Violences conjugales

Johana et Marie-Pascale menacées de mort

6 décembre 2005

Hier après-midi à Saint-Paul, dans les locaux de l’Union des femmes réunionnaises (UFR), Johana Zuyderzee et Marie-Pascale Sery témoignaient des violences conjugales qu’elles ont subies. Aujourd’hui, leurs ex-compagnons ou “bourreaux” les menacent de mort.

Dans l’urgence, Huguette Bello, présidente de l’UFR, exposait "deux cas de santé publique" : Johana Zuyderzee et Marie-Pascale Sery. Pendant plusieurs années, du matin au soir, elles vivaient dans la peur et la terreur de leur compagnon.
Depuis 5 ans, Johana Zuyderzee, mère de 2 enfants, est séparée de son “bourreau”. Ses parents l’hébergent actuellement, mais tous les jours, elle croise son ex-compagnon. Dernièrement, il l’a menacée verbalement et physiquement en présence des enfants. Il est même allé jusqu’à détériorer sa voiture. Cette dernière a déposé plainte et le tribunal l’a condamné à des mois de prison ferme que jusqu’à présent, "il n’a pas purgés". Elle juge cette situation "intolérable". Aujourd’hui, Johana Zuyderzee n’a que 19 ans et souhaite mener une autre existence. Mais elle se trouve sous la surveillance permanente de son ex-ami. Que faire, s’inquiète-t-elle ?

Marie-Pascale Sery, mère de famille, demeurait à l’Île Maurice aux côtés de son mari. Après 14 années marquées fréquemment par "des insultes, des coups de pieds et de poings", elle décide enfin de le quitter. Elle revient habiter à La Réunion, dépose plainte et informe le Consulat de France à Maurice de son départ. Elle a rendez-vous auprès du Juge des affaires familiales à Saint-Denis. Peu de temps après, le Tribunal de Saint-Denis rend sa décision. "Il confie la garde des enfants au père", explique Marie-Pascale Sery. À Maurice, elle vivait "dans un taudis en présence d’un mari abonné aux stupéfiants". Aujourd’hui, elle dispose de conditions décentes pour éduquer les enfants et déplore ce verdict. En effet, à tout moment, le père peut reprendre les enfants.

Aujourd’hui, trop de femmes sont encore victimes de violences conjugales. Johana Zuyderzee et Marie-Pascale Sery vivent actuellement des instants terrifiants. Menacées toutes les deux de mort par leurs ex-amis, elles n’envisagent à aucun moment de baisser les bras. Huguette Bello demande expressément "le vote d’une loi cadre". Elle permettrait de mieux défendre les intérêts des femmes battues et marquées à vie par ces actes qui malheureusement s’enracinent au sein de la société réunionnaise.

Jean-Fabrice Nativel


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