Journée de sensibilisation avec l’association les Francas

Éveiller l’enfant à ses droits pour libérer sa parole

22 novembre 2007, par Edith Poulbassia

Journée spéciale sortie pour 400 enfants du primaire et du collège. En tee-shirt et en baskets, ils ont rendez-vous ce matin au stade de la Redoute à Saint-Denis pour un rallye de sensibilisation aux Droits de l’enfant. Une façon de commémorer et de rendre vivante la Convention internationale adoptée par l’ONU en 1989.

L’objectif pour cette journée ludique est que les enfants s’imprègnent de la Convention internationale des droits de l’enfant adoptée par l’ONU en 1989.
(photo Toniox)

C’est devenu un rendez-vous annuel, qui a son importance. Aujourd’hui, plus de 400 enfants du primaire et du collège vont participer à un rallye sur les Droits de l’enfant au stade de la Redoute. Une journée organisée par l’association les Francas, qui intervient toute l’année auprès de ces enfants pour les sensibiliser à leurs droits mais aussi à leurs devoirs. Pour l’association, il s’agit de commémorer la Journée mondiale des droits de l’enfant, qui a lieu le 20 novembre. Mais grève des fonctionnaires oblige, les Francas ont préféré reporter le rallye des marmailles à aujourd’hui, car la présence des enseignants est indispensable pour encadrer les enfants dans les activités proposées.
Neuf classes de collège et 8 classes de primaire de Sainte-Marie, Sainte-Suzanne et Saint-Denis sont attendues. Pour les élèves du premier degré, un jeu de piste est prévu avec des épreuves de sensibilisation. Pour les collégiens, ce rallye est aussi l’occasion de rencontrer des professionnels dans des domaines divers : le CRIJ (Centre Régional d’Information Jeunesse) pour l’éducation nutritionnelle, la Police nationale pour la Sécurité routière, le GUT (Groupement d’Unités Territoriales), l’ARAST (Association Régionale d’Accompagnement Social Territorialisé), bref, des partenaires prêts à mener des actions de prévention. Les élèves devront remplir un questionnaire en fin de matinée, histoire de vérifier que les informations sont bien passées.
L’après-midi est réservé aux récompenses des équipes gagnantes du rallye. « Nous avons aussi organisé un concours de logos dans les classes. Les logos sélectionnés ont permis de réaliser des tee-shirts, des affiches, des autocollants », précise Pierre Barbier, délégué départemental des Francas. Les classes vont apprendre une chanson et écrire des textes sur les Droits des enfants. L’objectif pour l’association est encore de profiter de cette journée ludique pour que les enfants s’imprègnent de la Convention internationale des droits de l’enfant adoptée par l’ONU en 1989. En effet, plus les enfants sont en mesure de comprendre leurs droits et leurs devoirs, plus ils sont informés et plus ils sont capables de réagir lorsqu’ils vivent des situations inacceptables.

Encore trop de maltraitance

C’est en tout cas ce que constate l’association les Francas sur le terrain, au cours des ateliers de sensibilisation avec les enfants. Pour Pierre Barbier, les Droits des enfants ne sont pas bien respectés à La Réunion. « Un certain nombre de droits ne le sont pas. Nous ne travaillons pas seuls, mais avec des travailleurs sociaux du Conseil général, et régulièrement, pendant les ateliers ou à la fin, des enfants viennent nous voir pour révéler qu’ils sont victimes de violences physiques, sexuelles. Les ateliers sont destinés à cela. Permettre à l’enfant de s’éveiller un peu plus, car il est informé de ses droits. Nous sommes donc souvent confrontés à des problèmes de maltraitance, d’attouchement et d’abus sexuels. Mais d’autres droits sont respectés comme la scolarité, manger à sa faim, quoiqu’il arrive encore que des enfants n’aient pas accès à ce droit ». En contrepartie, les enfants sont aussi informés de leurs devoirs envers la famille, les institutions, les adultes, l’école. « Il ne faut pas que les enfants retournent à la maison en imposant leurs règles en disant : j’ai droit à ceci, j’ai droit à cela », ajoute Pierre Barbier.
Cette journée s’adresse donc aux enfants, mais l’association les Francas a l’habitude de travailler également avec les parents au sein d’ateliers dans les écoles. « Ces ateliers de la parentalité aident à réfléchir aux relations parents-enfants, notamment avec les adolescents, affirme Pierre Barbier. Nous ne proposons pas de solution, mais une réflexion sur cette problématique. Les parents se retrouvent autour d’un jeu de société, et le dialogue s’installe en présence d’un travailleur social. Ils ne se retrouvent pas seuls face aux problèmes, ils échangent sans pour autant exposer leurs expériences personnelles. Ils ressortent de l’atelier motivés pour renouer le lien avec les enfants ».

Edith Poulbassia


Les 28 ans de la Convention internationale

Le chemin est encore long

La Convention adoptée par les Nations Unies le 20 novembre 1989 prend de l’âge. A l’époque, 191 pays sur 193 ont signé ce texte fondateur. La Somalie et les Etats-Unis avaient refusé, car pour ces derniers, ce texte les obligeaient à abolir la peine de mort pour les mineurs, ce qui a été fait depuis. La Convention a donc 28 ans cette année, mais on ne peut que constater que le chemin est encore long, très long pour que ces droits deviennent réalité. Faut-il rappeler que dans les pays pauvres, les pays en guerre, les pays aux régimes antidémocratiques, les enfants sont les premières victimes.
Enfants-soldats, enfants-esclaves, enfants-prostitués, enfants-ouvriers, bref, enfants exploités et encore enfants sous-alimentés, enfants qui ont soif, enfants qui ne vont pas à l’école, enfants malades, enfants blessés de guerre, bref, enfants misérables. Cela se passe aujourd’hui, sous nos yeux. Quelques chiffres de l’Unicef pour faire comprendre l’ampleur du désastre : 300.000 enfants-soldats mêlés à 30 conflits dans le monde, 2 millions tués dans des conflits armés en 10 ans, 6 millions grièvement blessés, 1 million d’orphelins ou séparés de leurs parents, 20 millions contraints de fuir de chez eux ces dernières décennies...
Ces enfants vulnérables deviennent des proies faciles, plus aucun droit ne leur est garanti. La France, pays riche sans conflits armés, n’est pas pour autant un exemple : 1 million d’enfants pauvres, 19.000 enfants maltraités, 76.000 sont en danger dans un contexte familial dégradé et qui menace leur développement éducatif et/ou matériel, quelque 240.000 enfants placés ou pris en charge, 85.000 sont touchés par le saturnisme, record des suicides des 15-24 ans, 150.000 filles et garçons quittent chaque année le système scolaire sans aucune perspective, 15.000 ne suivent pas leurs cours, alors qu’ils sont inscrits au collège ou au lycée et qu’ils n’ont pas encore 16 ans, 15% des enfants qui arrivent au collège ne comprennent pas ce qu’ils lisent.

EP


Astérix en héros des Droits de l’enfant

La défenseure des enfants, Dominique Versini, et le dessinateur d’Astérix, Albert Uderzo, ont travaillé ensemble pour mettre en place depuis le 15 octobre 2007 des actions de promotion de la Convention internationale des droits de l’enfant pour la jeunesse. Des outils pédagogiques sont disponibles gratuitement sur le site Internet www.defenseuredesenfants.fr : un album illustré par Astérix pour les enfants de 7 à 10 ans, un jeu de l’oie “Astérix et le tour des droits” et un kit des Droits de l’enfant pour les élèves de 5ème.


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