Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes

L’égalité est encore à conquérir

25 novembre 2005

Droit de vote, avortement, parité : même si la résistance a permis aux femmes de compter certains succès, ils ont toujours été remis en question. Enfin, les femmes ont obtenu l’égalité, que veulent-elles de plus ? Mais derrière le friable verni des apparences, des bonnes intentions, la domination sexuée, qui n’est pas dirigée à l’encontre des hommes mais qui est bien une réalité historique, n’est pas déconstruite. Tant qu’elle sévira, les femmes souffriront.

Dans cette lutte pour la reconnaissance de leurs droits, le 25 novembre, proclamé “Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes” le 17 décembre 1999 par l’Assemblée générale de l’ONU, fait acte. Ce jour traduit que toutes les formes de violences, physiques et psychologiques, commises à l’encontre des femmes doivent être combattues.

La violence comme droit coutumier

Au 14ème siècle, le droit coutumier de Bruges disait ceci : "Le mari qui bat sa femme, la blesse, la taille de bas en haut et se frotte les pieds dans son sang, ne commet pas d’infraction s’il la recoud et si elle survit". En Angleterre et aux États-Unis, les hommes pouvaient châtier leurs femmes s’ils respectaient le calcul de longueur et de grosseur de la baguette utilisée. C’est une autre époque direz-vous. La violence conjugale n’a nul besoin de légiférer pour sévir. 42.000 Réunionnaises déclarent avoir déjà subi des violences physiques et psychologiques de la part de leurs conjoints. Des violences qui conduisent à la mort, dès lors que la femme tente d’échapper à son bourreau, à cet avilissement par la force. 15% des Réunionnaises ont déjà été victimes de viols perpétrés par leurs conjoints. Si cet abus de pouvoir s’inscrit dans la construction patriarcale de notre société, il n’en demeure pas moins un crime face auquel l’on met injustement en cause l’attitude ambivalente de la femme, celle qui accepte, qui provoque..., masquant ainsi la responsabilité de l’agresseur. La violence dans les rapports de couple, mais aussi au travail : 1 Réunionnaise sur 5 déclare avoir été au moins une fois victime d’insultes, 1 sur 10 travaille avec la menace de perdre son emploi. Pressions, chantages, dévalorisations, agressions sexuelles : la parité professionnelle a encore du chemin à faire, pas seulement au niveau de la représentation des femmes, mais aussi des conditions de travail.

Victimes de par le monde

Il y a 3 jours, Kofi Annan déclarait en Assemblée générale de l’ONU que "la violence à l’égard des femmes demeure extrêmement répandue dans le monde. C’est la manifestation la plus atroce de la discrimination systématique et des inégalités auxquelles les femmes continuent de se heurter, dans la loi et dans leur vie quotidienne, partout dans le monde. Cette violence survient dans toutes les régions, tous les pays et toutes les cultures, quels que soient le niveau de vie, la classe sociale, la race ou l’ethnie". La députée et présidente de l’UFR, Huguette Bello, déplore que la loi qui punit les crimes commis à l’encontre des femmes ne suffise pas à dissuader les comportements violents : "Alors que les femmes, les dernières et grandes dominées de toutes les sociétés, sont maintenues en infériorité, alors qu’elles donnent beaucoup et ont le moins de pouvoir, notre aspiration d’égalité face à la force brutale ne tient pas la route. Cela ne veut en rien dire qu’il faut cesser la lutte pour le respect des droits et de la dignité, que les femmes de La Réunion ou du monde sont portées à la soumission, car n’oublions pas que les premiers marrons étaient des marronnes, que ce sont les femmes qui ont permis la Révolution de 1789, etc... Ce constat démontre qu’il est urgent de leur donner la priorité pour une société plus juste, plus riche, avec plus de cohésion sociale".
La Marche Blanche de dimanche représente un nouvel acte fort de refus des violences, un moment de partage et de solidarité. Les associations à l’origine de ce mouvement espèrent une large participation, hommes en tête.

Estéfani


Propositions du Collectif à l’origine de la Marche Blanche

Si la marche de dimanche représente l’occasion de dire l’émotion des participants aux femmes victimes de violences à La Réunion et partout dans le monde, c’est aussi l’occasion d’avancer des propositions.

- Mener des campagnes d’information auprès des enseignants et des élèves pour les sensibiliser au problème ;

- Améliorer l’accueil des victimes dans les gendarmeries et commissariats, donc les effectifs ;

- Soutenir davantage les associations d’aide aux victimes ;

- Proposer un traitement adapté aux violeurs condamnés pour éviter toute récidive ;

- Accroître la surveillance des lieux de randonnées ;

- Interdire les images dégradantes de la femme, mise au rang d’objet sexuel et combattre les préjugés qui s’y rattachent ;

- Responsabiliser les médias ;

- Ouvrir les hébergements temporaires à toutes les femmes et pas seulement à celles enceintes ou déjà mères ;

- Délivrer des logements sociaux en priorité aux femmes qui sont sous la dépendance de leurs conjoints violents ;

- Mener une étude sur la prostitution et les contraintes notamment imposées aux femmes immigrées et pourvoir à leur réintégration ;

- Mobiliser le projet de loi contre les violences domestiques déposé en 2003 à l’Assemblée nationale.


Sans commentaire

- Aux États-Unis, une femme est battue toutes les 12 secondes et violée toutes les minutes et demie ;

- En Inde, plus de 5.000 femmes sont tuées chaque année, lorsque leur dot est insuffisante ;

- En Afrique du Sud, plus de 4.100 viols sont commis chaque jour ;

- Plus de 130 millions de femmes réparties dans une trentaine de pays africains subissent excision et infibulation ;

- En Chine, République de Corée, en Inde, au Bengale, l’équilibre démographique est menacé en raison d’une politique favorable aux garçons et d’un marché de l’échographie. L’on estime qu’il manque à ce jour 100 millions de filles en raison de leur sexe. Ce chiffre se verra doubler en 2025. (Source : “Le Monde” du 12 novembre 2005) ;

- Dans 28 pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, les mauvais traitements et la malnutrition sont les premières causes de mortalité chez les femmes ;

- En Pologne, 200.000 avortements clandestins ont été pratiqués en 2004 contre 12.000 avortements médicaux autorisés.


"En Europe, 80% des précaires sont des femmes !"

Josette Rome-Chastanet, porte-parole pour la France de la Marche mondiale des femmes, animatrice du réseau européen “Femmes et pouvoir” est à l’origine de l’initiative féministe pour le “non” au référendum sur la Constitution européenne. Elle considère qu’il y a dans ce texte un recul par rapport au droit des femmes. Elle demande à ce que soit réintégrée "l’égalité hommes-femmes, qui a été enlevée, alors qu’elle figurait dans les droits constitutionnels antérieurs. C’est aujourd’hui considéré seulement comme un objectif".
Elle note également que "le silence total du projet de Constitution sur les droits reproductifs et l’IVG à côté du "droit à la vie" est de très mauvais augure pour ce droit fondamental des femmes. Dans le pire des cas, cette omission permettra notamment à l’Église d’utiliser les moyens de pressions dont elle dispose pour faire du lobbying anti-avortement au sein de l’Union européenne".


Le P.C.R. appelle à participer à la “Marche blanche”

Dans un communiqué diffusé hier que l’on lira ci-après, le Parti communiste réunionnais "s’associe pleinement à la protestation organisée contre toutes les violences faites aux femmes" et appelle à participer dimanche à la “marche blanche”.

"Selon une enquête réalisée en France métropolitaine, en moyenne une femme meurt tous les quatre jours, victime de violences conjugales. Même si elle n’est pas comprise dans cette statistique, La Réunion n’échappe malheureusement pas à ce phénomène : la violence à l’encontre de la femme dans un couple est, ici aussi, une tragique réalité. La situation économique et le lourd héritage colonial ont contribué à dégrader l’image de la femme et accentuent le mal. La multiplication des viols à l’encontre des filles ou des femmes au sein du noyau familial est un autre aspect tout aussi détestable du même phénomène.
Le Parti Communiste Réunionnais s’associe pleinement à la protestation organisée contre toutes les violences faites aux femmes avec la “marche blanche” qui aura lieu ce dimanche 27 novembre dans la matinée, à Saint-Denis.
Il appelle à participer à cette manifestation".


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