ça, du jour au lendemain, elle décide de se livrer à la prostitution. Elle se rend sur le front de mer de Saint-Pierre en voiture. Elle s’arrête et attend le potentiel client. Elle constate qu’elle n’est pas la seule. Non loin d’autres filles patientent. Son regard croise l’une d’entre elles et tout de suite, elles en viennent aux explications puis aux mots vulgaires.

Des dettes à payer

Malgré les menaces lancées à son égard, Maryvonne ne bouge pas. Un homme l’aborde et lui demande "si elle attend quelqu’un". Elle lui répond : "oui". Il s’en va et au bout d’un certain temps, il réapparaît et revient à sa rencontre. Là, l’homme devient entreprenant et ne passe pas quatre chemins. Il lui demande tout bonnement ses tarifs. Maryvonne, surprise, ne peut répondre. Elle hésite puis elle lui demande ses attentes.

Une sensation de dégoût

L’homme s’empresse à les lui exposer. Maryvonne, embarrassée, tremble. Elle improvise et lui indique le prix de ses prestations sans réfléchir "il varie entre 40 et 60 euros". Il tente de négocier, mais elle campe sur ses positions. Il consent à la payer mais après l’acte. Une fois de plus, elle ne cède pas. Il la règle et il lui indique un coin à l’abri de tout voyeur. À la fin du rapport, Maryvonne éprouve "une sensation de dégoût". Elle regagne son domicile, vomit et elle ne peut se regarder dans le miroir.

15 jours par mois

Elle décide d’en rester là et effectue des extra au sein d’hôtels. Mais, les dettes ne disparaissent pas pour autant et les services bancaires insistent pour le paiement immédiat de certaines sommes dues. Face à cette situation, elle ne réfléchit pas et depuis, 15 jours par mois, elle vend son corps. Elle se rend notamment à Saint-Denis où la concurrence est rude et surtout les filles du Sud sont mal vues. Aujourd’hui, Maryvonne se trouve prise au piège. Elle ne sait pas comment sortir de cet engrenage. Elle est très, très malheureuse.

Personne ne sait que Maryvonne se prostitue. Personne jusqu’à présent ne lui a proposé de l’aider financièrement. Elle n’ose pas en parler car elle a honte. Ses enfants grandissent et s’interrogent aussi sur leur mère.

Jean-Fabrice Nativel

* Maryvonne est un prénom d’emprunt.


La Toile, terrain de la prostitution

Aujourd’hui à La Réunion, la prostitution prend un nouveau visage. Hommes et femmes offrent leur service par le biais d’Internet. Les annonces, pour la plupart du temps gratuites, avec ou sans photos des parties que l’on ne peut citer, mais que l’on peut aisément imaginer, éclosent chaque jour. En quelques clics, les annonces fleurissent : maître, maîtresse, streap-teaseuse, femme et homme seuls proposent des relations suivies pour hommes ou femmes selon les affinités.
L’internaute laisse ses coordonnées et en très peu de temps la sonnerie retentit. À l’autre bout du fil, celui ou celle qui offre ses services déballe ses charmes. Cela va du soft au hard, avec ou sans gadgets, et les tarifs sont à la carte, mais aussi à la tête du client. Ces moments se passent le plus souvent au domicile du prestataire. Le cadre est plus souvent raffiné. Et les prostitués(es) affirment même qu’ils(elles) reçoivent autant d’hommes mariés que de célibataires et de femmes.
Aujourd’hui, on note la présence de jeunes filles sur le trottoir. Elles se font discrètes et viennent aussi bien d’ici que de Madagascar ou Maurice. Sont-elles majeures ou mineures ? Cela mérite d’être vérifié. En effet, les voyeurs guettent et on ne sait pas ce qui peut leur passer par la tête ! À noter que la prostitution a repris de plus belle à la Ravine Blanche à Saint-Pierre.

J.-F. N.


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