Conséquence de la crise

La violence franchit un nouveau cran

21 septembre 2013, par Manuel Marchal

Deux faits divers ont suscité une vive émotion. À chaque fois, le foyer du meurtrier présumé a été incendié. La tension ne cesse d’augmenter. C’est une des conséquences d’un modèle de société à bout de souffle.

Derrière les faits divers tragiques, la crise provoquée par un système à bout de souffle qui rejette la moitié de la population.

La Réunion vient d’être touchée par deux faits divers. Deux familles viennent d’être endeuillées par la disparition tragique d’un proche. Dans la nuit qui a suivi les faits tragiques, les logements des accusés sont ravagés par des incendies de nature criminelle. La crise amène la société réunionnaise dans un état de tension très préoccupant.

Henry Hippolyte s’est rendu hier dans le quartier de La Rivière des Galets pour rencontrer les proches de la dernière victime, et les habitants. « On peut comprendre la détresse immense, mais on ne peut pas faire justice soi-même » , a-t-il dit dans le journal de Réunion Première.

Les effets de la crise

Chaque jour qui passe, les Réunionnais peuvent constater les effets de la crise dans les rubriques faits-divers. La Réunion s’est construite sur un crime contre l’humanité, l’esclavage. Elle a ensuite connu la colonisation, qui s’appuyait sur la violence pour maintenir les rapports de domination issus de l’esclavage. L’abolition du statut colonial n’a pas amené la rupture immédiate avec les structures de l’ordre ancien. La violence héritée de l’époque de l’esclavage se manifestait souvent, notamment lors des élections. Car c’est par la force que le pouvoir tentait d’empêcher l’expression des Réunionnais dans le cadre républicain.

En interdisant aux Réunionnais de décider, les bénéficiaires de l’ordre post-colonial ont cherché à verrouiller toute évolution. Ils ont empêché la création de nouveaux secteurs économiques en refusant le développement de La Réunion. Quand le système de la plantation s’est effondré, des milliers de travailleurs étaient ruinés. L’industrie n’a pas pu prendre le relai. Notre île a basculé directement dans une économie de service financée par les transferts publics, laissant de côté la moitié de la population.

Les ingrédients de la violence

Servis en grande partie sous forme de salaires aux agents de l’État, les transferts publics ont amené les fonds nécessaires au démarrage d’une société de consommation contrôlée par les monopoles de l’énergie, de l’automobile et de la grande distribution. Cela a favorisé un alignement des prix vers le haut, en fonction d’un pouvoir d’achat qui n’est pas celui de la majorité de la population. Ce choix politique du pouvoir parisien a amené une croissance continue du chômage, et aujourd’hui la société est coupée en deux. Les ingrédients de la violence sont donc toujours là. Et l’aggravation de la crise ne va pas dans le sens de l’apaisement. Car cette violence est une des conséquences d’un modèle à bout de souffle.

M.M.


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