Ces femmes qui vivent dans la rue

Judith : un pas vers l’emploi

25 juillet 2012

“Témoignages” a relaté dans l’édition du mercredi 18 juillet la situation de trois femmes sans domicile fixe (SDF) : Cathy, Josie et Géraldine. Une autre est relatée dans la présente, celle de Judith.

Judith — pour rester dans la discrétion — ne nous a rien dit sur son âge. A la regarder, on lui donnerait 18 ans tout au plus. Et encore ! Depuis le début de cette année, elle se retrouve à dormir tantôt à la rue, tantôt au domicile d’une personne compatissante.
Plus de père, ni de mère, un proche lui propose l’hébergement. Si tout se passe bien dans un premier temps, tout se dégrade dans un deuxième. Il lui fait comprendre sans prendre de gants qu’elle devient encombrante — au sens propre comme au figuré.
Sans rien lui dire, elle prend des papiers et vêtements, contacte une amie. Destination : Saint-Denis, l’eldorado ? Les retrouvailles entre elles sont chaleureuses. L’hospitalité lui est offerte. Cela dure quelques semaines. Encore un rude coup porté au moral de Judith.

Une nuit à risques

La première nuit passée dans la rue, « je m’en souviendrai à jamais ». En effet, elle l’a passée à marcher, se cacher. Ce n’est qu’au lever du soleil qu’elle dort quelques heures aux portes d’un immeuble.
Cette nuit, elle a rencontré des personnes aux intentions douteuses. Elles sont prêtes à l’accueillir. En échange, il lui est demandé de les satisfaire. C’est dire si la jeune fille panique, prend peur. A un moment donné, le pire a été évité.
Une nouvelle vie débute pour elle. Chez une amie, elle a déposé ses affaires. Chez une autre, elle dort occasionnellement. Entre temps, elle a postulé pour un emploi dans la restauration. L’entretien a été positif, Judith débute bientôt. Cela lui permettra d’entamer les démarches pour un studio. Le moral revient, et comme elle l’exprime, « mon keur lé léjé zordi ».

Ces confidences de personnes SDF nous interpellent. Témoignons-leur quand il le faut notre fraternité en leur laissant notre cœur ouvert.

JFN



Vivre au jour le jour !

Aujourd’hui, nombre de familles réunionnaises se demandent ce qu’elles vont manger midi et soir. Témoignages.

• Corinne
Mère célibataire sans emploi, elle a la garde de deux marmailles. Depuis le début de cette semaine, les deux repas quotidiens se résument à des spaghettis et quelques fois de viandes grillées.

• Patrick
Père en contrat précaire, il a le seul revenu familial. Vivant en couple, il bénéficie d’allocations pour les enfants et le logement. Dans le réfrigérateur, il reste quelques œufs, du lait, un peu de confiture. Et dans le placard, des boîtes de sardines et un sachet de riz.

• Jean
Retraité, il vit célibataire dans une petite case. La location soustraite, il compte ses sous. En tout, il dispose de 350 et quelques euros pour vivre. Fort heureusement, l’un de ses fils lui achète des fruits, légumes et de la viande.

• Jean-Claude et Chantal
L’un perçoit l’allocation pour personne handicapée et l’autre le RMI. « Avèk sa, i sa pa loin », dit le couple. Lui est propriétaire de la case et d’un lopin de terre. Une chance pour eux ! Croyez-vous cela ? Hélas, non. Il y a des taxes à payer. Et quand il faut passer à la caisse, les “frimousses” font grise mine. Dans leur cour, des volailles et lapins qui, le moment venu, agrémentent le repas.

En bref, il tarde à ce que des mesures concrètes soient prises pour améliorer la vie des Réunionnaises et des Réunionnais désœuvrés. L’emploi, comme martelé dans nos colonnes, est sûrement dans cette société la clé pour une vie juste.
Un ami me confiait récemment que la pratique du moring s’était développée à La Réunion et en dehors — notamment en France. Des adeptes se sont formés. Il y a une demande croissante. On intervient dans les établissements scolaires. Maintenant, il ne reste plus qu’à créer de véritables postes. Qu’est-ce qu’on attend ?

JFN

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