On ne présente plus le docteur Jean-François Reverzy, qui a apporté une grande contribution au monde culturel de La Réunion, de par ses activités d’écrivain et d’éditeur au sein de Grand Océan. Il serait toutefois incongru d’écarter sa contribution en faveur de la psychiatrie à La Réunion. Installé dans notre pays, depuis mai 1985, les Réunionnais lui reconnaissent la création de nombreux centres de santé mentale, au Tampon, à Saint-Leu, à Saint-Louis, à La Rivière Saint-Louis. Mais aussi à Cilaos depuis plus de 10 ans.
"Je crois n’avoir jamais baissé dans ma passion pour mon métier et dans l’engagement envers mes patients", déclarait-il en préambule, lors de notre entretien. Il continue à offrir sa science à l’hôpital psychiatrique de Saint-Pierre, tient un cabinet à Saint-Denis et officie à Cilaos. Proche de ses patients, il se dit, sans prétention aucune, "avocat des fous". Un credo, une philosophie, un sacerdoce, qui tient pour sacrée la relation médecin-malade. "Un bon médecin doit être quelqu’un qui est proche de son patient, et qui doit prendre des risques parfois", dira-t-il.

Le bien fondé des certificats

À son grand soulagement, l’affaire qui l’oppose à Paul Técher, l’actuel maire de Cilaos, a enfin trouvé son issue favorable. Le docteur Jean-François Reverzy vient de prendre acte de la décision en appel du Conseil national de l’Ordre des médecins, qui déboute l’argumentaire de Paul Técher. Non, le docteur Jean-François Reverzy ne s’est en aucun cas rendu coupable de faux certificats. Ce ne sont nullement des certificats dits de complaisance. Par ailleurs, le Conseil national de l’Ordre des médecins considère fondés les certificats délivrés par le docteur Jean-François Reverzy, certificats qui lui valent encore l’acharnement procédurier de Paul Técher. Oui, il y a bien eu harcèlement moral. Et un médecin devrait pouvoir l’entendre.

Utilisation de l’article 28

L’affaire commence en 2004, lorsqu’une Cilaosienne, employée communale, subit des vexations sur son lieu de travail et une incompréhension obstinée de sa hiérarchie. Le Docteur Reverzy, qui soigne cette patiente, lui délivre donc un traitement, suivi d’arrêts successifs de travail nécessaires au soin d’une victime de harcèlement moral. Plus tard, l’état de santé de l’employée nécessitera un congé de longue durée. Ce ne sera manifestement pas du goût du premier magistrat de la commune. Pour preuve, l’employée, dès la reprise du travail, sera déplacée et affectée au centre d’épuration de la commune, dans un local insalubre et dégradant pour l’attachée territoriale. On connaît la méthode. Le docteur Reverzy nous présente à cet effet les photos qu’il a soumises au Conseil national de l’Ordre des médecins. Consternant.
Mais voilà, après l’acharnement moral contre un personnel de mairie, le maire de Cilaos s’illustre par une campagne procédurière contre le médecin, qui a osé, sans nommer qui que ce soit, parler de harcèlement moral. "En fait, sur tout le document, 9 mots ont été retenus par Paul Franco Técher comme propos scandaleux", indique Jean-François Reverzy. Paul Franco Técher, de son métier médecin généraliste, porte plainte au Conseil départemental de l’Ordre des médecins qui fait suivre l’affaire en Île-de-France au Conseil régional de l’Ordre des médecins. Paul Franco Técher s’appuie alors sur l’article 28 du code de déontologie de la médecine, qui stipule qu’un médecin ne doit pas utiliser de termes tendancieux dans un certificat médical. Nous dirons que Paul Técher a joué de sa fonction médicale, dans un dossier qui concernait son attitude de premier magistrat.

"Je ne faisais que décrire la situation"

"Je ne faisais que décrire la situation", explique le psychiatre, qui sera néanmoins condamné par la section disciplinaire du Conseil régional de l’Ordre des médecins à une interdiction d’exercer pour quinze jours avec sursis, assujettie d’amende. Mais cela ne suffisait apparemment pas au maire de Cilaos, qui poursuit l’acharnement plus loin. Entre temps en effet, il portait plainte contre le médecin au tribunal de Saint-Pierre, pour fausse attestation. Jean-François Reverzy n’en reste pas là. Il fait appel de la décision, défendu par le bâtonnier Georges-André Hoarau et l’avocate Isabelle Lauret, devant le Conseil national de l’Ordre des médecins. L’instance lui donne aujourd’hui raison, et du coup déboute les calomnies de Paul Franco Técher. "C’est une affaire qui m’a fait mal au ventre, vous voyez. J’ai été blessé par cette diffamation. Aujourd’hui, l’honneur est rendu. Mon honneur est sauf", confie Jean-François Reverzy.
Nous nous félicitons de cette décision, qui rend justice à un homme qui n’a fait que son devoir. Un bon médecin doit être quelqu’un proche de ses patients. "C’est notre honneur de citoyen et de médecin", disait-il. À juste titre. Quand il y a harcèlement moral, et que cela se vérifie par l’état de santé de la victime, il convient d’appeler un chat un chat. Et Par extension, harcèlement moral, harcèlement moral. Il n’y a pas d’autre façon de le dire.
Mais grand seigneur, le docteur Jean-François Reverzy ne tient pas rancune à Paul Técher. Une attitude d’autant plus noble que ce dernier - en violation du serment d’Hippocrate - faisant l’amalgame entre ses fonctions d’élu et de médecin, n’a eu aucun scrupule à faire distribuer aux conseillers municipaux 30 exemplaires du certificat dit de complaisance lors d’un conseil municipal. À l’évidence pour certains, être premier magistrat ouvre tous les droits, même celui de divulguer des informations médicales et confidentielles. D’autant qu’elles concernaient une employée de la mairie de Cilaos.
Outrage à... Hippocrate.

Bbj