Humanisme, émotion et sincérité

’L’enfance volée des réunionnais de la Creuse’

11 octobre 2005

Demain, RFO nous donne rendez-vous avec une tragédie de notre Histoire. Le service public diffusera demain à 19 heures 50, un documentaire réalisé par Gilles Amado. Ce dernier a donné largement la parole aux victimes, et aux fermiers de la Creuse qui ont pu bénéficier de main d’œuvre gratuite venue de La Réunion.

La rédaction de Télé Réunion poursuit dans sa lancée, elle l’avait promis, les mercredis en début de soirée seraient réservés à des sujets de société réunionnais.
Le vendredi 7 octobre dans les locaux de la rédaction de Télé Réunion, Gérald Prufer, directeur de RFO Réunion et Denise Daubin chargée de communication, ont invité la presse à visionner, en avant-première, le documentaire de Gilles Amado "L’enfance volée des réunionnais de la Creuse". L’auteur de ce documentaire avait tenu à faire le voyage depuis la Métropole afin d’être présent à cette projection.

Un regard neuf

Le documentaire de 52 minutes nous retrace au travers de témoignages extrêmement émouvants l’histoire de ces enfants que l’on a déporté pour aller repeupler les campagnes françaises. C’est avec un regard neuf que Gilles Amado a abordé le sujet, en effet de l’aveu même de ce dernier, il a fallu le livre de Jean-Jacques Martial "l’Enfance volée" pour que ce réalisateur de grands shows télévisés découvre cette terrible histoire. Suite à la lecture de ce témoignage, il a pris sa caméra et est parti à la recherche d’éventuels autres Réunionnais qui auraient subi le même sort. C’est ainsi que demain, nous pourrons enfin voir un coin du voile de cette sinistre histoire se lever sur des pratiques pas vraiment claires de l’administration française des années 1960.
Je dois avouer qu’à la fin de la projection, un malaise pesait sur l’assistance, un bon moment a été nécessaire avant qu’à nouveau, les langues se délient. Jamais le drame des déportés réunionnais en France métropolitaine n’avait été abordé avec autant d’humanisme, d’émotion et de sincérité.

L’émotion présente à chaque image

Jusqu’à ce jour, on avait bien vu quelques reportages, assez forts mais sans suite ni logique, puis il y a eu la fiction de Francis Girod "Le pays des enfants perdus", mais ce téléfilm n’a été qu’un pâle reflet de la réalité historique.
Gilles Amado dans son film a su laisser le temps faire son œuvre pendant un an et demi de tournage, il a lié des contacts forts avec ces Réunionnais, il les a laissé s’exprimer avec leurs tripes et l’émotion est présente à chaque image. Nous ne pourrons à la suite de la diffusion de ce reportage, faire l’économie d’un grand débat au sein de la société réunionnaise.

"On m’en a offert un !"

Pour la première fois dans cette affaire, nous verrons s’exprimer deux fermiers qui ont pris en pension des jeunes réunionnais et à ce moment du reportage c’est le coup de massue. Bien que les deux fermiers aient été interrogés individuellement, les mêmes mots fusaient de leurs bouches : "On m’a emmené dans une grande salle où il y avait des petits noirs, ils étaient mignons, alors on m’en a offert un !" "Ils étaient courageux ; ce que l’on pouvait leur demander, aucun petit français ne l’aurait fait, et puis ils nous redemandaient toujours du travail alors..."
J’ai vu au moment de ces témoignages de nombreux visages pâlir. Ils ressemblaient, nos agriculteurs creusois, à de bons pères de famille qui, au coin du feu, nous racontaient des horreurs dont ils ne semblaient pas mesurer la portée.

Le documentaire qu’il fallait

Il est indéniable que Gilles Amado a réalisé le documentaire qu’il fallait, rien de trop, rien de pas assez et nous verrons, cerise sur le gâteau, l’extrait d’un reportage que TF1 avait réalisé, il y a plusieurs années sur ce sujet : il s’agit de l’entretien des deux principaux protagonistes de cette affaire, l’assistante sociale madame Jacqueline Payet et Jean Bart, directeur de la DASS, qui coulent ensemble une retraite heureuse et qui ont refusé de répondre à Gilles Amado.
Leurs témoignages sont tout empreints de cynisme, ils estiment "avoir fait ce qu’ils croyaient être bon", et puis comme ils le disent, "cela ne les regarde plus, alors que les petits réunionnais aient réussi ou non, ce n’est plus leur problème !"
Vous retrouverez de nombreux témoignages et notamment ceux de Gilles Amado sur le site Web de Jean Jacques Martial (http://www.jjmartial.com)

Philippe Tesseron

http://www.espaceblog.fr/teletesseron/

Enfants réunionnais exilés

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