Ingrid Betancourt est libre

4 juillet 2008

L’otage franco-colombienne Ingrid Betancourt, trois otages américains et onze militaires colombiens ont été libérés par l’armée colombienne, a annoncé hier mercredi à Bogota le ministre colombien de la Défense, Juan Manuel Santos.

La présidence française a confirmé mercredi en fin de journée la libération d’Ingrid Betancourt. La famille a d’ailleurs été reçue à l’Elysée en fin de journée.
« C’est une immense joie, une joie indescriptible. Je n’arrive pas à y croire », a déclaré Lorenzo Delloye, le fils d’Ingrid Betancourt.
Les otages, parmi lesquels les Américains Marc Gonsalves, Thomas Howes et Keith Stansell, ont été libérés lors d’une opération héliportée de l’armée, a ajouté le ministre au cours d’une conférence de presse.
Onze militaires colombiens, principalement des officiers, ont également pu retrouver la liberté lors de cette opération, menée dans la province de Guaviare, dans le Sud-Est de la Colombie, selon le ministre.
« Les otages ont été libérés lors d’une opération militaire au cours de laquelle il a été possible d’infiltrer le premier cercle des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (Farc), celui qui a surveillé pendant les dernières années un important groupe d’otages », a précisé le ministre de la Défense.
Ingrid Betancourt, souriante et vêtue d’un treillis militaire, ses longs cheveux noués sur la nuque, est descendue la première de l’avion qui l’amenait à Bogota et s’est jetée dans les bras de sa mère, Yolanda Pulecio, puis dans ceux de son mari, Juan Carlos Lecompte.

Ingrid Betancourt : « ouvrir le chemin de la paix »

« Cette opération de paix va entrer dans les annales de l’Histoire, pas seulement la nôtre, mais celle du monde entier », a affirmé Ingrid Betancourt dans une déclaration radiotélévisée transmise depuis le palais présidentiel où s’était exprimé peu auparavant le président colombien Alvaro Uribe.
Ingrid Betancourt a également émis l’espoir que sa libération mercredi soir et celle d’autres otages colombiens et de trois ex-agents anti-drogue américains puisse « ouvrir le chemin de la paix ».
Le gouvernement vénézuélien s’est réjoui de la libération de 15 otages retenus par la guérilla colombienne, dont la Franco-colombienne Ingrid Betancourt, et a demandé aux Farc de libérer toutes les personnes qu’elles détiennent.
Hervé Marro, le président du Comité de soutien à Ingrid Betancourt, a salué dans la nuit de mercredi à jeudi « l’aboutissement d’un combat pour la liberté » après la libération de la sénatrice franco-colombienne.
« Notre joie est immense car ce soir, c’est l’aboutissement d’un combat pour la liberté qui rayonne. C’est la preuve que face à l’incertitude et au découragement, l’espoir finit par l’emporter », poursuit-il.
« Le Comité de soutien ne s’arrête pas là car il reste encore des milliers d’otages en Colombie, détenus par les Farc ou d’autres : nous nous battrons pour eux, comme nous l’avons toujours fait », ajoute Hervé Marro.
Ingrid Betancourt, 46 ans, ex-candidate écologiste à la présidence de la Colombie, était otage des Farc depuis plus de 6 ans.


Qui est Ingrid Betancourt ?

Née à Bogotá, en Colombie, le 25 décembre 1961, Ingrid Betancourt Pulecio passe la majeure partie de son enfance à l’étranger et surtout en France. Elle y étudie notamment à l’Institut d’Études Politiques de Paris où enseigne alors Dominique de Villepin avec qui elle se lie d’amitié. Française par son premier mariage, elle milite pour les Droits de l’Homme et contre l’injustice, la corruption et les narcotrafiquants.

En 1990, Ingrid divorce, revient à Bogotá et entre au ministère colombien des Finances. En 1994, elle est élue députée et en 1998, elle crée son parti, Oxígeno Verde, puis est élue sénatrice. Elle se prépare à se présenter à l’élection présidentielle lorsqu’elle est enlevée par les Farc le 23 février 2002 près de Florencia, en compagnie de sa directrice de campagne, Clara Rojas.

Pourquoi une telle mobilisation en France ?

Depuis l’enlèvement d’Ingrid Betancourt, la France est particulièrement mobilisée. En partie grâce à la famille de la Franco-colombienne, notamment sa fille, Mélanie Delloye Betancourt, qui a su occuper l’espace médiatique et interpeller jusqu’à l’Elysée sur la situation de sa mère. De plus, un Comité de soutien très actif s’est créé.

Enjeu politique en France

Le cas Betancourt est même devenu un enjeu au sommet de l’Etat. Dominique de Villepin, puis Nicolas Sarkozy ont tenté, en vain, de la faire libérer. Le premier, devenu proche de la famille Betancourt, s’y essaye en juillet 2003. Le 9 juillet, un avion de transport militaire atterrit sur l’aéroport de Manaus, au Brésil, à la demande de la famille Betancourt, dans le but d’exfiltrer Ingrid. A son bord se trouvent une équipe médicale et des diplomates, dont le chef-adjoint du cabinet du ministre des Affaires étrangères français, qui a décidé de l’opération. Il repartira le 13 juillet, sans Ingrid. L’opération, rendue publique, est source de tensions avec le Brésil et la Colombie, et de railleries envers Dominique de Villepin, accusé d’avoir fait cavalier seul sur cette délicate affaire.

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