
Mal-do-mèr dann sarèt
28 juin, parLo zour la pokor kléré, Zan-Lik, Mariz é sirtou Tikok la fine lévé, mèt azot paré. Madanm Biganbé i tir zot manzé-sofé, i donn azot, zot i manz. (…)
Solidarité contre l’expulsion de nos sœurs
28 juin 2006
Amina, Manian et toutes celles qui continuent à vivre ce calvaire de la soumission, de l’asservissement et de la violence, ne peuvent rester dans l’ombre. On ne peut continuer à laisser des hommes peu scrupuleux aller chercher dans les îles voisines des épouses pour, une fois de retour au pays, leur imposer l’enfer sous la menace d’une expulsion. Ces pratiques impunies portent atteinte à leur intégrité, à leur dignité, et c’est sans parler de celles qui sont poussées sur le trottoir. Une réalité, mais surtout un tabou.
Ces femmes, loin de leur pays, ne savent trop à qui faire appel. Plutôt que de s’épancher sur une régulation drastique de l’immigration qui vise à trier les bons migrants des mauvais, peut-être serait-il plus judicieux de punir ces Français qui fort de leur nationalité profitent de règles administratives pour se livrer en toute impunité à des agissements qui portent atteinte aux droits humains.
Les personnes du monde politique et associatif que nous avons interrogées s’accordent toutes à dire que la réglementation sur l’immigration ne peut se limiter à l’application de textes qui font fi des particularités de chaque cas. On nous parle de l’humain avant tout. Pour cela, la sphère publique, mais aussi la sphère politique doivent agir ensemble pour la reconnaissance et le respect des Droits de l’Homme, car il s’agit d’abord d’une atteinte aux droits humains. On ne peut infliger à ces femmes la violence d’une expulsion brutale pour avoir osé dénoncer les abus dont elles ont été victimes. Ce serait quelque part donner raison à leurs tortionnaires. On doit les aider à se reconstruire.
L’opinion publique quant à elle, ne doit pas se laisser prendre au piège de conclusions hâtives qui viseraient à cautionner une politique qui fait fi de nos particularités culturelles et historiques. L’Histoire qui nous lie aux peuples de la zone ne peut se limiter aux frontières édictées par loi. "Sinoi, zarab, zorey, komor, malbar, nout tout nou lé réyonè", Danyèl la di.
Stéphanie Longeras
Réactions
o Thérèse Baillif, présidente de l’AMAFARE (Association des Maisons de Famille de La Réunion)
"On ne peut pas appliquer bêtement la loi"
"Depuis quelques années, on est confronté à ces pratiques, à ces personnes de La Réunion ou de métropole qui se rendent dans les pays voisins pour trouver des femmes plus soumises que celles qui ont appris à dire "Non" dans des sociétés plus avancées ou l’on défend le droit des femmes. C’est un vrai drame et celui qui part chercher une femme est plus condamnable que celle qui, par naïveté, par amour, s’est laissée séduire. Quand il s’agit de l’humain, de vies, il est difficile de prendre un texte global pour l’appliquer à des situations toutes différentes et qui méritent une attention individuelle particulière. Je comprends que des familles réunionnaises se plaignent de ne pas obtenir de logements et accusent d’autres d’être prioritaires comme je comprends que les familles migrantes méritent de l’attention. C’est pourquoi, sans se replier sur soi, il appartient aussi au gouvernement d’assurer la protection de chacun. Quand je vois que des Africains, refoulés de France, tentent d’y revenir par tous les moyens, on voit bien qu’il y a là pour eux une question de vie ou de mort. Les placer dans des ghettos sans leur donner les moyens de vivre n’est pas la solution. Pour ma part, je pense que l’on devrait ouvrir davantage notre cœur et ne pas raisonner qu’avec sa tête. Il est difficile d’avoir une opinion générale. Chaque situation doit être examinée. Mais pour ces femmes mariées puis répudiées qu’elles viennent de Maurice, de Madagascar mais aussi d’Asie, il faut penser qu’elles vivent une expérience extrêmement douloureuse et qu’elles ont honte de retourner chez elles après cet échec. Je pense que de temps en temps, la mobilisation peut être payante. Il est du rôle de la France, patrie des Droits de l’Homme, de faire preuve de plus d’humanité. On ne peut pas appliquer bêtement la loi, comme il est parfaitement intolérable qu’aujourd’hui on puisse être encore apatride, sans état civil, renvoyé de toute part car sans nationalité. C’est d’une inhumanité incroyable."
o Docteur Philippe Andriantavy, président du Collectif pour Madagascar
"Réagir et faire pression"
"Nous ne pouvons que dénoncer les cas d’application à la lettre de la loi qui ne tiennent pas compte de l’humain, mais sont motivés par des consignes de rendement, de rigueur. Quand la politique de l’immigration veut serrer la vis, peut être faut-il tempérer cette rigueur. Notre Collectif réclame une application plus réfléchie de la loi, au cas par cas, qui prenne en compte la réalité chiffrée de l’immigration à La Réunion et les liens historiques que nous avons avec les îles voisines. Puisque la France dit ne pas pouvoir accueillir toute la misère du monde, il faut faire en sorte que le développement des pays de la zone soit homogène et cesser d’agiter le spectre de l’invasion. Si l’on doit n’accepter, comme le veut monsieur Sarkozy, qu’une catégorie d’immigrés, alors faisons venir des étudiants. Quand on connaît la capacité de La Réunion à former dans différents domaines, elle pourrait mettre ses pôles d’excellence à disposition des pays de la zone pour contribuer à leur développement et aux relations entre pays.
"Être plus humain"
On peut réagir et faire pression pour inverser la machine administrative, mais c’est un peu le pot de fer contre le pot de terre. Même en opposant des volontés associatives et individuelles, malheureusement nous sommes amenés à voir de telles situations se répéter à l’approche des élections. Et je regrette que le débat politique actuel soit axé sur l’immigration et la sécurité, au détriment de réels problèmes qui agitent notre société. Avant tout, le meilleur moyen de lutter, c’est d’être plus humain. Les médias ont aussi un rôle très important à jouer d’alerte et de sensibilisation de la population à ses atteintes. Ces femmes malheureusement ne sont pas des cas isolés, beaucoup sont en situation de vulnérabilité, subissent des pressions énormes pour obtenir leur titre de séjour. Le monde associatif peut tenter de fédérer ces femmes, car il faut qu’elles aient les moyens de dénoncer ces violences, que leur appel de détresse puisse être entendu.
o Denise Caro, Priorité Socialiste Réunion (PSR)
"La politique a son rôle à jouer"
La politique est là aussi pour assurer la sécurité de ces femmes, des enfants, des personnes fragiles. Il faut que La Réunion, avec les pays de la zone, réfléchisse à ce type de pratique et mette en place des campagnes de communication auprès des femmes pour les informer des risques qu’elles encourent. Il y a un réel travail d’information à engager, en relation avec le monde associatif pour dire aux femmes : attention aux mariages calculés. Ce qui est terrible, c’est que l’on a accepté qu’elles viennent et d’un coup tout s’effondre pour elles, on veut les refouler. C’est comme le scandale de ces enfants scolarisés en France que l’on veut renvoyer dans un pays qu’ils ne connaissent même pas, alors que leurs parents qui vivent depuis longtemps en France seront perdus là-bas. C’est révoltant car on ne se donne pas les moyens humains, intellectuels et psychologiques de régler ça. On veut faire du chiffre en sortant la grosse artillerie. La France dit qu’elle ne peut pas accueillir toute la misère du monde, mais c’est bien connu : si tu ne me donnes pas les moyens de vivre chez moi, je viendrai mourir chez toi. Un peu d’humanité, de moralité et de sens éthique ! Pour le cas de ces femmes que l’on veut asservir, il faut mettre en place une politique de prévention des risques. Il faut informer mais aussi sévir. Si l’on veut dénoncer de telles pratiques, il faut que le politique légifère, qu’il agisse, dans le respect de la liberté individuelle certes, mais en se positionnant malgré tout, pour refuser de cautionner de tels abus.
o Guy Ratane-Dufour, Mouvement de la Gauche Ecologiste Réunionnaise (MGER)
"Ne pas céder"
Il faut parler davantage de ces associations qui soutiennent les femmes dans ce cas et concrètement, je pense qu’il faut faire attention pour qui l’on va voter aux prochaines élections. Le préfet ne fait qu’appliquer la loi de Sarkozy. Il faut davantage parler de cette question de l’immigration au plan local, car les Réunionnais ont tendance à écouter les politiciens, mais il y a tout un travail d’éducation pour que le citoyen comprenne dans quel environnement il se trouve. La Réunion est dans un ensemble. La Réunion c’est l’Afrique et pas complètement la France. La loi est là, à nous de rester vigilants et je pense qu’elle devrait prendre en compte nos spécificités culturelle, géographique et historique. On devrait pouvoir adapter les lois mais depuis l’amendement de Virapoullé, cette solution est rendue impossible. La Réunion devrait avoir un peu plus de liberté d’agir et de légiférer. Mais déjà, il faut se mobiliser et ne pas céder."
o Alain Armand, Mouvement Réunion Autrement (MRA)
"Il faut une démarche parlementaire"
"L’immigration de La Réunion n’a rien à voir avec la dimension de l’immigration en France et c’est pourquoi la loi n’est pas conforme à notre réalité. On peut s’alerter sur le cas de ces femmes, de ces drames humains, mais dans l’Océan Indien, on parle plus d’échanges que d’immigration. Il ne faut pas confondre toutes les situations. On peut demander un traitement plus humain, un discernement selon les cas et remettre en cause la pertinence de cette loi au niveau local. C’est l’obligation de la loi de faire preuve de plus d’humanité. Si l’on veut trouver une loi qui protège, il faut une démarche parlementaire. Pour le cas de ces femmes, leur droit de séjour est aujourd’hui conditionné. Si on veut qu’elles restent, on risque de se confronter à plus fort que nous. C’est un sujet délicat, mais faute de pouvoir rester, il faut au moins leur permettre de repartir dans de bonnes conditions, qu’elles puissent retomber sur leurs pieds."
Immigration réunionnaise 4 fois inférieure à celle de la métropole
Une vision exagérée
Aux cotés de l’UFR, la Collectif pour Madagascar s’est déjà exprimé à de nombreuses reprises sur les effets pervers de la mise en application de la politique de l’immigration à La Réunion. Son président précise que les Réunionnais ont une vision exagérée de l’immigration. Selon le secrétaire général de la Préfecture, La Réunion compte actuellement 3.516 malgaches en situation régulière sur 9.000 migrants. "C’est très peu, à peine 0,4% de la population réunionnaise et cela reste la plus importante communauté étrangère à La Réunion qui à un taux d’immigration inférieur à 1,5% contre 6% en métropole. Les migrants ne viennent pas dans des embarcations de fortune, ils arrivent avec des titres de séjour et basculent parfois dans l’irrégularité quand ils restent sans prolongation de ce titre." Philippe Andriantavy s’interroge également sur les difficultés qu’ont les Malgaches à obtenir un visa pour La Réunion. "Ils obtiendront plus facilement un titre de séjour de 1 mois en métropole contre 10 jours à La Réunion. Qu’est-ce qui explique ces disparités ? On a du mal à se l’expliquer d’autant que nos deux pays sont très proches. Peut-être est-ce cette crainte d’être envahi ?" Est-ce dû aux déficits de l’enseignement ? À ce phénomène d’acculturation dû au rejet de la période coloniale ? Mais pour le docteur à la double nationalité, française et malgache, "les Réunionnais ont tendance à oublier leur histoire, leurs racines malgaches, à oublier qu’en 1665, à côté des premiers bretons qui ont débarqué dans l’île, il y avait des Malgaches dont Fiaran qui a donné toute une descendance qui fait qu’aujourd’hui 80% de la population réunionnaise est d’origine malgache. Malheureusement, on ne retient que l’histoire récente."
Devant l’abondance de réactions, nous publierons demain la suite des entretiens...
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