Lu dans “Libération”

« Je t’emmerde et je te mets un P.V. »

21 mai 2004

Dans le journal “Libération” paru le mardi 18 mai, la journaliste Patricia Tourancheau raconte le drame dont a été victime « un Réunionnais insulté et frappé par des policiers à Paris pour avoir traversé hors des clous ». On lira ci-après le texte intégral de cet article.

Dimanche 9 mai, à 23 heures 30, Patrick Marouvin, 35 ans, steward natif de La Réunion, sort du métro Château-Rouge à Paris et traverse la rue pour rejoindre son studio en face. Depuis une voiture de police garée à l’angle des rues Poulet et Custine, un agent l’apostrophe, agressif : "T’as pas vu que le feu est vert, là ! Allez, casse-toi et fais gaffe la prochaine fois !"
L’ex-majordome de la marine nationale réplique : "Vous n’avez pas à me tutoyer ni à me manquer de respect."
Le "très jeune flic blond-châtain" l’interpelle : "T’es un rigolo, je te tutoie et je t’emmerde, je te mets un PV." Une contravention à 4 euros pour "piéton traversant en dehors du passage".
Attendu chez lui, Marouvin remet sa carte d’identité aux trois policiers, propose de la récupérer le lendemain au commissariat avec le PV : "Je rentre chez moi." Le voilà interpellé à la hussarde, bras et tête maintenus en arrière, menottes serrées, et victime d’un violent coup de genoux dans les testicules.
Il appelle : "Au secours !" Une main se plaque sur sa bouche. Ils l’embarquent. Le benjamin des flics lui rappelle ses origines, "chez toi, tu ferais pas ça", lui souffle sa fumée à la figure et menace : "Un huissier viendra te voir et tu casqueras tous les mois, toute ta vie."
Du commissariat central du 18ème, les mêmes le conduisent au Service d’accueil, de recherche et d’investigation judiciaire (SARIJ), rue de la Goutte-d’Or. Garde à vue pour "outrage et rébellion".
Marouvin refuse de signer le P.V. de ses interpellateurs. Il réclame en vain un médecin. Il veut assister à la fouille de ses affaires : "J’ai trop peur qu’ils me rajoutent quelque chose comme dans “Midnight Express” ou qu’on me prenne de l’argent, c’est un tel cauchemar."
Il se retrouve dans la “cage” avec "des drogués". "J’ai du mal à croire que je suis en France. Mes testicules ont triplé de volume. Toutes les dix minutes, je demande à aller aux toilettes." Bientôt, le blessé suffoque à terre. Un gardien de la paix déboule, "croit à un cinéma", et le gifle "4 ou 5 fois".
Enfin, au bout de trois heures de garde à vue, sans audition ni examen médical, une patrouille le transporte à l’Hôtel-Dieu : "Du miel, des anges, ces policiers-là. Ils m’ont rassuré et se sont excusés : "On n’est pas tous comme ça.""
Les médecins de l’Hôtel-Dieu l’ont expédié d’urgence au service d’urologie de l’hôpital Tenon. Les chirurgiens l’ont opéré le lendemain : hydrocèle et risques de stérilité, arrêt de travail jusqu’au 31 mai.
Son avocat, Julien Dreyfus, a dénoncé hier (lundi 17 mai - NDLR) ces violences policières à l’Inspection générale des services et déposé plainte avec constitution de partie civile. Le steward a reçu ses objets laissés au commissariat avec deux P.V. en plus : "Jet de détritus sur la voie publique", "Cris et vociférations de nature à troubler la tranquillité du voisinage".


Lu dans “Le Figaro”

Emploi : discriminations tous azimuts

Le journal “Le Figaro” du mardi 19 mai parle d’une enquête réalisée en France par l’Observatoire des discriminations de l’université Paris-I sur les discriminations sociales, raciales et autres dont sont victimes des personnes en recherche d’emploi. Extraits.

Sept curriculum vitae types ont été envoyés en réponse à 258 offres d’emploi dans une fonction commerciale pour mettre l’attitude des recruteurs à l’épreuve. Le résultat de ce testing, fruit de 1.806 courriers, confirme les inquiétudes du législateur : le handicapé n’a reçu que 5 invitations à un entretien, le Maghrébin, 14, l’homme de plus de 50 ans, 20, le jeune au visage disgracieux, 33, le Français de souche habitant une cité, 45, tandis que celui habitant Paris a reçu 75 réponses positives et la femme du même type, 69.
Pour ces postes de relations avec la clientèle, la discrimination s’avère "massive", selon Jean-François Amadieu, professeur à l’université Paris-I, conseil d’entreprise et coordinateur de l’étude.
À la tête de l’Observatoire des discriminations de l’université Paris-I, Jean-François Amadieu entend mesurer l’inégalité des chances face à l’emploi et son évolution. Pour ce spécialiste de la gestion des ressources humaines, ces mises à l’écart du marché du travail constituent un enjeu économique, social et politique.
De son côté, ADIA, quatrième société d’intérim en France avec 50.000 contrats par jour, a commandé ce travail pour préparer l’avenir : "Dans quelques années, nous souffrirons d’une pénurie de main-d’oeuvre. Nous préférons donc anticiper, explique Frédéric Girard, directeur du marketing. En s’intéressant uniquement aux compétences plus qu’aux qualifications, nous luttons contre les discriminations tout en fluidifiant le marché du travail."
Créé en novembre dernier, l’Observatoire était censé fournir des bases statistiques pour orienter la gestion des ressources humaines dans l’entreprise. Son influence pourrait s’accroître avec la création de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations début 2005. Car l’équipe de la Sorbonne a mis au point une technique de testing sur un large échantillon.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?

Messages

  • bonjour
    dernierement je me suis retrouvé 12 h en garde à vue avec une comparution devant le tribunal de grande instance de V(...) pour avoir eu une légère altercation avrc une jeune policiere municipale d’un village. a bout de nerf je lui ai lancé" je t’emmerde " !!! s’en est suivi un menottage muslé un rappatriement au poste de police municipal, un appel à la bac de V(...) et direction la cage pendant 12 h !!!depuis je ne "tourne plus tres rond,,j’ai perdu 8 kg !!!! qu’en pensez vou ! dois je porter plainte ??


Témoignages - 80e année


+ Lus