Féminisation des noms de rues à Saint-Denis

L’action de Laurence Vergès honorée aujourd’hui

8 mars 2013

La Journée internationale de la femme est l’occasion de rappeler et de se souvenir de l’engagement militant de Laurence Vergès, notamment du rôle qu’elle a eu dans la bataille pour la reconnaissance des droits des femmes en œuvrant à la création de l’UFR (Union des femmes de La Réunion) parmi d’autres figures féminines réunionnaises, et en participant à ses nombreux combats.

Le 3 novembre dernier, Laurence Vergès nous a quittés. Militante du Parti communiste réunionnais, journaliste à "Témoignages", elle a agi dans le mouvement de lutte pour les droits des femmes. Pour la première fois depuis 59 ans, Laurence ne participera pas aux manifestations de la Journée des femmes. En reconnaissance de son action, elle sera honorée aujourd’hui à Saint-Denis par le CEVIF en tant que "Femme célèbre engagée". Aujourd’hui, ce collectif dénommera la rue Pasteur "rue Laurence Vergès". Cet hommage s’explique par une vie d’engagements pour les femmes de La Réunion.

Laurence Derouin, de son nom de jeune fille, s’est engagée dans la Résistance durant la Seconde Guerre mondiale. Militante du Parti communiste, elle rencontra Paul Vergès à Paris, qui était alors un des responsables de la section coloniale du PCF. Quand, en 1954, la lutte a demandé le retour de Paul Vergès dans son île natale, Laurence a décidé de venir à La Réunion, quittant sa famille et son travail, pour militer auprès de son époux.

Elle laisse donc la capitale française à l’âge de 30 ans pour débarquer sur une petite île à plus de 9.000 kilomètres, où les conditions de vie de la majorité de la population n’avaient rien à voir avec ce que Laurence avait toujours connu à Paris.

Officiellement, La Réunion n’était plus une colonie depuis 1946, quand elle devint département français comme les Antilles et la Guyane. Mais l’égalité sociale avec la France métropolitaine était loin d’être acquise.

La vie des Réunionnais était marquée par la pauvreté, le difficile accès aux soins, l’échec scolaire, et les fraudes électorales.

C’est dans cette Réunion que Laurence Vergès s’engage dans la lutte pour la cause du peuple réunionnais, en défendant leurs droits, leurs intérêts. Elle s’est aussi investie pour la Culture réunionnaise et dans la lutte des femmes.

Avec d’autres camarades, elle a longtemps animé la “Commission Culture Témoignages”, qui a permis aux Réunionnais de rencontrer plusieurs intellectuels de renommée internationale.

Elle a été également au premier plan dans le combat pour l’émancipation des femmes à La Réunion. Elle a participé à la création de l’Union des Femmes de La Réunion (UFR) avec Isnelle Amelin, Alice Peverelly, Augusta Letoullec, Marie Gamelle, Aliette Gauvin, Odette Mofy, et bien d’autres encore aujourd’hui disparues.

À sa création, l’UFR était l’instrument de luttes des femmes confrontées quotidiennement à la pauvreté. Comment nourrir les enfants ? Comment se vêtir ? Comment assurer l’éducation ? Telles étaient les préoccupations des femmes qui ont participé au congrès fondateur de l’UFR le 16 septembre 1958 à Saint-Paul.

Dans ce combat, Laurence Vergès a constamment agi. Elle allait à la rencontre des femmes de planteurs, d’ouvriers ou de dockers, pour qu’elles puissent exprimer leurs luttes et leurs espoirs dans "Témoignages".

Laurence Vergès a passé sa vie au service du peuple réunionnais qui est devenu le sien.

Voilà un exemple de femme courage, de femme de luttes, de femme de convictions.

Stéphanie Desrosiers

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