
Une nouvelle prison au Port : une hérésie !
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À la mémoire de Brigitte Croisier
8 mars 2021, par
Féminisme et religions n’ont pas la réputation de faire bon ménage. Pour bon nombre de féministes des années 1960 à nos jours, féminisme et religions sont franchement incompatibles. En se dénudant dans la cathédrale de Notre-Dame de Paris, le 12 février 2013, les neuf militantes Femen ‒ mouvement féministe créé en 2008 en Ukraine ‒ ont voulu marteler par une action spectaculaire et provocatrice cette dite incompatibilité ou rupture entre féminisme et religions considérée comme un des piliers du patriarcat.
A propos du féminisme et du christianisme, Simone de Beauvoir (1908-1986), qui a marqué toute une génération de femmes, écrit ceci : « Dans une religion où la chair est maudite, la femme apparaît comme la redoutable tentation du démon, et l’idéologie chrétienne n’a pas peu contribué à l’oppression de la femme » (In Le deuxième sexe, cité par Claudette Marquet, Dieu est-elle ?, In Autres Temps, Les Cahiers du christianisme social, n°22, 1989).
Cette posture critique n’est pas sans fondement. Elle repose d’abord sur le constat du statut subalterne réservé aux femmes au sein des religions monothéistes, bouddhistes et autres. De fait, les femmes en général n’accèdent pas ou difficilement aux fonctions institutionnelles d’autorité et de pouvoir dans ces grandes religions. Dans certains cas, elles sont même marginalisées à l’intérieur des lieux de culte, voire exclues de certains rituels. Et cette hiérarchie bien présente entre les sexes n’est nullement accidentelle. Elle trouve son fondement dans une certaine lecture des textes fondateurs ou dans les traditions religieuses postérieures affirmant la hiérarchie Dieu/homme/femme, et pour le christianisme la hiérarchie Dieu/Christ/Homme/femme.
On rappelle, selon cette lecture, qu’Ève, la première héroïne biblique, est créée la seconde comme une aide pour l’homme et à partir de lui, selon le livre de la Genèse (2, 18-24). En outre, elle est la tentatrice [1], celle par qui le péché est entré dans le monde. La nature de la femme, toujours selon cette lecture, consiste à être une aide pour l’homme en vue de la procréation, un être subordonné à l’homme ‒ « À la femme, il dit " Je multiplierai les peines de tes grossesses, dans la peine tu enfanteras des fils. Ta convoitise te poussera vers ton mari et lui dominera sur toi" » (Genèse 3, 16/Bible de Jérusalem).
Cette lecture de la Genèse, utilisée comme justifier la condition inférieure de la femme et sa soumission à l’homme, sera reprise au cours des siècles par les grands penseurs religieux nourrissant l’imaginaire des sociétés et l’inégalité hommes-femmes dans les sociétés. Une lecture un peu plus nuancée circule encore aujourd’hui dans nos Églises et nos confessions religieuses où les femmes sont maintenues à l’écart des postes de pouvoir et fréquemment renvoyées à leur nature et à leur fonction de mère et d’épouse. Il faut bien reconnaître la marque d’une culture patriarcale dans nos religions monothéistes où Dieu est pensé au masculin.
On comprend dès lors que pour les féministes non croyantes, marquées par un certain laïcisme, particulièrement en France, le combat pour la libération des femmes passe par la rupture avec ces grandes confessions religieuses, voire avec toute forme de croyances et de pratiques religieuses, jugées nécessairement discriminatoires et aliénantes.
Toutefois, si dès la fin du XIXe siècle, se dire féministe et chrétienne, notamment en France et plus particulièrement dans le catholicisme, relève d’une certaine incongruité, cela n’a pas toujours était le cas. Les historiennes du féminisme ‒ Florence Rochefort, Mathilde Dubesset, Elisabeth Dufourcq… ‒ nous montrent que le féminisme a eu, notamment aux États-Unis et en Angleterre, des racines religieuses, que la dimension religieuse fut même au cœur de l’engagement militant de nombre de précurseures et pionnières du mouvement. Elles citent, entre autres, les noms : de Sojourner Truth (1797-1883), abolitionniste et militante des droits des femmes, connue pour son célèbre discours : « Ne suis-je pas une femme ? », des Sœurs Grimké, Sarah (1792-1873) et Angelina (1805-1879), luttant à la fois pour les droits des femmes et l’abolition de l’esclavage en se référant à la Bible (Cf. Lettres sur l’égalité des sexes de Sarah et l’Appel aux femmes chrétiennes du Sud d’Angelina) [2], d’Elisabeth Cady Stanton (1815-1902) qui édita en collaboration avec un groupe de femmes, entre 1895-1898, une Bible de femmes (Woman’s Bible) en sélectionnant les passages traitant des femmes selon une approche critique pour contester la position traditionnelle de l’orthodoxie religieuse selon laquelle la femme devait être soumise à l’homme.
Bref, grâce à des historiennes et des spécialistes du féminisme, on sait aujourd’hui, que de Christine de Pisan (1364-1430), philosophe et poétesse, aujourd’hui considérée comme l’une des premières féministes de l’histoire, à Marie Gérin-Lajoie (1890-1971), féministe québécoise, pionnière du travail social, en passant par les sœurs Grimké (voir plus haut), qu’il y a eu, avant la constitution du féminisme comme mouvement, des militantes qui ont œuvré activement pour l’émancipation des femmes sans rompre avec leurs convictions et pratiques religieuses. Et ce, tout en voulant rompre clairement avec la tradition patriarcale prégnante dans leur milieu religieux respectif.
Elles nous montrent également que même dans un cadre religieux à domination masculine, des femmes ‒ moniales musiciennes du Moyen-âge, religieuses missionnaires, supérieures de congrégations catholiques… ‒ ont pu, en appuyant sur leur culture religieuse, accéder à des possibilités d’expression et d’action. Et de citer, entre autres, le cas :
- de Hildegarde de Bingen (1098-1179), religieuse aux multiples talents, considérée comme l’une des premières compositrices de l’histoire de la musique européenne et comme la première phytothérapeute moderne ;
- de Sainte Thérèse d’Avila (1515-1582), grande figure mystique espagnole et femme d’audace et d’action qui sillonne l’Espagne jusqu’à sa mort pour fonder des monastères. Pour ma part, je citerai volontiers le nom de la sœur mexicaine Juana Ines de la Cruz (1648-1695).
De ce qui suit, nous constatons que bien avant la naissance du féminisme en tant que mouvement collectif dans la première moitié du XIXe siècle des revendications féministes ont émergé au sein de diverses confessions religieuses où des femmes se sont battues pour leurs droits et ceux de leurs sœurs. Depuis, elles n’ont jamais cessé de lutter, tout en cherchant à se structurer et s’organiser. Et ce, malgré les obstacles et les résistances, particulièrement au sein du catholicisme qui se positionne comme le garant de l’ordre naturel et familial. « Le féminisme catholique est dans une difficulté, reconnaît la théologienne moraliste Véronique Margron. Il faut qu’il puisse promouvoir la place des femmes tout en signifiant qu’il ne porte pas l’ensemble des revendications féministes sociétales, notamment en matière de sexualité et d’IVG. Cela met les théologiennes catholiques féministes dans une tension assez forte » [3]. Une tension qui s’accentue avec les questions du mariage pour tous, de l’homoparentalité…
Même si l’engagement pour les droits des femmes ne va pas de soi au sein de l’Eglise catholique où la vision androcentrique [4] reste toujours vivace, des théologiennes qui se disent féministes et/ou éco-féministes [5] se lèvent également au sein du catholicisme, non seulement pour s’interroger sur les stéréotypes sexuels, la nature, le rôle des femmes, mais pour revendiquer une place reconnue aux femmes dans les structures ecclésiales. Ces théologiennes, en lien parfois avec des théologiennes protestantes, ont commencé par revisiter la Bible pour montrer comment certains textes (notamment Genèse 2, 18-24) ont été utilisés pour justifier le rôle second de la femme, tout en mettant en question l’image prédominante de la paternité de Dieu. D’autre part, à l’aide d’autres textes, elles découvrent une perspective de libérations des contraintes masculines et sociales. Elles disent ne pas comprendre comment une religion fondée sur l’annonce de la bonne nouvelle aux pauvres et la libération des captifs (Luc 4,18) ait pu, de fait, accepter que soit asservie la moitié de l’humanité que sont les femmes.
On trouve aujourd’hui des féministes dans toutes les religions et nouveaux mouvements religieux (Wicca, culte de la Grande déesse, etc). En islam des femmes qui se disent féministes et musulmanes élaborent un discours rigoureux sur l’égalité des genres dans tous les domaines, en mettant à mal le lien entre islam et patriarcat. La parole de ces féministes croyantes ‒ chrétiennes, juives, musulmanes, bouddhistes et autres ‒ est malheureusement très peu connue. Certes, elle est écoutée dans les milieux universitaires et là où on considère que la vie spirituelle peut être une ressource pour la mobilisation des femmes, mais pas assez entendue dans leur confession respective. Pourtant, elles apportent quelque chose de nouveau, ne serait-ce que dans leur manière de dire Dieue avec « une plus grande sensibilité à la féminité de Dieu, discret, tendre et compassionnel », comme le souligne le théologien suisse Daniel Marguerat (In La Croix, 03/12/2019).
Reynolds Michel
Sources :
LETOURNEAU Anne et ROY Marie-Andrée, Perspectives pour penser, créer et agir les féminismes dans le champ religieux, In Religiologiques, n° 36, printemps 2018.
HAUSSER Elisabeth, Les théologies féministes, WWW.museeprotestant.org.
BADRAN Margot, Où en est le féminisme islamique ? In Critique internationale 2010/1, n° 46.
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