Numéro spécial Solidarité Palestine

Farouk Issop : « À partir de quand pouvons-nous utiliser les mots « Crime de guerre » ? 

3 juillet 2020, par Farouk Issop

Voici le texte de l’intervention de Farouk Issop, ancien porte-parole de Solidarité Réunion Palestine, lors du rassemblement du 1er juillet de solidarité avec le peuple palestinien organisé par le Mouvement réunionnais pour la Paix.

Farouk Issop.

Combien de vies doivent être déchiquetées dans les décombres de la colonisation israélienne avant que nous rejetions la formule obscène « dommages collatéraux » et que nous commencions à parler de poursuites pour “crimes contre l’humanité” ?

Dans notre quotidien, dans notre paix sociale, dans notre vivre ensemble, dans nos petits conforts, dans notre sécurité, dans nos lois, dans nos droits, dans nos libertés comme dans nos vies, combien de temps encore ?

Combien de temps encore allons nous accepter la barbarie israélienne ?

Combien de temps encore allons nous normaliser l’idée que la vie, le sang, la dignité d’un être a moins de valeur que celui d’un autre ?

Ce racisme institué, cette discrimination imposée, ces injustices répétées, cette colonisation concertée, sont au fondement des missions colonisatrices comme des régimes d’apartheid.

Ils nourrissent le projet sioniste à son origine et voilà qu’il se répand et influe sur les politiques et les grands médias.

Comme tout projet à vocation coloniale : ils ont l’argent qui achète nos silences, et la complicité de certains gouvernements arabes.

On joue sur les mots pour tromper le monde, on maquille un génocide en une guerre.

On maquille une légitime résistance en du terrorisme.

On maquille une brutale colonisation en guerre de religions et/ou de races.

On cherche à maquiller l’anti-sionisme en de l’antisémitisme.

On manipule la paix en des résolutions, jamais appliquées.

Résolutions qui d’ailleurs ne changent absolument rien sur le terrain, Israël continue sa colonisation et le génocide du peuple palestinien.

Et d’ailleurs que signifient ces résolutions pour le colonisé, si ce n’est une des expressions les plus manifestes de nos hypocrisies.

“De combien de temps l’Etat d’Israël a-t-il besoin pour terminer le travail ?” disait l’autre.

Terminer le travail ? Tuer des innocents, saccager un pays ?

À l’aune des images qui nous parviennent tous les jours quant aux conséquences meurtrières de « ce travail à finir », les propos de Sarkozy, président de la République française alors, sont bien plus choquants que les formules voyous ou racailles…

Quelle honte.

Au final, l’entité connue sous l’appellation Israël continue le génocide de tout un peuple et le silence assourdissant de la communauté internationale.

D’ailleurs à quoi peut-il bien servir de condamner le silence de la communauté internationale face à l’oppression continue du peuple palestinien.

À quoi cela peut-il bien servir ?

Peut-être à se donner le droit, au nom de la cohérence, de faire silence quand les puissants de ce monde s’agiteront pour faire « condamner » les conséquences de leur silence.
On nous a trompés, on continue à le faire.
On nous manipule, on continue à le faire : certains médias sont devenus experts.

On déboulonne des pierres sans penser à déboulonner la conscience des hommes.

On nous avait dessiné la paix comme on peint un espoir, voire un idéal.

On nous a dessiné une paix sans inclure la notion de justice, une paix au rabais, une paix sans cœur, une paix sans justice, la paix des bisounours.

Desmond Tutu disait que si tu es neutre en situation d’injustice, alors tu as choisi le camp de l’oppresseur.

Les crimes caractérisés d’Israël sont révélateurs des postures d’esprit que certains ont adoptés, et ils n’ont aucune honte à les exprimer.

Jusqu’à quand accepterons-nous les horreurs perpétrées par des gouvernements successifs sans dignité et sans éthique ?

On essaie encore de nous faire croire que l’armée israélienne agi à chaque génocide en état de légitime défense, sur une terre qu’elle colonise un peu plus chaque jour, de qui se moque-t-on ?

Le peuple palestinien vit sous un siège qui l’affame, le gouvernement israélien n’hésite pas à tuer des membres de la mission non violente qui vient exprimer sa solidarité et apporter des vivres et des médicaments.

C’est intolérable, et révoltant, et cela ne peut durer.

Il faut le dire, le faire entendre et se faire entendre.

Personne ne peut se cacher derrière l’ignorance et les faux semblants.

Israël est une entité coloniale et criminelle qui expose ouvertement son racisme, l’immoralité de ses choix politiques et militaires et qui se moque de la communauté internationale et de sa conscience.

Il importe de dire avec force et détermination que cette colonisation israélienne qui dure depuis plus de 70 ans est indigne, ignoble, inhumaine, illégitime, et qu’elle est une preuve que la cause des opprimés palestiniens est juste et digne.

Que ce faisant, elle est notre cause, elle est la cause de tous les réunionnais habités par la soif de justice et de paix.

J’aimerai conclure en vous disant que notre engagement et notre soutien, dans nos cœurs et nos esprits, ne doivent pas se traduire comme des actes de charité mais des revendications de justice.

Il n’est pas question de s’agenouiller pour réconforter le mendiant, ses besoins et ses larmes mais de se lever pour confronter politiquement l’oppresseur, ses mensonges et ses armes.

Nous ne sommes pas seuls et tant d’autres consciences sont amies de ce même combat, de cette même résistance.

Nous avons besoin de toutes les intelligences, c’est une affaire de cœur.

Farouk Issop
Conférencier
Sciences Philosophiques
Littérature et poésie persane

A la Une de l’actu

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus