
Mal-do-mèr dann sarèt
28 juin, parLo zour la pokor kléré, Zan-Lik, Mariz é sirtou Tikok la fine lévé, mèt azot paré. Madanm Biganbé i tir zot manzé-sofé, i donn azot, zot i manz. (…)
Conférence de Geneviève Payet, Psychologue clinicienne
3 juillet 2006
Geneviève Payet, Psychologue clinicienne, a tenu une conférence sur “L’accueil de l’enfant migrant dans une structure petite enfance”. Le thème nous paraît si passionnant que nous publions, sous forme de feuilleton, l’essentiel de sa contribution qu’elle a exposée au Colloque pour une Anthropologie Medicale Appliquée à La Reunion.
De la migration...
L’arrivée croissante de familles migrantes modifie régulièrement le paysage social réunionnais et vient inévitablement nous questionner dans nos pratiques institutionnelles et professionnelles.
Bon nombre de ces familles sont, dès le départ, confrontées à de graves difficultés d’intégration. Plusieurs explications à cela : la précarité socio-économique, l’isolement linguistique, l’exclusion des circuits d’appropriation des savoirs, la stigmatisation sociale... En réaction à ce vécu potentiellement déstabilisant ces personnes, ces familles peuvent être tentées de se regrouper pour créer des passerelles entre ici et là-bas, du lien entre elles afin d’être moins seules. Mais c’est ainsi que des communautés ethniques s’isolent aussi parfois, au risque de devenir de véritables ghettos difficilement accessibles aux intervenants extérieurs.
Elles éprouvent alors le besoin de reconstituer ici le système sociétal qu’elles ont quitté là-bas en reproduisant des conditions de vie qui leur permettent de retrouver les règles d’échange et de transmission, les valeurs fondamentales et les interdits basés sur les principes religieux et traditionnels, les manières d’être, de penser, d’exprimer et de faire... En somme, tout ce autour de quoi se sont articulés leurs rapports inter-personnels (cadre culturel externe) et leur fonctionnement individuel (cadre culturel intériorisé).
Ce nouvel espace de vie, que constitue cette cité dans la cité, opère pour elles comme un lieu intermédiaire où se croisent leurs traditions d’origine et celles de la société d’accueil. Du fait de ce mixage et plus tard de ce métissage, cet espace a son fonctionnement spécifique : qui n’est ni celui qu’il était là-bas, ni celui qui existe tout autour ici. Il s’agit pour ces personnes migrantes d’instaurer de nouveaux repères collectifs et individuels, à la fois pour dépasser l’expérience, voire l’épreuve, de la séparation et pour mettre en œuvre celle d’un nouveau tissage, de nouvelles relations avec ceux d’ici.
Pour que cette migration soit un événement positif et structurant, c’est-à-dire source de dynamisme et de richesse, ce processus de séparation/intégration :
- d’une part, ne doit pas être pour celui qu’on accueille synonyme de rupture, de traumatisme, dans le sens d’un deuil, d’un échec, d’un rapt ou d’un abandon,
- d’autre part, il ne doit pas impliquer pour l’accueillant la reproduction du même, dans le sens d’une aliénation identitaire, afin d’éviter recueil de l’assujettissement et afin que soit respecté le droit à la différence, ou mieux, plus que le droit, le devoir d’être différent, c’est-à-dire d’être accueilli et respecté en tant que tel.
Examiné de plus près, il apparaît que chaque situation est singulière. Car le phénomène actif d’acculturation auquel aboutit le processus simultané de dé-liaison/liaison est différent dans chaque groupe, dans chaque famille et même pour chaque individu.
Pour toutes ces raisons, toute intervention auprès des personnes migrantes, et ce, quels que soient sa nature, ses modalités et ses motifs, ne devient efficace que lorsque la relation qui s’instaure avec l’autre lui garantit en retour une place et une identité dans la communauté qu’il a intégrée et au sein de laquelle il va pouvoir inter-agir.
Le processus migratoire
Mais avant de poursuivre notre réflexion sur cette expérience que constitue la migration, interrogeons de plus près la démarche dans laquelle se lancent (de gré ou de force) les candidats au voyage :
1) D’où viennent les personnes migrantes ?
Celles qui apparaissent au regard des professionnels (de l’accueil, de l’éducation, de la santé, de l’enseignement...) comme étant les plus en difficulté sont le plus souvent issus des pays de l’océan Indien (Madagascar, Comores, Mayotte...). D’après des statistiques établies sur la période allant de 1990 à 1997, près de 8.000 personnes (dont beaucoup de jeunes enfants) natives de ces régions se sont installées à La Réunion. En tenant compte du fait que le mouvement d’émigration des Réunionnais a connu une forte diminution dans la même période, le solde migratoire (différence entre le nombre de personnes venant résider à La Réunion et celui des personnes qui la quitte) est donc positif. Les migrants originaires de la zone océan Indien représenteraient environ le quart de cette nouvelle population accueillie à La Réunion.
2) Qui sont les jeunes migrants ?
Des pré-adolescents et adolescents, mais il s’agit aussi parfois de très jeunes enfants. Ces mineurs, bien qu’ils ne soient pas toujours accompagnés par leurs parents, ne sont pas des “mineurs isolés étrangers” (au sens du Haut Commissariat aux Réfugiés), en quête d’une terre d’asile où ils sont arrivés dans la clandestinité, parfois après un voyage très long au cours duquel ils ont été exposés ou confrontés à des dangers multiples. Non, le plus souvent ces jeunes migrants ont la nationalité française et sont accueillis par des membres de leur famille. Prudence cependant, car les liens de parenté et d’alliance ne correspondent pas toujours à ceux de la société d’accueil.
3) Quels sont les motifs de cette migration ?
A-t-elle été préparée ou non, acceptée ou non ? Force est de constater que des impératifs socio-économiques conditionnent bien des fois le degré de motivation et les attentes de ces personnes.
4) Comment s’est effectuée cette migration ?
Le travail d’approche des professionnels met en évidence que la famille initiale (celle qui vivait dans le pays d’origine) se reconstitue dans le pays d’accueil par étapes successives. Il convient de remarquer que les étapes de la reconstitution familiale (parents, fratrie, famille élargie) peuvent être très espacées dans le temps, partielles et déséquilibrées (mère seule, fratrie incomplète, présence d’un aïeul ou d’un jeune oncle...). Cette véritable recomposition familiale peut être aussi très provisoire et subir de multiples changements (en fonction des capacités de chacun de s’adapter et de s’intégrer au décours du processus migratoire, également en fonction des attentes de ceux qui sont restés dans le milieu d’origine). Ainsi le jeune enfant migrant va-t-il se retrouver dans un milieu familial qui peut être instable, fragile et fragilisé, amputé et complété par des éléments qui ne lui sont par vraiment proches. Donc dans un milieu où ses références affectives et symboliques risquent de ne pas s’inscrire dans la continuité et dans la consistance, sur des bases solides et cohérentes.
5) Cependant, dans certaines situations d’urgence où l’immigration peut être vitale, les signifiants et les codes de la terre d’accueil s’imposent alors avec force, sans possibilité de symbolisation. Dans ces situations difficiles, parfois dramatiques, c’est à travers la maladie et la souffrance que va s’exprimer la détresse psychologique, et le corps devient alors l’ultime recours pour faire signe au lieu de faire sens dans un environnement étrange et étranger qui s’impose brusquement à l’enfant. Et lorsque urgence rime avec violence, l’immigration rime avec l’expulsion et peut devenir synonyme d’exil.
(à suivre...)
Lo zour la pokor kléré, Zan-Lik, Mariz é sirtou Tikok la fine lévé, mèt azot paré. Madanm Biganbé i tir zot manzé-sofé, i donn azot, zot i manz. (…)
Le calendrier scolaire élaboré par le Rectorat pour les 3 prochaines années est désormais connu et fait débat. Pour cause, à l’exception de (…)
Sur proposition de Gérard COTELLON, directeur général de l’ARS La Réunion, Patrice LATRON, préfet de La Réunion, a décidé le retour au niveau 2 du (…)
Le Conseil départemental a décerné, le vendredi 27 juin, les prix « Thérèse Baillif » et « Célimène » lors d’une cérémonie organisée dans (…)
Les cours du pétrole ont connu une nette hausse à partir de la deuxième quinzaine du mois de juin, portés par l’extrême tension au Moyen-Orient et (…)
Mé dam zé méssyé, la sossyété,dsi la késtyonn fors néna la fors natirèl, sak wi gingn an néssan épi an grandissan korèktoman. Mwin lé sirésèrtin (…)
Le 16 juin 2025, le Tribunal administratif de Paris a suspendu en référé l’arrêté du 26 février 2025 ordonnant le blocage de 17 sites (…)
Le Président des Etats-Unis, Donald Trump a ordonné le bombardement de trois sites nucléaires en Iran, dans la nuit du 21 juin 2025. Dans une (…)
Les élus de Guadeloupe ont adopté des résolutions « sur la fusion des deux collectivités, sur les compétences et l’autonomie fiscale », le 17 juin (…)
Des manifestants, réunis le 23 juin devant les institutions européennes, ont demandé la suspension de l’accord d’association liant l’UE à Israël. (…)
L’État poursuit son engagement en faveur de la transition énergétique et de la décarbonation de l’électricité à La Réunion. À l’issue d’un appel à (…)
Normalien et énarque, chercheur en philosophie politique, Bruno Guigue est professeur invité à l’Université normale de la Chine du Sud (Canton) et (…)