
C’était un 30 juin
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Droits humains : affaire Allaoui Soudjay
25 mai 2005
L’arrêté de reconduite à la frontière concernant le sans papiers a bien été confirmé par le tribunal administratif, hier à 16 heures. La juge Vocquelin n’a pas été convaincue par la plaidoirie de Saïd Larifou, avocat de l’expulsé.
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Petit rappel des faits. Allaoui Soudjay, 25 ans, est un Comorien en situation irrégulière. C’est un fait qu’il reconnaît lui-même. Le 10 mai, il est victime d’un accident de la circulation sur la voie publique. Il est renversé à Cambuston, Saint-André, par un poids lourd, alors qu’il circulait sur une bicyclette. S’en suit une hospitalisation à la clinique de Saint-Benoît, où il restera 8 jours pour des soins divers. Au terme de cette hospitalisation, "il sera cueilli à la sortie de l’hôpital par les agents de la police judiciaire en vue d’un rapatriement vers la frontière", déplore son avocat, maître Saïd Larifou. Selon l’avocat saint-pierrois, "cette affaire est un tissu d’irrégularités", qu’il énumère une après l’autre. Lesquelles ? Le plaignant comorien n’a pas pu faire appel à la requête de reconduite à la frontière dans les délais imposés par la loi, soit dans les 48 heures qui suivent l’arrestation, pour la simple raison qu’il n’a pas pu disposer de son dossier dans les meilleurs délais. Ce que réfutent scrupuleusement les services préfectoraux. Saïd Larifou note aussi l’irrecevabilité du procès verbal des forces de l’ordre, daté du 18 mai 2005, délivré à 14 heures ; les policiers étant arrivés à 14 heures 45 à l’hôpital bénédictin, tandis que l’arrestation du Comorien sans papiers s’est déroulée à 15 heures. Comment donc est-il possible que le PV soit horodaté à 14 heures ? Autre défaillance : c’est la délation par le corps médical, normalement tenu au secret professionnel. Là encore, on est en droit de se poser des questions. Outre cela, le sans papiers accuse la Préfecture de lui avoir fait subir des pressions au centre de rétention administratif, pour qu’il ne prenne pas d’avocat. "Il faudrait démontrer que l’intéressé a subi des pressions", indiquent les services préfectoraux. Dans la salle d’audience, pendant la première suspension de séance, quelques témoins pourront cependant le vérifier.
Retour jeudi vers Moroni
Il n’est pas beau d’être étranger à La Réunion. La communauté comorienne constate que depuis l’arrivée du préfet Dominique Vian sur notre île, les cas d’expulsion se multiplient, quelques fois dans des conditions graves. Dans le cas d’Allaoui Soudjay, cela est flagrant. Accidenté, il ne pourra poursuivre l’auteur de la collision. D’ailleurs, depuis son accident, il ne sera jamais entendu par les enquêteurs. Encore plus grave, Allaoui aurait souhaité se faire soigner à La Réunion. Suite à l’accident, deux certificats, presque contradictoires, jugent tantôt que son état de santé lui permet, sous réserve d’examen approfondi, d’être reconduit à la frontière et de voyager vers Moroni, tantôt qu’il souffre de multiples fractures. Le premier est délivré par SOS Médecin, le second par le CHD de Bellepierre. Selon Saïd Larifou, il paraît inévitable que son client souffre de problèmes neurologiques, suite à l’accident.
Cependant, tous les éléments exposés par l’avocat saint-pierrois n’auront pas raison de la plaidoirie des services préfectoraux. Selon la Préfecture, toutes les prérogatives administratives légales ont été suivies à la lettre. Le plaignant aurait même choisi de ne pas s’aider d’un avocat, et de refuser des soins. "Visiblement, l’intéressé se porte bien", indique le représentant de la Préfecture, qui s’oppose fermement à la requête d’annulation de la reconduite à la frontière et à la demande de contre-expertise médicale lancée par Saïd Larifou. Le tribunal administratif donne donc raison à la Préfecture, et la décision de reconduite à la frontière revient au préfet. Allaoui Soudjay devrait gagner Moroni, jeudi, sur un vol d’Air Austral. Encore une affaire qui pose le problème de l’intégration de la communauté comorienne à La Réunion.
Bbj
Kozé dann kouloir
o Mohamed Maoihibou, président de la Maison des Comores :
Le représentant de la Préfecture n’a pas le bon rôle, et en plus, il y met du sien. Nous sommes doublement indignés dans cette affaire. Déjà, parce qu’il y a ici un non-respect évident des Droits de l’Homme. Ne pas avoir de papiers n’indique pas que l’on est criminel. On se focalise sur l’absence de papiers, au détriment des soins à donner à Allaoui Soudjay, qui rappelons-le a été victime d’un accident de la circulation. Oui, on peut se permettre de se poser un tas de questions. Le cas d’Allaoui est similaire à celui d’Andhumoudine, expulsé sans ménagement, sans écoute. Nous souhaitons que la justice et le droit soient respectés.
o Monique Couderc, Union des femmes réunionnaises (UFR) :
La salle bondée montre bien l’intérêt et l’importance que la communauté comorienne apporte à toutes ses interpellations, qui se font de surcroît sans respect des Droits de l’Homme. Cela montre que tous ces gens, même s’ils ne connaissent pas le droit, sont là, parce qu’ils savent que c’est une cause à défendre. Ils sont solidaires, comme nous tous, contre toutes ses injustices à leur égard. Toutes ses reconduites à la frontière ne feront qu’amplifier tous les problèmes sociaux existants à La Réunion. Et encore une fois, cette communauté est désignée comme le bouc émissaire de la situation socio-économique fragile de La Réunion. Ce n’est pas de cette façon que l’on va résoudre les problèmes. On devrait tous réfléchir sur les dispositions à prendre pour des échanges, et l’établissement d’une coopération durable. À force d’être pointée du doigt, cette communauté ne sera pas toujours aussi pacifiste. Maintenant, la relation de confiance avec le corps médical, normalement soumis au secret médical, est cassée (ndlr : notons que c’est à la suite d’une délation par la clinique de Saint-Benoît, qu’Allaoui Soudjay a été appréhendé). En plus, ses successives reconduites vers la frontière risquent fort d’engendrer de la suspicion et inciter hélas à la délation, comme ça s’est déjà vu.
Propos recueillis par Bbj
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