Un ministre UMP reprend les thèses de l’extrême droite pour stigmatiser des immigrés

L’identité réunionnaise attaquée

14 septembre 2011, par Manuel Marchal

En 1995, le jeune Ibrahim Ali avait été assassiné par des colleurs d’affiches du Front national. 16 ans plus tard, le ministre de l’Intérieur stigmatise les citoyens français d’origine comorienne. Par ses paroles, Claude Guéant insulte une part de notre identité réunionnaise.

« Il y a à une immigration comorienne importante qui est la cause de beaucoup de violence », c’est ce qu’a déclaré un ministre de la République, Claude Guéant. Cette scandaleuse attaque contre une composante du peuplement de Marseille a suscité là bas des réactions indignées.
« Je ne vous envie pas, M. Guéant, de rivaliser avec votre prédécesseur, M. Hortefeux, à celui qui séduira le plus le Front National. Je n’aimerais pas être à votre place, la place de celui qui a pour mission de rassembler tous les Français mais qui, de fait, nous monte les uns contre les autres », a notamment affirmé Ahamada Smis.
En s’abaissant à reprendre à son compte des déclarations que seule l’extrême droite aurait eu jusqu’alors l’indécence de prononcer, Claude Guéant lance clairement un appel du pied aux électeurs tentés par le vote pour le parti de la haine l’année prochaine. À Marseille, cela réveille de douloureux souvenirs.
En effet, en 1995, des colleurs d’affiches du Front national avaient montré leur vrai visage de miliciens fascistes. Ils avaient en effet assassiné Ibrahim Ali, c’était un odieux crime raciste visant un jeune d’origine comorienne.
16 ans plus tard, un ministre de l’Intérieur utilise le langage du parti d’extrême droite pour viser spécifiquement les citoyens originaires de l’archipel des Comores, ce qui vise à caresser dans le sens du poil les thèses racistes du Front national.
À La Réunion, de telles déclarations sont aussi des attaques contre notre peuple. Nous avons en effet des ancêtres qui sont venus des Comores pour construire notre pays. Beaucoup ont durement travaillé dans le creusement du port qui permet aujourd’hui de ravitailler tous les Réunionnais.
Au même titre que les autres immigrants et descendants d’immigrants qui peuplent notre île, les Réunionnais d’origine comorienne apportent une part essentielle de notre identité. En stigmatisant les citoyens d’origine comorienne, le ministre de l’Intérieur montre son mépris pour ce qui fait La Réunion : le respect dans la construction de l’intraculturalité.

Manuel Marchal


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