Accélération de la politique d’exclusion

La chasse aux étrangers persiste

13 août 2011, par Céline Tabou

A huit mois de la présidentielle, Claude Guéant a tenu à marquer les esprits, en annonçant un objectif ’historique’ de 30.000 reconduites aux frontières en 2011, espérant une ’inflexion durable’ des violences aux personnes.

Stigmatisant les étrangers, la politique du chiffre de Nicolas Sarkozy finit par plaire à certains. En effet, +4% d’expulsions par rapport à 2010, le souhait de réduire de 200.000 à 180.000 le nombre d’entrées légales d’étrangers en France, notamment celles du travail.

Une politique de la honte

La provocation est telle que de nombreuses personnes se sont insurgées contre ces annonces. Parmi elles, Patrick Lozes, président du CRAN (Conseil Représentatif des Associations Noires de France) a indiqué sur son blog qu’il est temps que « les partis politiques cessent d’utiliser les immigrants à des fins politiciennes dans la campagne de 2012. Cette surenchère d’extrême-droite est le signe d’une démocratie malade, qui a oublié les valeurs de générosité et d’accueil de la France ».
Dans sa suite, François Hollande a déploré les propos du ministre de l’Intérieur, « une nouvelle fois, les propos de M. Guéant visent à stigmatiser les immigrés. (Ce dernier) tente inlassablement de démontrer que ceux-ci seraient la cause de tous les problèmes rencontrés en France aujourd’hui" et la politique du chiffre « est devenue la règle » », a-t-il ajouté.

Stigmatiser les étrangers

Le ministre l’Intérieur a ouvertement rejeté les « prières de rue » qualifiées de « quelque chose qui n’est pas acceptable, directement attentatoire au principe de la laïcité, (et) il faudra que ça cesse ». Cependant, ce dernier a autorisé les fidèles de la rue Myrrha de pratiquer leur culte dans une ancienne caserne dès le 16 septembre.
Ces déclarations ont suscité des réactions vives dans les médias africains, qui considèrent superflu le discours de Claude Guéant sur les fidèles qui souhaitaient seulement un lieu de prière : « La plupart de ceux qui « prient dans la rue » ne demandaient pas mieux de trouver un lieu de culte. C’est fait. Une réponse concrète à une demande légitime. Mais apparemment, cela ne suffit pas. Il faut que M. Guéant dise quelque chose… sur les étrangers, les noirs et les musulmans, au moins une fois par semaine », a commenté le quotidien “Algérien El Annabi”.
Cependant, Claude Guéant a dû oublier « la condamnation internationale unanime et la mise à l’épreuve du gouvernement français par la Commission européenne après les expulsions massives des Roms » à l’automne 2010.

Céline Tabou


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