Opération de police “Négro kont Komor”

La mairie du Port s’indigne

5 octobre 2005

Le maire du Port, Jean-Yves Langenier, s’est dit ’horrifié’ et ’blessé’ d’apprendre qu’une opération de police, prévue selon ses informations pour ce soir, en ville du Port, a porté le nom de code “Négro kont komor”. Circonstance aggravante, elle était programmée pour le ’jour d’ouverture du Festival du film d’Afrique, symbole d’ouverture politique à la zone de l’océan Indien’.

L’information est parvenue au maire du Port hier matin, dans la manifestation de l’Intersyndicale, d’une source suffisamment fiable pour ne pas être traitée comme une “rumeur”. Selon Jean-Yves Langenier, qui a opéré des recoupements, l’information rapportée par une source sûre, n’a pas été infirmée par d’autres sources, tout aussi fiables.
Elle a été considérée comme suffisamment grave pour appeler une riposte immédiate : dans la manifestation d’une part et lors d’une conférence de presse tenue en début d’après-midi à la mairie du Port.
Jean-Yves Langenier admet qu’il sait très peu de chose sur l’opération prévue. Ce qui a choqué tout le monde est le “nom de code” dont elle a été affublée, d’après la fuite : “Négro kont Komor” ! C’est cette indignité qu’ont dénoncé, avec le maire du Port, la députée Huguette Bello, la sénatrice Gélita Hoarau, le secrétaire général du PCR, Élie Hoarau et Cyrille Lebon du Mouvement de la gauche écologiste. Ils ont tous exprimé leur solidarité dans le rejet d’une action qui, a dit Jean-Yves Langenier, "expose La Réunion à des dérives".
"Nous pouvons affirmer que notre information ne souffre aucun doute. Nous ne pouvons pas accepter cela et nous attendons des autorités une réponse appropriée, pour que les choses reviennent à la normale", a ajouté le maire du Port.

Démenti de La Préfecture

La sénatrice Gélita Hoarau a dit sa "solidarité" dans la révolte. "Ici, il n’y aura aucun projet viable si on n’assure pas l’unité du peuple réunionnais", a-t-elle ajouté en soulignant la proximité de ce fait avec la visite du ministre de l’Intérieur. "C’est une raison de tristesse" a-t-elle dit.
Huguette Bello, députée de la 2ème circonscription, a cité Bertold Brecht ("...le ventre est encore fécond d’où a surgi la chose immonde") et plusieurs pages sombres de l’histoire réunionnaise, avant de fustiger les instigateurs de l’opération - "Des ignorants qui font insulte à la population réunionnaise".
Cyrille Lebon pour le MGER et Élie Hoarau pour le PCR, ont dit leur "indignation" et leur volonté d’alerter l’opinion publique. "On attend une réponse du Préfet. Nous sommes prêts à lui démontrer que nous sommes tous des “négros” et des “komor”", a ajouté le secrétaire général du PCR en dénonçant "la dérive d’une haute administration".
Le démenti de la Préfecture, envoyé environ un quart d’heure avant la conférence de presse, n’a pas paru être à la hauteur de l’événement. Le communiqué de la Préfecture parle d’une "rumeur absolument scandaleuse qui porte atteinte à l’honneur de la police nationale et aux fonctionnaires qui la servent dans des conditions souvent difficiles".
"Si le préfet prend cela sur le ton de la “rumeur”, cela veut dire qu’il pense que Jean-Yves Langenier peut dire n’importe quoi. C’est intolérable", a répliqué Élie Hoarau.
Jean-Yves Langenier a réaffirmé que "l’information est fiable et qu’elle portait sur un fait réel", ajoutant qu’il y a dans l’île un certain nombre de personnages susceptibles de déclencher ce genre d’opération.
Le ton des intervenants et celui de Jean-Yves Langenier a été celui de la fermeté, pour réclamer une clarification de la part de l’administration.

P. David


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