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“La bête que j’ai été” de Jean-Pierre Gosse
10 mai 2005
En 1963, Michel Debré, député, a un plan “formidable” pour résoudre les problèmes de chômage et de surnatalité à La Réunion. Il décide d’expédier des enfants dans les campagnes métropolitaines en manque de main-d’œuvre servile. Derrière les bonnes intentions de l’époque se cache en fait un scénario inimaginable. Jean-Pierre Gosse l’a vécu et le raconte dans “La bête que j’ai été” aux Éditions Alter Ego.
(page 8)
"Si tu couches avec une truie, j’espère que j’aurai de beaux cochons noirs". Cette phrase résume parfaitement la vie atroce de Jean-Pierre Gosse, expédié dans la Creuse dans les années soixante. Des mutilations physiques aux humiliations verbales. Ce Dionysien, né le 3 décembre 1951, a vécu à Prima. Sa mère est bonne chez les “métros” et elle gagne très peu d’argent. Malgré des conditions sociales précaires, il mène une vie normale.
Avec deux bouches en moins...
En 1962, le cyclone Jenny emporte de nombreuses cases. Au même moment, des travailleurs sociaux arrivent dans l’île. Les familles n’ont plus de toits, ils leur proposent de placer les enfants dans le Foyer de Hell-Bourg à Salazie. Cette structure est en réalité "une maison de redressement pour les jeunes délinquants". Ce premier séjour se déroule bien et il retourne à Prima. Sa mère a pu reconstruire la maison grâce à l’argent de l’État.
Entre temps, les travailleurs sociaux se rendent auprès des familles défavorisées. Ils les pressent, "avec deux bouches en moins à nourrir, ce sera plus facile". Ils organisent des réunions et ils affirment que "vos enfants vont faire de bonnes études. Ils vont devenir des notables en Métropole. Et puis ils reviendront tous les ans". Certaines familles se disent “Pourquoi pas ?”
Du pain rassis
Entre temps, Jean-Pierre Gosse retourne au Foyer de Hell-Bourg. Le discours change et une certaine discrimination voit le jour : certains, on les appelle le "cafre" ou "yab". La vie pour ces enfants devient un calvaire. Ils sont debout à quatre heures. Après une douche glaciale, ils creusent une piscine encore visible de nos jours. Une heure et trente minutes plus tard, un plein de vitamines leur est servi : "du beurre, du pain rassis d’où sortaient des cancrelats".
Un jour, il est très fatigué et il le fait savoir. Les moniteurs l’entendent et lui proposent un moment de détente. Ils le font s’agenouiller sur un tronc d’arbre avec une grosse pierre sur sa tête qu’il tient. Au bout de trente minutes, ses genoux sont en sang. On l’emmène à l’infirmerie et l’après-midi il recommence à travailler comme si de rien était. Il est témoin aussi de scènes insoutenables : "une nuit, j’ai été réveillé par les pleurs d’un de mes amis... Le moniteur lui faisait son affaire". Les filles pubères se sont retrouvées enceintes aussi.
On le nourrit de restes partagés avec le chien
Un soir, soixante-dix gosses sont sélectionnés. On leur remet un pantalon, une veste et des chaussures. Le lendemain à cinq heures, on les réveille. Une heure et trente-cinq minutes plus tard, le premier convoi se met en route vers l’aéroport. Les enfants demandent aux moniteurs : "où allons-nous ?". "En Métropole, vous reviendrez l’an prochain. Ça fait partie des activités d’Hell-Bourg". Le Boeing décolle en décembre 1966, un beau cadeau de Noël pour ces gosses innocents.
En plein hiver, ils débarquent au Foyer de l’Enfance de Guéret dans la Creuse. Une belle carrière de notables les attend. On les réunit dans une salle comme à la “foire”. Un éleveur de moutons choisit Jean-Pierre Gosse. Chez lui, il dort dans la grange. On le nourrit de restes partagés avec le chien, agrémentés de vomi de bébé. Ensuite, on le place chez un éleveur de cochons. Les conditions de vie s’améliorent “sensiblement”, avec un repas par jour composé de pain de la veille, de fromage et de granulés pour porcs.
Trente neuf ans plus tard, Jean-Pierre Gosse retrace cette vie de bête avec une pointe d’humour noir. Guillaume Clavaud, journaliste au quotidien “l’Indépendant” a recueilli son témoignage. Jean-Pierre Gosse insiste sur le fait que cette expédition ait été planifiée. De La Réunion à la Creuse, des hommes civilisés l’ont humilié et mutilé. Il n’a pas baissé les bras et s’est reconstruit au fil des jours. Aujourd’hui, c’est auprès de sa blonde, une Creusoise, Geneviève, qu’il a retrouvé l’enfant et l’être humain oubliés en lui.
Jean-Fabrice Nativel
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