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À première vue, on n’en finira jamais…
24 juin 2020, par
Hannah Arendt : « Si nous nous obstinons à concevoir notre monde en termes utilitaires, des masses de gens en seront constamment réduites à devenir superflues. » À commencer, bien sûr, par les vieux !
Succès considérable des politiques de santé, la multiplication des personnes âgées encombre désormais la société et les préoccupations de ses dirigeants. Sous un certain angle de vue, les vieux sont devenus un problème. Mais sous un autre, les vieux sont une ressource. Source inépuisable de profits. Résurgence constamment renouvelée de rendement possible.
Ainsi, les principaux possesseurs de chaînes d’EMS et d’EHPAD qui opèrent en France (et donc à La Réunion), font partie des 500 plus grosses fortunes recensées dans le pays (Magazine Challenges, 2018). Pas de surprise. Le coût exigé des pensionnaires, avec ou sans subvention publique, explique la prospérité des propriétaires. Pour autant qu’il y prête attention, une série de lectures instructives et accablantes suffira à éclairer le public sur les sacrifiés de l’épidémie du Covid-19 qu’ont été, en métropole, les pensionnaires des EHPAD. D’accord, il était nécessaire de privilégier les jeunes générations. Mais ça fait tout de même 15 000 décès sur 728 000 résidents. Ramené à 66 millions de Français : 1,3 millions de morts.
À notre porte, celle qui s’ouvre sur notre socioculture péi, on voit fleurir depuis de nombreuses années, un accueil à connotation familiale, donc d’un coût plus modeste, de près de 500 personnes âgées, gramouns hébergés dans des pensions dont les détenteurs bénéficient généralement d’un agrément départemental officiel. Du moins en principe. Et ces dernières semaines, l’enquête bienvenue, initiée par une équipe de journalistes d’investigation très professionnels, vient de mettre en évidence les abominables abus exercés sur de nombreux vieillards sans défense, exposés aux pires conditions d’entassement illégal, de privations de toutes sortes, de grave carence sanitaire ou d’exploitation financière.
Il faut ajouter que les autorités locales connaissaient depuis les débuts les conditions de vie dans certaines de ces pensions. Un zembrocal fait d’ignorance, d’indifférence, d’irresponsabilités manifestes et d’absence de tout contrôle a permis longtemps à ces structures populaires de proliférer indûment. Et inutile d’en appeler à l’ARS, ce parasite institutionnel dont les négligences professionnelles et les connivences financières douteuses ont contribué à bâtir son exécrable réputation.
Quoi qu’il en soit, dès qu’on le sait et le prévoit moins apte à soutenir la compétition productive au service de l’économie telle qu’on la connaît chez nous, le plus souvent dès la retraite « ce passage dans le corps des inutiles qui coûtent cher à une société de rejet », l’individu cesse de présenter un réel intérêt, sauf s’il donne les signes explicites d’une contribution fructueuse aux pouvoirs dominants ou surtout s’il bénéficie d’un revenu et d’un capital, propres à alimenter une « silver economy » de plus en plus vorace. Un quart d’heure passé aux salons des seniors en donne un aperçu édifiant.
Outre la multitude croissante des personnes âgées, entrent dans ces catégories de populations marginalisées, tous les cabossés et éclopés de la société : handicapés, toxicos, migrants, rejetons de familles en crise et la foultitude de ceux considérés à tort ou à raison comme des déviants.
En ce qui concerne plus particulièrement les vieux, l’évolution, venue d’ailleurs, des modes de vie et d’habitat (en bref, ce qu’on appelle le progrès), a conduit à les regrouper si possible, dans des établissements où viennent se concentrer et s’intensifier avec eux les dépendances, les infantilisations, les pathologies psychiques et les fragilisations somatiques, les égarements et les dépressions entraînés par la perte de ses repères habituels, en un mot les défaillances de toutes sortes qui finissent pas accabler l’être humain vieillissant. Mais pas de méprise, les scandales avérés de certains de ces espaces d’entassement ne cachent pas vraiment la banalité coutumière.
Aubaine attrayante des investisseurs et des hébergeurs débrouillards, le démantèlement accéléré des configurations familiales du temps longtemps nourrit cependant, d’un autre côté, l’expansion des professions médicosociales, d’aide à la personne et d’auxiliaires de vie.
Pour autant, les vieux y trouvent-ils toujours leur compte ? On peut craindre que non. Les émotions saisissent légitimement les clients scandalisés par les révélations des médias enquêtant sur les conditions abusives développées dans l’univers concentrationnaire qui encadre le destin de la plupart des vieux âgés. Mais elles cachent à peine, en définitive, le peu de considération réelle que porte la société sur les véritables besoins de ses aînés vieillissants. Même bien avant l’éventuelle contrainte à prendre la direction de l’EMS, on a le sentiment que ce n’est pas la vulnérabilité des seniors et leur dépendance ou leur perte d’autonomie qui nécessitent et entraînent leur accompagnement et ce qu’on appelle leur « prise en charge ». Ce sont bien plutôt les modes d’assistance habituels, officiels et largement inappropriés, qui produisent, accentuent et intensifient les fragilités, les dépendances, la détérioration continue des capacités physiques ou psychiques et le mal-être existentiel.
De quelles situations un senior obtient-il au contraire son bien-être existentiel ? D’abord de son environnement de vie immédiat. La recherche coordonnée d’une authentique préoccupation de ses besoins fondamentaux devrait combiner :
- L’aménagement d’un espace d’habitation peuplé de ses repères familiers, de ses habitudes, ou alors de ses choix personnels pour les modifier, offrant un bien-être matériel, avec un confort dépourvu non pas de stimuli, mais de stress “négatif”.
- Une tranquillité affective fondée sur des liens intimes réguliers, intenses et toniques, éloignant la solitude avec son cortège de doutes et de désespoir.
- Des conditions économiques assurant sécurité et sérénité.
- Un environnement social stimulant et valorisant, avec lequel il développe des échanges vivifiants, où il est et se sent utile, où il obtient la considération dont il a besoin.
- Un entourage qui sollicite et dope ses activités : physiques, intellectuelles, relationnelles. Et le tout dans la régularité de son existence quotidienne.
Secondement, il importe que le senior demeure actif, selon ses possibilités : pouvoir d’agir sur son cadre de vie, physique, intellectuel, relationnel, mental… L’action qu’entreprend un individu concrétise toujours, mesure et vérifie sa relation au monde. C’est elle justement qui en fait « un acteur » et plus encore, le cas échéant, un “auteur” de sa vie. Le pire c’est d’entendre : « Ne bougez pas, je m’occupe de tout !". L’inactivité, conjuguée à la dépendance à l’égard des autres, conduit au délabrement certain : « Si tu fais à ma place, tu me tues ! »
Ensuite, comme à tout âge devrait-on affirmer, la personne retraitée et vieillissante doit se (re)trouver une place dans la société, un rôle, un statut social qui lui accorde reconnaissance et considération. Un mode de relation à la société que ne lui attribue plus son travail, mais dont elle a toujours besoin pour conférer un sens à son existence terrestre.
Et enfin, il est important que sa capacité d’agir et sa place dans la société lui permettent de se sentir socialement utile, même si l’espace de cette utilité se réduit parfois à la sphère familiale. Le système, au travers de ses structures d’autorité et de décisions, a tendance à alimenter (inconsciemment peut-être, mais certainement) une altération croissante du pouvoir social des individus et des groupes sociaux démunis, dont la catégorie des seniors est une parfaite illustration. L’ensemble de ces expériences ne cesse de nous apprendre que chez les seniors, ne plus trouver de rôle utile - même modeste - conduit à une altération sournoise de la confiance et de l’estime pour soi. Heureusement qu’il reste les associations pour compenser cette détérioration.
La conscience d’une existence pleine s’élabore autour de l’investissement de ces quatre « piliers de vie ». Les quatre apparaissent nécessaires et suffisants pour orienter positivement son existence. Le mal-être et la souffrance “masquée” des seniors proviennent des déficiences relatives à l’un ou à plusieurs d’entre eux. Ceux et celles qui échappent à ce cataclysme et vivent le sentiment d’avoir pu pleinement réaliser leur potentiel, éprouvent la plénitude de reconnaître et d’affirmer jusqu’au dernier jour : « À tout instant de ma vie, je suis et je serai exactement à l’endroit où je veux être ! »
Arnold Jaccoud
cf. le roman : RESIDENCE SENIORS - Pour en finir avec les vieux – Eclipse du temps - éd – en librairie
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