Femmes violentées

24 novembre 2006

• ... de M.

Je m’appelle M., mon père buvait et frappait ma mère. A la fin, il la frappait toutes les semaines. Ma mère en a eu marre. Elle a rencontré quelqu’un d’autre et a quitté mon père. À partir de ce moment-là, j’ai été ballottée d’un coin à l’autre (chez mon père, chez ma mère). L’homme qui vivait avec ma mère était violent avec moi et mes frères et sœurs.
J’ai rencontré mon mari à 17 ans. Mon mari a demandé ma main à ma mère et ma mère m’a poussée dans ses bras comme elle l’a fait avec mes autres sœurs. Au début, ce n’était pas l’amour fou, mais j’ai surtout été attirée par ses parents. Je me suis fiancée à 18 ans. Je pensais que je vivais un conte de fées. Sa famille m’offrait plein de cadeaux et l’affection que je n’avais pas eue de ma famille. J’ai alors arrêté d’aller à l’école et j’ai commencé à travailler. Je gagnais 12.000 francs à l’époque et ma mère me prenait 10.000 francs. Il voulait déjà à ce moment-là m’empêcher de travailler car on allait bientôt se marier. Puis j’ai reçu mon préavis. Dès les fiançailles, on a eu quelques petites querelles, mais rien qui m’ait alarmé. Je me suis mariée à 19 ans. J’ai eu ma première claque 2 mois après le mariage. Puis, quand j’ai été enceinte, il a commencé à devenir vulgaire. Quand je devais aller chez le gynécologue, il disait : « Tu vas encore écarter les jambes... ».

Quand j’ai été enceinte de 7 mois, il m’a poussée dans les escaliers. Après l’hôpital, je suis retournée chez ma mère, mais mon mari et ma belle-famille m’ont convaincu de réessayer pour le bébé. Ma mère aussi me faisait comprendre que je ne pourrais pas rester chez elle. J’y suis donc retournée. Jusqu’à la naissance, ça a été, il a été correct. Après l’accouchement, j’ai fait une dépression car je voyais que mes beaux-parents prenaient emprise sur mon fils et cela a continué. Après quelques mois, je me suis doutée qu’il avait une maîtresse et je lui ai demandé. Il a alors vu que je me "réveillais" et les disputes ont commencé : « Pute comme ta mère ».
Quand Mathieu a eu 11 mois, j’ai recommencé à travailler. Au début, il a bien voulu puis il a voulu que j’arrête. Puis, j’ai de nouveau été enceinte et il a voulu que j’avorte, moi pas. Et là, a commencé le calvaire. Après les grossièretés et les disputes sont venus les coups parce que je lui ai tenu tête.

Quand les enfants ont commencé à grandir, la violence devenait de plus en plus régulière et plus forte, et devant les enfants. Le dernier mois, il ne se calmait plus. Plusieurs jours d’affilée, il m’empêchait de dormir... J’avais peur, je ne dormais plus, je ne mangeais plus correctement. Les enfants aussi avaient peur. Il m’obligeait à rester nue devant les enfants et les coups qu’il me donnait étaient apparents.
Ce jour-là, si je n’étais pas partie, soit c’était lui qui me tuait, soit c’était moi, tellement j’avais des idées noires dans la tête. J’avais vraiment de la haine pour lui les derniers temps, je n’avais plus envie de lui parler. Il y avait comme une planche en bois entre nous.
Aujourd’hui, j’ai repris confiance en moi, j’ai extériorisé ma personnalité. J’avais envie de couper mes cheveux, je les coupais. J’avais envie de sortir, je sortais.
Mes enfants m’ont beaucoup aidée aussi. Maintenant, je vis seule avec mes 3 enfants. On est bien, on n’entend plus crier à nos oreilles, on n’a plus peur dès qu’on se lève, on est à l’aise. On a un mode de vie normal. Je ne me suis jamais sentie aussi bien que maintenant, c’est une vraie renaissance pour moi et mes enfants. Et, bien qu’il continue à me harceler, nous gardons le dessus.

• ... de B.

J’ai rencontré cet homme à l’hôpital. Lui était en cure de désintoxication, je ne le savais pas. Au début, il était gentil. On s’est vite mis ensemble car il était tout seul et moi aussi. Je suis allée chez lui, mais très vite, il s’est remis à boire et il ne supportait pas que je m’occupe de mon fils le week-end (il revenait de l’internat).
Avant de le connaître, je me maquillais tous les jours. Avec lui, je n’avais plus besoin de me maquiller puisque je ne sortais pas. Il fallait faire les choses comme il voulait, quand il voulait, même la nourriture.
Puis, il y a eu une première grosse dispute et je suis partie, mais il est venu me rechercher et je suis retournée car mon fils étant pensionnaire, j’étais isolée. Je ne voyais plus ma famille car il m’avait fait vendre ma voiture. Pour lui, on n’avait pas besoin de 2 voitures. Mais je ne pouvais pas avoir la sienne. C’est la somme de plein de petites choses qui paraissent insignifiantes mais quand on fait le bilan !!!
Au matin, avant d’aller travailler, il m’aurait bien fait mon emploi du temps, les produits à utiliser... Au bout d’un moment, on ne répond plus car il démontrait toujours par “a + b” qu’il avait toujours raison et moi tort. Financièrement, il me prenait tout car il disait que j’étais nourrie, blanchie... Je ne m’accordais plus aucun plaisir, alors qu’avant, j’étais indépendante, j’ai vécu toute seule avec mes 2 gamins, j’avais mon auto...
J’avais peur quand venait le moment où il revenait du travail. Je passais toutes les pièces en revue pour qu’il n’ait rien à redire, mais il trouvait toujours quelque chose.
C’est vrai que cela n’a pas été de violences physiques, mais moralement, ça a été très dur.
Maintenant, je vis seule dans un studio, je travaille énormément, mais je suis bien. Plutôt « crever » que de retourner avec. Cela fait 8 mois et il vient encore m’embêter, faire des menaces si je ne retourne pas avec lui. Il m’a beaucoup fait douter de moi, mais je commence peu à peu à me réaffirmer.

S.P.


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