Les pauvres et les idées fausses sur les pauvres — 2 —

« La France distribue les minima sociaux les plus élevés » et « il n’y a pas assez d’argent dans les caisses pour augmenter les minima sociaux »

10 avril 2013

Voici le second volet d’une série d’articles sur les préjugés et autres fausses idées que fait circuler l’idéologie dominante (celle des classes dominantes) à propos des pauvres. Après “Les pauvres coûtent cher à la société”, voici un nouvel exemple, qui fait réfléchir sur la gravité des effets de la pauvreté à La Réunion.

Contrairement à ce que certains tentent de nous faire croire, à savoir que « la France distribue les minima sociaux les plus élevés », cette dernière est en réalité un peu en dessous de la moyenne européenne.
(photo Toniox)

Certains tentent de nous faire croire que « la France distribue les minima sociaux les plus élevés ».
C’est faux ! La France est un peu en dessous de la moyenne européenne.
En France, le montant des minima sociaux pour une famille de deux enfants s’élève à 72% du seuil de pauvreté et à 60% du revenu médian, alors qu’il est en moyenne de 76% dans l’Union européenne (*).


Par ailleurs, le montant des minima sociaux (RSA, AAH) ne connaît pas la même progression que l’ensemble des revenus.
En 1988, le Revenu minimum d’insertion (RMI) équivalait à 50% du SMIC. En 2012, le RSA (Revenu de solidarité active) socle est à 42% : soit 474,93 euros pour une personne seule.

Plusieurs réponses

On nous dit également : « Il n’y a pas assez d’argent dans les caisses pour augmenter les minima sociaux ».
C’est aussi faux !
Et il y a plusieurs réponses à cette idée fausse :
L’État économise environ 11 milliards d’euros chaque année (**) parce que, pour différentes raisons, une partie des personnes qui peuvent prétendre aux prestations sociales n’y a pas recours. Ne pourrait-on utiliser une partie de ces non-dépenses pourtant inscrites au budget de l’État ?

Il est "rentable" économiquement d’investir dans la lutte contre la pauvreté (voir "Témoignages" du 6 avril 2013) et cela a un effet positif sur la consommation, les recettes fiscales et l’économie.

Enfin, il est possible de prendre des mesures (en particulier de plus grande justice fiscale) afin d’accroître les recettes de l’État et des collectivités territoriales.

Un objectif qui peut être atteint

Dans son rapport, le groupe de travail "Accès aux droits, aux biens essentiels et aux minima sociaux" a estimé en préparation de la Conférence nationale sur la pauvreté et l’inclusion sociale (***) des 10 et 11 décembre 2012 à Paris qu’« amener l’ensemble des ménages ordinaires au seuil de pauvreté mobiliserait de l’ordre de 15 milliards d’euros, que ces revenus proviennent du travail ou de la protection sociale ».

En faisant appel à plusieurs des trois solutions présentées ci-dessus, cet objectif ne semble pas hors de portée.

(*) Source : OCDE, cité dans la revue "Études et résultats" de la DRESS - Ministère de l’Emploi —, n°464, février 2006.

(**) Source : "L’Envers de la fraude fiscale. Le scandale du non-recours aux droits sociaux", Odenore, Éd. La Découverte, 2012.

(***) À l’issue de cette conférence, « ATD Quart-Monde regrette que certains points aient été éludés tels l’expérimentation de territoires sans chômage de longue durée, la mise en place d’une politique nationale pour l’enfance ou encore le recalcul des loyers HLM ». (ATD Quart Monde, 11 décembre 2012 : communiqué de presse « Un bilan mitigé »).

L’État français économise environ 11 milliards d’euros chaque année, une partie des personnes pouvant prétendre aux prestations sociales n’y ayant pas recours.
(photo Toniox)


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