Combat contre les violences faites aux femmes

Huguette Bello réclame l’adoption d’une loi-cadre

22 avril 2011, par Sophie Périabe

Chaque jour, trop de femmes meurent sous les coups de leur compagnon partout dans le monde. Alors que d’autres pays en ont fait une priorité en adoptant une loi-cadre, la France est toujours à la traîne dans ce domaine, ce que dénonce la députée-maire de Saint-Paul.

« L’élimination des violences faites aux femmes doit devenir une priorité », indique d’entrée Marie Lou Richauvet, membre de l’Union des femmes réunionnaises (UFR).
Récemment encore, une jeune femme est morte à Saint-Louis sous les coups de son ex-concubin, vivant mal la séparation. Coralie a laissé derrière elle deux enfants et une famille dans la douleur et la souffrance.
Bien sûr, personne ne peut rester indifférent devant un tel drame humain. « Mais la compassion, ni la prière ne suffisent », insiste Huguette Bello.
Les violences faites aux femmes doivent être considérées comme « l’un des plus grands scandales en matière de droit humain. C’est un phénomène universel qui dépasse les clivages sociaux et ignore les frontières géographiques », poursuit la députée-maire de Saint-Paul.
Selon une enquête de l’ONU, ces violences seraient la première cause de mortalité et d’invalidité chez les femmes, d’où l’importance de ne pas banaliser ces brutalités comme cela est trop souvent le cas. D’ailleurs, l’ONU a créé le 2 juillet 2010 ONU Femmes, une entité chargée d’atteindre l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.
Par ailleurs, la députée Huguette Bello avait, en novembre 2007, déposé une proposition de loi visant l’adoption d’une loi-cadre contre les violences faites aux femmes, comme l’a fait l’Espagne en 2004. « Cela est resté lettre morte », déplore la présidente de l’UFR.

Des mesures d’urgence existent

Elle demande que les politiques se penchent sur ce problème. À La Réunion, une enquête a révélé que 10% des femmes interrogées se disent victimes de violence, « combien ne le disent pas ? » Dans le même temps, notre île ne comptait que 81 places d’accueil en hébergement en 2008. La France métropolitaine n’en totalise que 1.237 alors que l’Allemagne, par exemple, en compte 45.000. C’est dire combien la France est en retard en la matière.
« Dans d’autres pays européens, les moyens financiers sont 3 à 5 fois plus importants qu’en France. Nous manquons de moyens alors que c’est une vraie affaire d’État ».
Dans ce domaine, la prévention est également un volet fondamental, à travers les associations, les médias. Selon Huguette Bello, il ne s’agit pas que de l’affaire d’une association, « c’est aussi l’affaire de tous ».
Aux côtés de la présidente de l’UFR, Brigitte Hoarau, avocate, demande également que « tout fait de violence, physique ou morale, soit pris en compte. Il est important d’améliorer l’accueil et l’accompagnement de ces personnes dans les commissariats et les gendarmeries ».
Trop souvent les femmes sont renvoyées chez elles après avoir déposé une main courante.
Selon l’avocate, des moyens d’urgence, méconnus des femmes, existent, notamment des mesures d’éloignement lorsqu’elles se sentent en danger.
Le suivi des victimes est important tout comme celui des personnes qui ont commis les actes de violence, « là encore les dispositifs sont insuffisants », dénonce la juriste.
Cette dernière réclame aussi l’adoption d’une loi-cadre contre les violences faites aux femmes. Mais face à un tel gouvernement, il faudra attendre 2012 et « un gouvernement de gauche » pour que ce problème soit reconnu à juste titre.

 Sophie Périabe 

Huguette Bello

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