
Mal-do-mèr dann sarèt
28 juin, parLo zour la pokor kléré, Zan-Lik, Mariz é sirtou Tikok la fine lévé, mèt azot paré. Madanm Biganbé i tir zot manzé-sofé, i donn azot, zot i manz. (…)
Geneviève Payet, Psychologue clinicienne
4 juillet 2006
Nous publions aujourd’hui la suite de notre article sur ’L’accueil de l’enfant migrant dans une structure petite enfance’, thème de la conférence tenue par la Psychologue clinicienne Geneviève Payet au Colloque pour une Anthropologie Médicale Appliquée à La Réunion.
Histoire d’Ibrahim, âgé de 2 ans et demi
Ibrahim est un petit garçon qui, vivant avec ses 2 parents aux Comores, a été confronté au décès de sa mère alors qu’il n’avait que 4 mois. Le couple devait aller s’installer en France et toutes les formalités avaient été faites lorsque la mère d’Ibrahim est morte subitement d’une crise cardiaque.
Un important conflit éclate alors entre les 2 familles :
Celle de la mère qui refuse de déclarer ce décès afin de "réutiliser les papiers officiels" (selon les déclarations de l’oncle d’Ibrahim) et celle du père. Face à cette situation, le père prend la décision de "sauver son fils" (qui a acquis la nationalité française par sa mère) en le confiant à son propre frère qui vit à La Réunion. Ce jeune oncle, qui est marié et fait ses études à l’Université, se sent alors pleinement investi de la responsabilité qui lui revient et prend le statut de représentant légal à l’égard de ce très jeune enfant qu’il connaît pourtant à peine.
Cependant, confronté à d’importantes difficultés dans les soins, l’éducation et les relations avec Ibrahim (qui l’appelle “papa”), cet oncle est très rapidement amené à se tourner vers les professionnels pour trouver aide, soutien et conseils, étant malgré tout habité par l’idée que "la pire des solutions ce serait de le renvoyer là-bas !". (sic).
Avec une telle histoire, le vécu et les réactions du petit Ibrahim sont fortement teintés d’anxiété et d’insécurité. Son comportement agité et destructeur, les distorsions dans ses relations, ses importantes difficultés de communication, son avidité (pire son ogralité) affective apparaissent immédiatement ingérables en collectivité pour les professionnels qui partagent avec la famille d’accueil sa responsabilité.
Et, dans ce contexte confus et douloureux, Ibrahim devient victime de maltraitances de la part de sa tante (elle-même Comorienne), qui se dit pourtant véritablement en position de substitut maternel. Cette jeune femme exprimera plus tard en consultations une forte culpabilité vis-à-vis de ses engagements et de cet échec ...
La problématique de l’altérité
Dans la pratique professionnelle, nous constatons couramment que l’accueil de ces personnes dans les différentes institutions (Services de Santé, Aide Sociale à l’Enfance, Protection Maternelle Infantile, Santé Scolaire, différentes structures de grade, etc.) peut se heurter à de réels problèmes de communication, d’adhésion et de prise en charge.
Parmi les facteurs source d’incompréhension, citons :
- la barrière linguistique
- l’identité des personnes concernées
- leurs habitudes de vie
- le codage culturel de leur demande, parfois de leur plainte
- l’identification et le statut du demandeur
- l’implication de divers membres de la famille, voire de l’entourage, dans la démarche
- l’accès aux règles de fonctionnement de chaque service
- l’engagement dans le cadre fixé avec ces personnes
- etc.
De fait, dans la relation entre les professionnels et les usagers, ces différents éléments sont susceptibles de générer d’un côté comme de l’autre des incompréhensions, des blocages, des conflits, et parfois même des contre-attitudes, quand ce n’est pas du rejet sous la forme de mouvements franchement discriminatoires.
De cette expérience de l’altérité peuvent émerger réciproquement des réactions spontanées incontrôlées, chargées d’agressivité, et qu’il apparaît nécessaire de reconnaître et de nommer au plus tôt afin de les analyser et de les dépasser.
De manière générale, pour qu’advienne dans des conditions éthiques la rencontre d’homme à homme, tous deux habités par une culture différente, il nous faut en tant que professionnels lutter contre tout discours et tout comportement (manifestes ou latents) qui s’énoncent en termes de eux et nous. Car, reprenant en écho le débat intérieur entre ici et là-bas, cette opposition peut prendre des allures de clivage et figer le sujet migrant dans un sentiment d’incomplétude. Quand ce décalage induit (de façon parfois maladroite, parfois délibérée) est interprété comme une tentative de hiérarchisation entre les uns et les autres, il peut instantanément briser toutes les passerelles établies jusqu’alors, et anéantir les espoirs et le travail de chacun.
Inévitablement, l’étrangeté de cette rencontre (entre le sujet migrant et l’accueillant) réveille en soi toutes les représentations, les préjugés, les stéréotypes et les idéologies de chacun. Et ces éléments psychiques interviennent avec plus d’acuité lorsque les repères et les référants sont brusquement mis à l’épreuve de part et d’autres. Prenons l’exemple d’une famille étrangère qui se présente pour la première fois pour une prise de rendez-vous dans un service, une structure quelconque. Il est souvent nécessaire de prendre un temps d’ajustement réciproque avant que l’on puisse véritablement communiquer. Laissons-nous donc surprendre par la découverte de l’autre et nos capacités d’adaptation suivront inévitablement...
Au-delà de cet effet de surprise, la différence peut aussi devenir dans cet entre-deux, source de réflexion, de remise en cause, de renouvellement, de création, donc de richesse. Dans ce sens, la prise en compte de la dimension psycho-anthropologique dans les lieux de la petite enfance apparaît comme une véritable ouverture. Mais il nous faut pour cela adapter notre dispositif d’accueil, entrevoir la possibilité d’une autre manière de penser la personne, l’attachement et la séparation, la souffrance et maladie, le bonheur et le malheur, la vie et la mort, le tout à partir d’une visée globale des sujets intégrant le corps, la psyché, la culture et l’histoire de chacun.
Dans cette histoire, l’espace entre l’émigration et l’immigration occupe une place déterminante et spécifique. Et pour chacune de ces familles concernées, on est souvent amené à se demander où elles se situent dans leur processus d’acculturation.
L’évaluation de cette question tiendra compte principalement des critères suivants :
- les motifs et les conditions de leur départ du pays d’origine
- leurs modes d’accueil dans l’île et l’ancienneté de leur présence
- leur adaptation (parfois, leur assimilation) au contexte culturel local.
Au contact de cette expérience, la culture de la personne migrante va évoluer et se transformer au fil du temps, tandis que sa problématique d’émigration-immigration va s’organiser et s’élaborer progressivement. Précisons que ce travail (qu’il convient d’appréhender au sens clinique du terme) s’effectue suivant des modalités et une temporalité différentes d’une personne à l’autre, d’une famille à l’autre, d’un groupe à l’autre. Ce travail est parfois éprouvant, car le sujet peut être confronté à des logiques contradictoires entre celles de son pays d’origine et celles du pays d’accueil. Hybride dans son système de valeurs et de représentations, mixant les cadres culturels de référence, cette dynamique va générer des fonctionnements au niveau individuel et sociétal singuliers. En un mot : du semblable et non du même.
Cette culture de l’émigration-immigration répond à un besoin de manière individuelle pour chaque personne migrante. Ainsi pourra-t-on observer, par exemple, une différence notable dans l’acquisition et la pratique de la langue du pays d’accueil parmi les membres d’une même famille. Cette culture intermédiaire permet à chacun de retrouver un équilibre en passant d’un monde à l’autre. D’où la nécessité de lui donner de la place et du temps, de l’aide aussi parfois, pour qu’elle puisse pleinement s’organiser. Et c’est bien souvent au cours de la traversée de ce pays de l’entre deux que les chemins se croisent entre professionnels de la petite enfance et personnes migrantes...
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