Alors que les actes d’hostilité se multiplient

France : le HCR préoccupé par le sort des réfugiés et migrants à Calais et Dunkerque

8 février 2016

Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a fait part vendredi de sa préoccupation concernant les conditions dans lesquelles vivent les réfugiés et les migrants à Calais et à Dunkerque, dans le nord de la France, en particulier les enfants.

Des milliers de demandeurs d’asile et de migrants de Syrie, d’Iraq, d’Ethiopie, du Soudan, du Pakistan et d’Afghanistan vivent dans des abris de fortune ou dans les rues à Calais, en France. Photo HCR/C. Vander Eecken

« On estime à environ 4.000 le nombre actuel de réfugiés et migrants dans la “jungle” de Calais et à près de 2.500 ceux de Grande-Synthe, dans la banlieue de Dunkerque, vivant dans des circonstances difficiles et aggravées par la saison hivernale », a déclaré un porte-parole du HCR, William Spindler, lors d’une conférence de presse à Genève.

« Le HCR est particulièrement préoccupé par les conditions de vie des enfants, notamment les enfants non accompagnés et séparés, et se féliciterait de la création de places d’accueil d’urgence supplémentaires comme le centre pour enfants (Maison du jeune réfugié) à St Omer (géré par France terre d’asile), ou d’autres structures qui répondraient aux besoins des enfants en matière de protection, y compris ceux qui sont âgés de moins de 15 ans », a-t-il ajouté.

L’agence onusienne estime également nécessaire d’explorer rapidement des alternatives pour simplifier les procédures de protection de l’enfance, et en particulier les enfants ayant des proches se trouvant dans un autre État membre de l’Union européenne.

Information et aide juridique

Le HCR se félicite des mesures déjà prises par les autorités françaises pour fournir une assistance d’urgence aux réfugiés et aux migrants vivant à Calais et à Grande-Synthe afin de répondre aux besoins humanitaires urgents.

Ces mesures comprennent la création d’un centre temporaire, le « Centre d’accueil provisoire » (CAP) à Calais, géré par La Vie active, et la relocalisation volontaire des réfugiés et des migrants dans des centres d’hébergement, les « Centres d’accueil et d’orientation »(CAO) à travers tout le pays. Ces centres fournissent un accueil d’urgence aux personnes qui le souhaitent, qu’elles aient déjà déposé ou non une demande d’asile.

Selon une évaluation récente du HCR, il serait bénéfique pour les réfugiés et les migrants qu’ils reçoivent davantage d’informations sur la procédure de demande d’asile en France, ainsi qu’une aide juridique. Actuellement, les résidents de la “jungle” de Calais reçoivent des informations contradictoires voire inexactes et ce, de différentes sources.

« Renforcer la coordination entre tous les acteurs pour fournir une assistance, ainsi que des informations précises et objectives, serait nécessaire, y compris pour les personnes résidant dans les CAO », a dit le porte-parole. « Au mieux, l’aide humanitaire fournie dans ces lieux est une intervention palliative pour soulager les pires souffrances. Les personnes concernées devraient être informées sur les alternatives offertes en France. Celles ayant besoin d’une protection internationale devraient être fortement encouragées à déposer une demande d’asile en France. Elles doivent également être informées des conséquences possibles si elles ne le font pas. Il serait également important de fournir des conditions d’accueil adéquates, une assistance, y compris une aide juridique, ainsi que des soins psychosociaux ».

Responsabilité morale

Rappelons que vendredi, le Représentant spécial du Secrétaire général pour les migrations internationales, Peter Sutherland, avait souligné la responsabilité morale des pays européens d’aider les réfugiés qui se pressent à leurs frontières et a dénoncé l’érection de barrières et de barbelés pour les empêcher d’entrer.

« Les clôtures de barbelés, les frontières sont en train de réapparaître dans une Europe qui avait pensé en 1989, au moment de l’effondrement du Rideau de fer, que c’était la fin d’une Europe divisée par des frontières. La réapparition de frontières défie l’intégration de l’Union européenne, et plus particulièrement la responsabilité morale des Etats d’aider les réfugiés et de leur fournir un asile », a dit M. Sutherland lors d’une conférence de presse à Genève.

Il a rappelé que le Liban, la Jordanie et la Turquie accueillaient une proportion très importante de réfugiés à la suite de ces développements en Europe.

« Plus de deux millions de réfugiés sont accueillis par la Turquie, où le Premier ministre a hier confirmé son intention d’accorder des permis de travail aux réfugiés et prend des mesures pour intégrer les réfugiés venant de Syrie dans le système éducatif et de santé », a souligné M. Sutherland.

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