Expulsion à Moroni d’un étudiant

La Réunion terre d’accueil bafouée

13 novembre 2004

Ahmed Mohamed Andhumoudine a été “reconduit à la frontière”. C’est-à-dire envoyé aux Comores, où il n’a aucune famille. Natif de Mayotte (territoire français), il serait l’objet d’une erreur administrative, avec deux actes de naissance différents. Les autorités comoriennes ne peuvent pas non plus le garder. L’imbroglio est total.

Il habitait dans notre île depuis 12 ans. Les Réunionnais de toutes origines ont été vivement émus par le cas d’Ahmed Mohamed Andhumoudine, 20 ans, expulsé avant-hier pour les Comores.
Toute sa famille est en effet installée à La Réunion, au Chaudron, à l’exception de son père qui demeure à Mayotte. Ahmed Mohamed Andhumoudine se retrouve donc aux Comores, sans aucune famille.
Le président de l’association des étudiants comoriens à La Réunion, Mohamed Hamid, déplore une telle situation, incompréhensible. Selon lui, le jeune expulsé est aujourd’hui aux mains des autorités comoriennes, sans pouvoir donner plus d’indication sur le sort qui lui sera réservé.
Comble de l’histoire, Ahmed Mohamed Andhumoudine est né à Mayotte, collectivité départementale de la République. C’est d’ailleurs une erreur administrative qui serait à l’origine de cette reconduite à la frontière.

Sur son passeport, il s’appelle Mohamed, alors que son extrait de naissance considère qu’il répond du nom d’Ahmed. Peut-être s’appelle-t-il Ahmed Mohamed Andhumoudine ! De plus, sa mère disposerait de deux actes de naissance contradictoires, nous confie Rokia, sœur d’Ahmed Mohamed.
Le préfet Dominique Vian, interrogé par un confrère lors de la commémoration du 11 novembre, jour de l’expulsion du jeune Comorien, n’a pas souhaité se prononcer sur cette affaire. "Je trouve dommage que le préfet ne cherche pas à clarifier la situation, mais c’est son choix", constate Mohamed Hamid, fataliste.

L’avocat se dit confiant

La famille, elle, se trouve dans le plus grand désarroi, et a fait appel à l’avocat franco-comorien Saïd Larifou pour trouver une issue favorable à ce dossier peu commun. Hier, en marque de soutien à Ahmed Mohamed Andhumoudine et à sa famille, associations et amis se retrouvaient devant la préfecture de Saint-Denis. Cela débouchera sur une rencontre avec le secrétaire général de la préfecture.

Ahmed Mohamed Andhumoudine est pourtant entré légalement sur le sol réunionnais, comme le défend Saïd Larifou, qui compte saisir le tribunal de première instance de Mayotte "afin de confirmer l’authenticité de l’extrait d’acte de naissance N°268 du 10 août 1984" délivré par le maire de Mamoudzou, qui stipule que le jeune Comorien est né sur une terre française.
Les autorités comoriennes, qui ne peuvent délivrer à Ahmed Mohamed Andhumoudine un acte d’état civil, puisqu’il est sans attache administrative avec leur pays, devront eux aussi le reconduire vers leur frontière.
Les responsables comoriens ne pourront cependant autoriser son retour à La Réunion que si le préfet donne un avis favorable. Pour l’heure, Ahmed Mohamed Andhumoudine est logé par un ami comorien, mais ne sait pas encore quand ce litige prendra fin.
Au sortir de la préfecture, l’avocat de l’expulsé comorien se disait confiant : selon lui, les autorités préfectorales prendront en compte l’aspect humain et humanitaire de ce dossier. Affaire à suivre.

Bbj


Communiqué du PCR

Grave atteinte

Dans un communiqué diffusé hier, le Parti communiste réunionnais donne sa position suite à l’expulsion du jeune Mohamed Andhumoudine .

"Le Parti communiste réunionnais dénonce le caractère arbitraire de l’expulsion du jeune Mohamed Andhumoudine ainsi que les conditions dans lesquelles elle s’est faite.
"Cette mesure administrative concernant un jeune ayant vécu depuis sa plus jeune enfance à La Réunion et qui peut légitimement revendiquer la nationalité française porte gravement atteinte au caractère de pays d’accueil et d’hospitalité qu’a toujours revendiqué La Réunion.
"Le PCR demande aux pouvoirs publics de prendre toutes les mesures nécessaires pour permettre à Mohamed Andhumoudine de retourner à La Réunion pour y vivre et poursuivre ses études."


FO : mettre fin à ce scandale humanitaire

"La section départementale de la FNEC-FP FO de La Réunion s’élève contre l’injustice faite à M. Mohamed Andhumoudine, étudiant à La Réunion.
Ce jeune homme renvoyé dans un pays qu’il ne connaît pas, éloigné des siens par les autorités françaises, doit revenir chez lui, là où ses proches habitent, là où il étudie, à La Réunion.
La FNEC-FP FO demande à M. le préfet de revenir sur son arrêté afin de mettre fin à ce scandale humanitaire."


La Ligue des droits de l’Homme indignée

"La Ligue des Droits de l’Homme de La Réunion (LDH) prend acte de l’expulsion du jeune Mohamed Andhumoudine vers les Comores. Elle exprime son indignation devant des méthodes qui consistent à reconduire systématiquement à la frontière des hommes et des femmes, sans prendre en compte l’aspect humain et l’historique de la situation de chaque cas.
"La LDH demande aux autorités de l’État de réexaminer le cas du jeune homme expulsé et renvoyé aux Comores où, selon les informations recueillies, il se retrouve dépourvu d’attache actuelle, sans famille, sans toit et ne comprenant pas la langue du pays."


Les femmes socialistes solidaires

"Les femmes socialistes, choquées par les méthodes radicales et expéditives exercées à l’encontre de M. Mohamed Andhumoudine, rappellent que La Réunion, dans l’océan Indien, est une terre d’asile et multiculturelle.
"Dans ce contexte, l’application de la Loi doit préserver la dignité humaine et porter une attention particulière aux situations d’exception dans lesquelles peuvent se trouver nos frères des îles voisines.
"Les femmes socialistes expriment leur solidarité envers M. Mohamed Andhumoudine et soutiennent les actions destinées à permettre à ce jeune étudiant à continuer son parcours d’intégration à La Réunion."


La position de la Préfecture

La Loi est votée par les députés et les sénateurs de la République. Elle s’applique à La Réunion comme sur l’ensemble du territoire national.
En matière d’entrée et de séjour des étrangers, les principes posés par la loi sont simples : les étrangers en situation régulière sont bienvenus sur notre sol : ils peuvent y vivre, y travailler et y étudier en toute liberté, dans le respect des lois de la République. En revanche, les étrangers en situation irrégulière doivent regagner, soit de leur propre initiative dans un premier temps, soit sur celle de l’autorité publique ensuite, le pays dont ils ont la nationalité.
Ces règles ont été appliquées au cas de M. Ahmed, étudiant de nationalité comorienne en situation manifestement illégale sur le territoire.


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