7ème Semaine pour l’Emploi des Personnes Handicapées à La Réunion

Favoriser l’intégration des personnes handicapées dans les entreprises

14 novembre 2007, par Sophie Périabe

À La Réunion, comme en Métropole, les personnes handicapées connaissent davantage le chômage que les personnes valides. Et même si la situation locale tend à s’améliorer, de gros progrès restent encore à faire, notamment dans le changement des mentalités. Ainsi, durant cette semaine, l’AGEFIPH, association privée ayant pour but de développer l’emploi des personnes handicapées dans les entreprises, met en place une action, “Un jour, un métier en action”, dont l’objectif est de rapprocher la personne handicapée et le monde de l’entreprise.

Les entreprises de plus de 20 salariés sont désormais 52% à employer directement ou indirectement des travailleurs handicapés, alors qu’elles étaient seulement 40% en 2002. De même, le taux d’emploi direct est de 3,1%, contre 2,4% en 2002. Sans aucun doute, la situation s’améliore à La Réunion, même si le taux d’emploi légal fixé à 6% (voir encadré) n’est pas atteint.
On note des signes encourageants. En effet, pour la première fois, en 2006, le nombre de chômeurs handicapés a diminué : une décrue qui s’inscrit dans un contexte de baisse générale du nombre officiel de demandeurs d’emploi à La Réunion depuis quelques années. Un premier signe positif, même si cette diminution est moins importante que celle de l’ensemble des demandeurs d’emploi.
Mais il existe toujours des freins à l’embauche, et l’AGEFIPH cherche par tous les moyens à faire tomber les idées reçues et à faciliter au maximum l’intégration des personnes handicapées.
Identifier ces freins pour trouver des solutions adaptées constitue donc la démarche entreprise par l’AGEFIPH depuis toujours.

Une cinquantaine d’entreprises partenaires

Rappel sur les dernières études réalisées en 2005 auprès des entreprises réunionnaises : 47,5% des entreprises concernées par la loi jugent difficile l’embauche de travailleurs handicapés. Un sentiment plus fort chez les entreprises n’employant aucun salarié handicapé (50%). Parmi les freins identifiés, l’inadéquation du handicap avec le métier et/ou l’entreprise constitue la première difficulté pour les entreprises sans salarié handicapé (50%). A contrario, pour les entreprises ayant déjà fait l’expérience d’une embauche de personne handicapée, c’est l’aménagement du lieu de travail qui représente la première des difficultés pour 41% d’entre elles.
Durant toute cette semaine, une cinquantaine d’entreprises accueilleront plus d’une centaine de personnes handicapées en recherche d’emploi dans le cadre de l’opération “Un jour, un métier en action” (voir encadré).
Pour Loïc Amiot, responsable des ressources humaines à l’ARAST (Association Régionale d’Accompagnement Social Territorial), cette participation à la Semaine pour l’Emploi des Personnes Handicapées se traduit notamment par l’accueil sur des postes d’auxiliaires de vie. « L’occasion de tester en situation réelle l’adéquation entre handicap et exigences d’une fonction au contact direct avec des bénéficiaires. Si cette expérience s’avère concluante, elle permettra ainsi d’ouvrir ces emplois au recrutement de personnes handicapées, aux côtés de postes administratifs déjà pourvus par des salariés handicapés ».

Ouvrir l’entreprise

Et pour les personnes handicapées, l’opération facilite l’accès à l’entreprise, crée un premier contact pour ceux qui n’ont jamais travaillé ou restaure un lien pour des personnes toujours en recherche d’emploi. Pendant cette journée, la personne handicapée pourra découvrir un métier, un secteur d’activité, évaluer la compatibilité de son handicap sur un poste de travail.
Ainsi, Marie-Thérèse Grelier souhaite retrouver un emploi en boulangerie suite à un remplacement qui lui avait beaucoup plu. Cette journée sera l’occasion pour elle de rencontrer des professionnels et de démontrer son savoir-faire.
Détentrice d’un BEP sanitaire et sociale, Marie-Sully Folio est ravie de pouvoir participer à l’opération qui va lui permettre de « découvrir en quoi consiste concrètement le travail d’auxiliaire de vie à domicile ».
Cette opération symbolique complète les actions menées tout au long de l’année par l’Agefiph afin d’ouvrir l’emploi aux personnes handicapées. Parmi elles, “Handicompétence” (voir encadré), dispositif destiné à augmenter le niveau de formation des travailleurs handicapés et favoriser ainsi leur embauche.

Sophie Périabe


“Un jour, un métier en action”

Durant une journée, une personne handicapée et un salarié valide travailleront en binôme. Ce rapprochement entre handicap et entreprise doit démystifier l’intégration d’une personne handicapée sur un poste précis et ainsi favoriser les passerelles vers le monde du travail. Tous les acteurs pourront se confronter aux réalités du handicap en entreprise.
Même s’il s’agit d’une journée de découverte et non d’un entretien d’embauche, l’opération peut déboucher sur des recrutements. Cette présence en entreprise offre l’occasion à l’employeur de tester un candidat potentiel sur un poste précis et évaluer ses compétences, son habilité à tenir un poste, ses capacités relationnelles...
Ce sont les entreprises du Sud (23 avec les points de vente) et du Nord (21 avec les points de vente) qui sont les plus nombreuses à participer. La majorité des entreprises appartient au secteur de la grande distribution (spécialisée et généraliste) et agroalimentaire. Près d’une quarantaine de postes différents sont proposés : comptable, électricien, agent d’accueil, animateur, auxiliaire de vie, chauffeur, vendeur, secrétaire, employé libre-service, cuisinier...


L’embauche de travailleurs handicapés

Une obligation légale pour les entreprises de plus de 20 salariés

Les entreprises de plus de 20 salariés sont tenues d’employer l’équivalent de 6% de travailleurs handicapés. Pour satisfaire à cette obligation légale, renforcée depuis le 1er janvier 2006, elles disposent de 5 moyens complémentaires :

- recruter directement des salariés handicapés et bénéficier d’une aide financière de l’Agefiph pour l’adaptation de poste, la formation, et d’une prime à l’insertion...

- conclure un contrat de sous-traitance avec une entreprise adaptée (ex-atelier protégé) ou un établissement ou service d’aide par le travail (ESAT = ex-CAT) ;

- accueillir en formation des demandeurs d’emploi handicapés dans le cadre d’un stage ;

- conclure un accord de branche, d’entreprise ou d’établissement en faveur de l’emploi des personnes handicapées ;

- verser une contribution à l’Agefiph pour le financement d’opérations en faveur de l’embauche des personnes handicapées (formation, adaptation de postes...).
La première solution étant évidemment la voie recherchée, l’Agefiph et ses partenaires concentrent leurs efforts pour faciliter l’embauche directe de personnes handicapées. L’information des entreprises sur leurs obligations légales est une des actions que l’Agefiph mène tout au long de l’année.


Handicompétence

L’élévation du niveau de formation des travailleurs handicapés constitue une des priorités pour l’Agefiph. En effet, les travailleurs handicapés sont également pénalisés par leur niveau de formation, inférieur à la moyenne globale sur le marché de l’emploi, et ce, déjà pour des questions d’accessibilité de la formation initiale : la suppression des SIFE (Stage d’Insertion et de Formation dans l’Emploi) en 2005 et la décentralisation de la responsabilité de la formation des demandeurs d’emploi, de l’Etat vers les Conseils régionaux, ont eu pour conséquence une réduction de 20% des entrées en formation.
Pour éviter un accroissement des écarts de niveau entre population handicapée et population valide, l’Agefiph a mis en place dès mai 2006 “Handicompétence”. Ce dispositif est destiné à répondre aux besoins de préparation à l’emploi, de formation et de qualification des personnes handicapées. C’est un moyen simple et efficace de prendre à la racine la question de l’emploi des travailleurs handicapés. 18 mois après les premières actions engagées, le bilan est positif : 345 personnes ont intégré le dispositif “Handicompétence” dans l’un des 25 groupes de stagiaires constitués.

Les formations en cours :
- Agent administratif
AMI et Néotech (2 groupes de 15 personnes)

- Agent d’entretien
Ordia (1 groupe de 15 personnes)

- Agent technique de vente en magasin
Tetranergy et GEM Formation (2 groupes de 15 personnes)

- Découverte des métiers
Vaguemestre Communication et Ordia (2 groupes de 15 personnes)

- Initiation informatique
SAF, IFPA, Axiom, AFSOI (8 groupes de 10 personnes)


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