Violences conjugales

« Je ne retournerai plus auprès de lui »

3 février 2012

Tirée d’affaire, Chantal l’est-elle ? Il est trop tôt pour se prononcer. Cependant, elle a entrepris une action courageuse.

Afin de préserver sa vie, une jeune femme témoigne sous le prénom de Chantal de son expérience de mariée marquée par les coups de sa moitié.

Cette fois-ci, c’est décidé, « je ne retournerai plus auprès de lui », martèle-t-elle. Depuis une vingtaine d’années, il ne cesse de la battre et de se comporter avec elle « comme si j’étais sa chose ».

« Je me suis sacrifiée pour lui »

« Je me suis sacrifiée pour lui. J’ai mis de côté ma famille, mes amis… et mes études », dit-elle, amère. Et ce, pour m’occuper essentiellement de la maison et de l’éducation des enfants. Lorsqu’il rentrait du travail, tout reluisait dans le foyer.

« J’étais à son service. Il s’asseyait dans le canapé, il me demandait de lui servir un verre, je le faisais volontiers », évoque-t-elle. Puis, « il mettait les pieds sous la table et je servais monsieur », décrit-elle.

« Le rôle d’une femme est d’être auprès de son mari et de le servir »

A la longue, Chantal s’ennuie au domicile. Elle confie à son compagnon son souhait d’entreprendre une formation ou rechercher un emploi. Il m’a répondu : « Le rôle d’une femme est d’être auprès de son mari et de le servir ».

Choquée par une telle réponse, Chantal voit s’écrouler tout l’espoir qu’elle avait mis en lui. Elle va monter au créneau et lui confier qu’elle ne supporte plus cette vie. « En guise de réponse, j’ai eu une paire de claques », s’aperçoit-elle.

Des coups pour « un oui ou un non »

Les coups vont ensuite “pleuvoir” pour « un oui ou un non ». Sans compter ce qu’elle a dû subir sous la contrainte — vous imaginez un peu. Toutes ces violences, elle les a encaissées sans les dire à quiconque.

Récemment, lors d’une énième dispute, « il s’est demandé ce qui le retenait de me tuer », pleure-t-elle. « J’ai pensé à toutes ces femmes tuées par leurs compagnons. Je me suis dit : il est important que tu t’en ailles immédiatement ».

Partir au plus vite

« J’ai réuni quelques papiers et vêtements. Alors qu’il se trouvait à son travail — elle l’avait contacté —, un taxi est venu me chercher pour me déposer au domicile de l’une de mes amies », explique-t-elle.

Chez cette amie, il s’est pointé en début de soirée. Fort heureusement, elle ne s’est pas laissée intimider et la présence du concubin de son amie l’a dissuadé de toute tentative de pression.

Pendant un temps, elle a hébergé Chantal qui lui déversait des larmes et sa vie. Elle soupçonnait qu’elle était maltraitée, mais pas à ce point. Elle a remis de l’ordre dans sa paperasse et sa demande de location d’un logement a été positive.

Aujourd’hui, elle y vit non sans penser au danger que représente son ex. Ce qui l’importe aujourd’hui, c’est sa vie. Et pour la préserver, elle a décidé d’entamer une action en justice contre lui et de divorcer.

Fort heureusement dans cette affaire, les enfants de ce couple effectuent leurs études en France. A eux, elle leur a déjà tout raconté.

 Jean-Fabrice Nativel 


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