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Journée mondiale du refus de la misère
17 octobre 2007
La dette est une catastrophe pour l’humanité, maintenant dans la plus extrême pauvreté des contrées entières possédant pourtant d’importantes richesses matérielles et humaines. Une tragédie sous-jacente, qui provoque en aval une multitude de drames insupportables. Mais cette tragédie n’est pas arrivée toute seule comme peut survenir un tremblement de terre ou un cyclone dévastateur. Elle est la conséquence de choix géopolitiques bien précis. Surtout elle est un puissant mécanisme de subordination des pays du Sud, un nouveau colonialisme en somme, qui s’est joué en 5 actes.
Acte 1 : les années 1960-1970
Après la Seconde Guerre Mondiale, les États-Unis ont instauré le plan Marshall pour la reconstruction de l’Europe. Ils ont investi massivement dans l’économie européenne pour l’aider à se remettre debout et les pays européens sont redevenus très vite des partenaires commerciaux privilégiés. De plus en plus de dollars (la monnaie de référence) circulent à travers le monde, et les autorités américaines tentent de freiner les demandes de conversion de dollars en or, pour ne pas assécher leurs coffres-forts. Elles encouragent alors les investissements des entreprises américaines à l’étranger, pour éviter le retour des dollars en excès et une flambée de l’inflation chez eux. Voilà pourquoi dans les années 1960, les banques occidentales regorgent de dollars (les eurodollars) pour lesquels elles sont en recherche de débouchés et d’investissements. Elles les prêtent alors aux pays du Sud, qui cherchent à financer leur développement, notamment les États africains nouvellement indépendants et les pays d’Amérique latine.
A partir de 1973, le choc pétrolier apporte des revenus confortables aux pays producteurs de pétrole qui les placent à leur tour dans les banques occidentales : ce sont les pétrodollars. Là aussi, les banques les proposent aux pays du Sud, à des taux faibles pour les inciter à emprunter. Tous ces prêts provenant de banques privées constituent la partie privée de la dette extérieure des Pays en développement (PED).
S’ajoute à cela la crise qui s’est installée dans les États du Nord à partir du choc pétrolier : les marchandises ont du mal à trouver preneur à cause de la récession et du début du chômage massif. Les pays riches décident alors de distribuer du pouvoir d’achat au Sud, afin de les inciter à acheter les marchandises du Nord. D’où des prêts d’État à État, souvent sous forme de crédits d’exportations : “ je te prête 10 millions à bas taux, à condition que tu achètes chez moi des marchandises pour 10 millions...” C’est la partie bilatérale de la dette extérieure des PED.
Un dispositif de pillage des richesses du sud
Le troisième acteur de cette histoire de l’endettement est la Banque mondiale. Née en 1944 alors que les États-Unis étaient en position de force sur la scène internationale, cette institution est profondément antidémocratique : au moyen de “1 dollar, 1 voix”, les États-Unis s‘arrogent plus de 17% des droits de vote - soit une minorité de blocage - alors que 24 pays d’Afrique subsaharienne ne “pèsent” que pour 2%. A partir de 1968, son président est Robert McNamara, celui qui a géré l’escalade de la guerre au Vietnam. Par la Banque mondiale, McNamara va contrecarrer l’influence soviétique et les différentes tentatives nationalistes, sur un plan financier. De 1968 à 1973, la Banque mondiale va accorder davantage de prêts que pendant toute la période 1945-1968.
Ces prêts ont d’abord pour but de soutenir les alliés stratégiques des États-Unis : Mobutu au Zaïre, Suharto en Indonésie, la dictature brésilienne puis plus tard les dictatures argentine et chilienne... pour renforcer la zone d’influence américaine. Ils servent également à stopper le développement de certaines politiques visant à l’obtention d’une indépendance économique : Nasser en Egypte avec la nationalisation du canal de Suez, N’Krumah au Ghana, Manley en Jamaïque, Sukarno en Indonésie, etc.
La Banque mondiale incite les pays du Sud à emprunter pour moderniser leur appareil d’exportation et le connecter au marché mondial. C’est la partie multilatérale de la dette extérieure des PED.
Pendant ces années, l’endettement est encore supportable pour les pays du Sud car ces prêts leur permettent malgré tout de produire davantage, donc d’exporter plus et de récupérer des devises pour les remboursements et de nouveaux investissements.
Ces trois intervenants - banques privées, États du Nord, Banque mondiale -, avec la complicité des classes dirigeantes du Sud, sont à l’origine d’une augmentation exponentielle de la dette : elle est multipliée par 12 entre 1968 et 1980, précédant un tournant tragique.
Acte 2 : la crise de la dette
A la fin de l’année 1979, pour sortir de la crise qui les frappe, lutter contre une inflation importante et réaffirmer leur leadership mondial après les échecs cuisants au Vietnam en 1975, en Iran et au Nicaragua en 1979, les États-Unis amorcent un virage ultralibéral, qui sera poursuivi après l’élection de Ronald Reagan à la présidence. Depuis quelques mois déjà, le Royaume-Uni fait de même avec le gouvernement de Margaret Thatcher. Pour attirer les capitaux et relancer la machine économique américaine la Réserve Fédérale américaine, augmente d’un coup les taux d’intérêt américains. Les investisseurs de toute la planète sont donc fortement incités à placer leur argent aux États-Unis. Quel rapport avec la dette ?
Jusque-là, les taux d’intérêt des emprunts accordés aux États du Sud étaient certes faibles, mais variables et liés aux taux américains. De l’ordre de 4-5% dans les années 1970, ils passent à 16-18% au moins, voire davantage au plus fort de la crise, la prime de risque devenant énorme. Du jour au lendemain, le Sud doit rembourser trois fois plus d’intérêts. En plein milieu du jeu, les règles ont été changées de façon délibérée : le piège s’est refermé.
De plus, les pays du Sud sont confrontés à un autre changement brutal : la baisse des cours des matières premières et des produits agricoles qu’ils exportent. La grande majorité des prêts a été contractée dans des monnaies fortes comme le dollar. Au cours des années 1970, les pays débiteurs doivent donc se procurer de plus en plus de devises pour rembourser leurs créanciers. Ils tentent alors d’exporter encore plus (café, cacao, coton, sucre, arachide, minerais, pétrole, etc.) pour récupérer davantage de devises, ce qui fait encore baisser les cours, vu l’absence de demande supplémentaire au Nord. Le Sud se retrouve pris dans l’étau de la dette sans bien sûr pouvoir faire face à ses échéances. C’est la crise de la dette.
En août 1982, le Mexique est le premier à annoncer qu’il n’est plus en mesure de rembourser. C’est la fin de l’acte 2, court mais brutal.
Acte 3 : les plans d’ajustement structurel
Cette crise de la dette va jeter les pays en développement dans les griffes du Fonds monétaire international (FMI), sorte de pompier pyromane dont l’intervention auprès des pays contraints de stopper leurs remboursements, va accentuer la dépendance de ces pays : ce sont les fameuses conditionnalités du FMI. La politique économique de l’État endetté passe sous contrôle du FMI et de ses experts ultralibéraux qui mettent en place une nouvelle colonisation économique. Plus besoin d’administration ni d’armée coloniale sur place : le mécanisme de la dette se charge de gérer la dépendance.
Les mesures préconisées sont inscrites dans un Plan d’ajustement structurel (PAS) : plus de subventions aux produits et services de première nécessité (pain, riz, lait, sucre, combustible... ), austérité budgétaire et réduction des dépenses, baisse drastique des budgets sociaux (santé, éducation, subventions aux produits de base), dévaluation de la monnaie locale, taux d’intérêt élevés pour attirer les capitaux étrangers avec une rémunération élevée.
La production agricole est tournée vers l’exportation (café, coton, cacao, arachide, thé etc.) pour faire rentrer des devises. Les cultures vivrières en sont diminuées d’autant et la déforestation gagne de nouvelles surfaces. La suppression des barrières douanières, l’abandon du contrôle des mouvements de capitaux et la suppression du contrôle des changes accompagnent l’ouverture totale des marchés.
La fiscalité aggrave les inégalités avec une taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et la préservation des revenus du capital. Les privatisations massives d’entreprises publiques signent un désengagement de l’État des secteurs de production concurrentiels...
La potion est très amère et le niveau de vie des populations ne décolle pas pour autant. Quelques chiffres suffisent : en 1999, le taux brut de scolarisation primaire est de 56% ; le nombre moyen d’élèves par enseignant dans le primaire est 79 ; 27% des enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition ; 59% de la population a accès à un centre de santé à moins de 15 km ; 17% des logements sont équipés de l’eau courante et 12% de l’électricité.
En règle générale, le FMI fait porter la responsabilité de ses décisions sur les gouvernements en place au Sud. Tous les ans, chaque État doit établir des rapports analysant la situation économique et traçant des perspectives pour l’avenir. Dans un sens ultralibéral, bien évidemment. Les prêts et rééchelonnements divers ne sont accordés qu’à condition que ces rapports aillent dans le “ bon ” sens, complétés par des visites de gentlemen de la Banque Mondiale ou du FMI pour s’en assurer directement. En fait, les institutions financières internationales font signer par les autorités en place la liste de leurs propres revendications, pour mieux expliquer le cas échéant qu’elles n’ont fait qu’entériner les choix des autochtones... Le mécanisme de la dette est un mécanisme de subordination très subtil et très impressionnant.
Acte 4 : L’utilisation des sommes au Sud
Les emprunts massifs contractés par les dirigeants des pays du Sud n’ont que très peu profité aux populations : on a vu qu’ils n’étaient pas faits pour cela. D’autre part, la majeure partie fut décidée par des régimes dictatoriaux, alliés stratégiques de grandes puissances du Nord. Une partie importante des sommes empruntées a été détournée par ces régimes corrompus : ils ont prélevé au passage des commissions avec le soutien des autres acteurs de l’endettement. A sa mort, Mobutu Sese Seko, à la tête du Zaïre pendant plus de 30 ans, disposait d’une fortune estimée à 8 milliards de dollars, équivalant aux deux tiers de la dette de son pays (sans compter l’enrichissement de ses proches). A Haïti, en 1986, la dette extérieure s’élevait à 750 millions de dollars lorsque la famille Duvalier, qui a gouverné d’une main de fer pendant trente ans (d’abord François - dit Papa Doc - puis Jean-Claude - dit Bébé Doc), a pris la fuite vers la Côte d’Azur française avec une fortune évaluée à plus de 900 millions de dollars. Quelle autre explication trouver à l’enrichissement de la famille de Suharto en Indonésie dont la fortune, au moment où il a été chassé du pouvoir en 1998 après 32 ans de règne, était estimée à 40 milliards de dollars, alors que son pays était en plein marasme ?
En Argentine sous la dictature des colonels (1976-1983), la dette a été multipliée par 5,5 pour atteindre 45 milliards de dollars en 1983, essentiellement contractée auprès de banques privées, avec l’accord des autorités américaines. La junte au pouvoir a recouru à un endettement forcé des entreprises publiques : la dette externe de la compagnie pétrolière YPF est passée de 372 millions de dollars à 6 milliards de dollars (multipliée par 16 en 7 ans). Les devises empruntées aux banques des États-Unis ne sont jamais arrivées dans la caisse des entreprises publiques : elles étaient en grande partie replacées dans ces mêmes banques sous forme de dépôts, à un taux inférieur à celui de l’emprunt. Les proches du pouvoir dictatorial se sont ainsi monstrueusement enrichis via des commissions importantes. Entre juillet et novembre 1976, la Chase Manhattan Bank a reçu mensuellement des dépôts de 22 millions de dollars et les a rémunérés à environ 5,5%. Pendant ce temps, au même rythme, la Banque centrale d’Argentine empruntait 30 millions de dollars à la même banque à un taux de 8,75%. Le tout, avec le soutien actif du FMI et des États-Unis, permettant le maintien du régime de terreur en Argentine et son rapprochement avec les États-Unis après l’expérience nationaliste de Perón et de ses successeurs.
Enrichissements personnels colossaux...
Ainsi, la dette s’est accrue très vite, tout comme la richesse personnelle des proches du pouvoir. Ce fut également bénéfique pour les banques du Nord : l’argent revenait en partie dans leurs coffres, et pouvait être prêté de nouveau à d’autres qui l’ont eux aussi remboursé... De plus, la fortune des dictateurs servait de garantie aux banques... La corruption et les détournements ont donc joué un rôle important.
Par ailleurs, l’argent qui parvenait tout de même dans le pays emprunteur a été utilisé de manière très ciblée, allant en priorité à de méga projets énergétiques ou d’infrastructures (barrages, centrales thermiques, oléoducs...). Pas pour améliorer la vie quotidienne des populations, mais afin d’extraire les richesses naturelles du Sud et les transporter vers le marché mondial. Le barrage d’Inga, au Zaïre, a permis de tirer une ligne à haute tension sans précédent de 1.900 kilomètres vers le Katanga, province riche en minerais... La ligne ne s’est pas accompagnée des transformateurs pour fournir l’électricité aux villages qu’elle survole...
Lancée au milieu des années 1990 et co-financée par la Banque mondiale associant Shell, Exxon et Elf, la construction du pipe-line Tchad-Cameroun - pour amener le pétrole de la région de Doba (Tchad, enclavé) au terminal maritime de Kribi (Cameroun), sur 1.000 km - se fait au plus grand mépris des intérêts des populations. Ainsi, pour “indemniser” les populations des dommages causés par ce projet, les responsables ont proposé 3000 FCFA (4,5 dollars) par pied de manguier détruit, alors que selon le député tchadien Ngarléjy Yorongar, la première production de cet arbre peut donner 1000 mangues dont chacune peut se négocier environ 100 FCFA (0,15 dollar)...
Achats d’armes tournées contre les peuples...
L’achat d’armes ou de matériel militaire pour opprimer les peuples a aussi compté dans la montée de l’endettement. Nombre de dictatures ont maintenu leur emprise sur les populations en achetant à crédit des armes, avec la complicité active ou passive des créanciers. Les populations d’aujourd’hui remboursent donc une dette qui a permis d’acheter les armes responsables de la disparition des leurs. Que l’on pense aux 30.000 disparus en Argentine sous la dictature (1976-1983), aux victimes du régime d’apartheid en Afrique du Sud (1948-1994) ou du génocide au Rwanda (1994). L’argent emprunté servait aussi à alimenter les caisses noires des régimes en place, pour compromettre les partis d’opposition et financer des campagnes électorales coûteuses et des politiques clientélistes.
Les prêts vont aussi en priorité à l’aide liée. L’argent sert alors à acheter des produits fabriqués par les entreprises du pays créancier, contribuant à redresser sa balance commerciale. Les besoins réels des populations des PED passent au second plan.
Infrastructures imposées par les multinationales du Nord, aide liée, achat d’armes pour une répression massive, détournements et corruption, voilà à quoi ont servi les sommes empruntées pendant des décennies.
ACTE 5 : la coupe dÉborde
Dans les années 90, dans leur très grande majorité, les pays en développement sont tombés sous la coupe du FMI. Rien n’est réglé pour autant, bien au contraire. La dette continue sa course folle et les crises financières se multiplient. L’ouverture totale du Tiers Monde aux capitaux étrangers et les mesures libérales imposées par le FMI ont attiré des capitaux fortement volatiles, prêts à déguerpir dès les premiers signes de fragilité économique. Ce fut le cas en Amérique du Sud en 1994, puis en Asie du Sud-Est en 1997, en Russie en 1998, de nouveau en Amérique latine en 1999, en Turquie entre 1999 et 2002, en Argentine en 2001-2002, au Brésil en 2002. Mais toujours et partout, les mêmes recettes sont imposées : de nouveaux prêts en échange d’une libéralisation accentuée de l’économie. D’ailleurs ces nouveaux prêts alourdissent la dette, mais ne sont pas destinés à restaurer un peu de bien-être pour les populations du Sud. Ils sont juste là pour permettre à l’État en crise de rembourser ses créanciers du Nord, souvent responsables d’investissements risqués et hasardeux...
A chaque fois, la priorité est donnée à la poursuite du remboursement de la dette. Ainsi, depuis la crise de 1994, les revenus des exportations de pétrole du Mexique transitent par un compte situé aux États-Unis, et un magistrat américain a l’autorisation de bloquer les flux de ce compte vers le Mexique s’il ne rembourse pas sa dette. Les États ainsi dominés par le FMI perdent leur souveraineté : c’est effectivement une colonisation économique.
La dégringolade du prix des matières premières se poursuit inexorablement. Ce que l’on observe ressemble bien plus à du pillage des ressources du Sud qu’à des échanges commerciaux équitables.
L’initiative PPTE : pays “pillés” très endettés
Fortement mis en accusation, le système financier international dut trouver une parade. En 1996, le sommet du G7 de Lyon décida de lancer une initiative fort médiatisée : l’initiative PPTE (« Pays pauvres très endettés »).
Cette initiative, renforcée au sommet du G7 de Cologne en 1999, est censée alléger la dette des pays pauvres et très endettés.
Mais elle ne concerne qu’un petit nombre de pays très pauvres (42 sur 165 PED) et son but se limite à rendre leur dette extérieure “soutenable”. Le FMI et la Banque mondiale essaient d’alléger la dette juste ce qu’il faut pour mettre fin aux arriérés et aux demandes de restructurations, sans même y parvenir d’ailleurs. En réalité, ils profitent de cette initiative - qui semble généreuse - pour imposer un renforcement de l’ajustement structurel. La logique de d’endettement est toujours en place.
Pour bénéficier d’un allégement de dette dans le cadre de l’initiative PPTE, les étapes sont nombreuses et exigeantes, et nécessitent un temps démesurément long.
Il s’agit d’un véritable parcours du combattant. Le pays concerné par cette initiative doit d’abord signer un accord avec le FMI afin de mener pendant une période de trois ans une politique économique approuvée par Washington. Appuyée sur un Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté (DSRP) cette politique consiste en des privatisations, une dérégulation économique visant à générer des ressources... pour le remboursement de la dette et « pour lutter contre la pauvreté » ! On voit la contradiction.
Des sommes colossales transférées au Nord
À l’issue des trois ans, le FMI et la Banque mondiale s’assurent que la politique du pays peut lui permettre de rembourser sa dette. Le critère d’« insoutenabilité » de la dette d’un pays est le rapport entre la valeur actuelle de sa dette et le montant annuel de ses exportations. Si ce ratio est supérieur à 150%, la dette est estimée insoutenable. Dans ce cas, ce pays est déclaré admissible à l’initiative PPTE. Il doit alors mettre en œuvre des ”réformes-clés” convenues avec le FMI, qui correspondent en fait à un renforcement de l’ajustement structurel des années 1980 et 1990, rebaptisé DSRP pour la circonstance.
Au final, le pays voit une légère réduction du stock de sa dette extérieure. L’allègement permet finalement de faire payer les PED au maximum de leurs possibilités : on annule essentiellement les créances impayables. L’initiative PPTE est avant tout destinée à garantir la pérennité des remboursements et à dissimuler le renforcement de l’ajustement structurel sous une apparente générosité. En 2000, soit quatre ans après le début de l’initiative, les 42 PPTE ont transféré des sommes colossales au Nord : le transfert net sur la dette a été négatif pour eux d’environ 2,3 milliards de dollars.
Dès 2000, la CNUCED a lancé l’avertissement que « l’allègement de la dette et la manière dont il interviendra n’auront pas d’effets directs majeurs sur la réduction de la pauvreté. »
Au total, 34 parmi les 42 PPTE sont des pays d’Afrique subsaharienne, auxquels s’ajoutent 4 pays d’Amérique latine (le Honduras, le Nicaragua, la Bolivie, le Guyana), 3 pays d’Asie (le Laos, le Vietnam et Myanmar) et le Yémen. Seuls les pays très pauvres et très endettés peuvent espérer de très ténus allègements. Le Nigeria, très endetté mais producteur de pétrole, n’est pas assez “pauvre” pour ce dispositif.
Haïti, un des pays les plus pauvres de la planète, n’est pas jugé assez endetté pour être éligible. Et les pays où vivent la plupart des pauvres de la planète ne sont pas concernés : la Chine, l’Inde, l’Indonésie, le Brésil, l’Argentine, le Mexique, les Philippines, le Pakistan, etc. Les PPTE ne représentent que 11% de la population totale des PED. Comment espérer sortir de l’impasse financière actuelle où sont plongés tous les PED avec une telle initiative ?
Des changements en trompe-l’œil
Même ces 42 pays ne seront pas tous bénéficiaires d’allègements. Le Laos ne demande pas à entrer dans le dispositif, ses dirigeants jugeant qu’il apporte plus d’inconvénients que d’avantages. De plus, 4 pays arrivés au point de décision, ont eu une réponse négative : l’Angola, le Kenya, le Vietnam et le Yémen. Leur endettement est jugé soutenable, même si par exemple l’Angola, ravagé par 25 ans de guerre civile entretenue par les multinationales pétrolières, a dû affronter en 2002 une famine sans précédent sur son territoire... Enfin, les prévisions indiquent que trois autres pays ne sont pas en mesure de bénéficier de l’initiative (à cause d’un état de guerre ou d’un manque de coopération avec les pays riches) : le Liberia, le Soudan et la Somalie, ainsi sanctionnés parce qu’ils ne sont pas politiquement corrects. L’initiative PPTE concerne donc au mieux 34 pays.
En décembre 2002, 26 pays avaient atteint le point de décision, et 6 d’entre eux avaient atteint le point d’achèvement : l’Ouganda, la Bolivie, le Mozambique, la Tanzanie, le Burkina Faso et la Mauritanie.
La CNUCED, dans son rapport de septembre 2002, note qu’ « Après presque deux décennies de programmes d’ajustement structurel, la pauvreté a augmenté, la croissance est le plus souvent lente et erratique, les crises rurales se sont aggravées et la désindustrialisation a mis à mal les perspectives de croissance. Depuis deux ans, la réduction de la pauvreté est devenue l’objectif fondamental des programmes et des activités des institutions financières internationales en Afrique et dans d’autres pays à faible revenu. Ce changement d’attitude mérite d’être salué. Mais y a-t-il eu une évolution des esprits ? » [...] « Un examen détaillé des mesures macroéconomiques et d’ajustement structurel figurant dans les DSRP permet de constater qu’il n’y a pas de remise en cause fondamentale des conseils formulés dans le cadre de ce que l’on appelle le Consensus de Washington. » Detlef Kotte, l’un de ses cadres dirigeants de la CNUCED, est plus direct : « Le FMI ou la Banque mondiale ont changé les mots, changé les sigles, changé leur mode de consultation, mais n’ont rien changé à leur credo. »
Aujourd’hui le problème de la dette reste entier.
Par Damien Millet, CADTM
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