Une étude publiée par l’INSEE rappelle l’ampleur de la pauvreté à La Réunion

L’éradication de la pauvreté passe par l’organisation des victimes

12 juillet 2022, par Manuel Marchal

Si la France comptait 10 millions de chômeurs et 30 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté, le gouvernement appliquerait-il la même politique que celle qu’il mène à La Réunion ? La pauvreté n’est pas une fatalité, elle est le résultat d’un système qu’il faut remettre en cause pour le changer. Cela passe tout d’abord par la prise de conscience des victimes : si elles sont organisées, alors elles seront une force capable de remettre en cause le système qui les traite de la sorte. Contribuer à organiser les victimes de ce système fait partie de l’ADN du Parti communiste réunionnais.

Photo Toniox.

L’INSEE, en collaboration avec le Conseil départemental, l’État et la CAF, a publié hier une nouvelle photographie de la situation de la pauvreté à La Réunion. Elle ne fait apparaître que très peu de différence avec un document analogue publié en 2013. Elle relève que près de 40 % des Réunionnais vivent sous le seuil de pauvreté, et que 120.000 personnes relèvent de la « grande pauvreté ». Ces chiffres datent de 2019, c’est-à-dire avant la crise causée par l’importation du coronavirus à La Réunion, et avant que les spéculateurs ne décident de profiter de la guerre en Ukraine pour augmenter considérablement leurs profits dans la vente des matières premières et de la nourriture, contribuant à une inflation jamais vue depuis plus de 20 ans. Cela signifie que compte-tenu du coût de la vie qui ne cesse d’augmenter à La Réunion, la proportion des personnes confrontées à des privations matérielles et sociales n’a pu qu’augmenter.

La violence d’un système

La pauvreté n’est pas une fatalité, elle résulte d’un système. A La Réunion, ce système a décidé qu’une moitié de la population doit être condamnée à enchaîner les périodes de chômage et de travail précaire. C’est la conséquence du néo-colonialisme : les transferts publics obtenus sous forme de prestations sociales ou de salaires par la lutte des Réunionnais doivent être dépensés dans des filiales d’entreprises extérieures dont les bénéfices sont ensuite rapatriés en Europe. Ainsi, l’argent public est converti en profit privé et ne reste pas à La Réunion. Les conditions sont donc réunies pour rendre impossible le développement de La Réunion sur la base de la création de richesses qui permettent d’aller vers le plein emploi. Or, le chômage est le principal facteur expliquant la pauvreté.
Une autre étude de l’INSEE publié ce mois a en effet rappelé que si la croissance économique est repartie à La Réunion, son principal moteur est la consommation, notamment soutenue par l’endettement des ménages. Cette hausse de la consommation entraîne une augmentation des importations. Compte tenu de la hausse prix du transport maritime, décidé là aussi par des spéculateurs qui profitent de la guerre en Ukraine pour gonfler leurs profits, la facture explose.

Les pauvres organisés peuvent renverser ce système

La persistance de la pauvreté à La Réunion n’est pas nouvelle. Elle est également commune à toutes les anciennes colonies qui sont devenus des départements français : ils représentent 17 % des pauvres de la République.
Si la France comptait 10 millions de chômeurs et 30 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté, le gouvernement appliquerait-il la même politique que celle qu’il mène à La Réunion ? Ce n’est pas le cas. Il importe donc de donner aux Réunionnais les leviers nécessaires pour décider de la politique économique et sociale à La Réunion, ils ne pourront faire que mieux.
Le maintien d’une grande partie de la population de la pauvreté souligne aussi toutes les difficultés qu’ont les victimes du système à s’organiser. Nul doute que si ces centaines de milliers de Réunionnais réussissaient à s’organiser, ils constitueraient une force capable de remettre en cause le système qui les traite de la sorte. Rappelons également que contribuer à organiser les victimes de ce système fait partie de l’ADN du Parti communiste réunionnais. Maintenant, il n’y a plus de temps à perdre.

M.M.

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