Harcèlement sexuel dans un restaurant de Saint-Benoît

Le courage de Sophie

Sophie parle au nom de celles qui vivent la même situation.

10 février 2007

Assise à côté de Huguette Bello, Présidente de l’Union des Femmes Réunionnaises, une jeune fille au regard triste. Elle nous révélera par la suite ce qui lui est arrivé. Elle surprendra plus d’un d’entre nous à la table du Conseil municipal de Sainte-Suzanne hier matin. Elle est une énième victime de harcèlement sexuel sur son lieu de travail. Serveuse dans un restaurant de Saint-Benoît, ce qu’elle a vécu ressemble à « un véritable scénario pornographique », explique Huguette Bello. La jeune fille ne souhaite pas dévoiler son identité. Nous l’appellerons Sophie.

« Un véritable scénario pornographique »

Le dépôt de sa plainte, le 23 janvier, pour harcèlement sexuel contre son “patron” cause son licenciement dès le lendemain. Elle est sous Contrat nouvelle embauche. Cette mesure permet à l’employeur d’expédier à la rue sans raison un employé. Lorsqu’elle se rend à son travail, ce n’est pas le patron qui l’accueille mais la femme du patron ! Cette femme demande à Sophie ce qui lui arrive. Elle ne croit pas un mot de ce qu’elle dit. Sophie est donc bouleversée. Si cette femme ne la croit pas, qui donc peut bien la croire ? La justice suit son cours. Et dans cette dénonciation, elle a donc le soutien de l’UFR et de la CGTR.

Envie de « toucher ses fesses »

Ce dont elle a été victime est inimaginable. C’est est une belle fille, et comme toutes les autres femmes de la planète, elle demande le respect. Son patron avait envie de « toucher ses fesses ». Sans scrupule, il est passé à l’acte. Un geste qui a provoqué du dégoût chez Sophie. Une envie de vomir. Un couloir étroit qui donne sur la cuisine était pour lui l’occasion de se frotter à elle. Les mots qu’il lui a dits sont véritablement d’un scénario pornographique. Nous ne le répèterons pas. Tout est consigné dans un procès-verbal.

Elle se confie à une cliente

Elle souffre, surtout que le patron semble insister. Elle va oser parler de sa situation à une cliente. Cette dernière va la soutenir. Elle se livrera à la CGTR qui l’orientera vers l’UFR. Hier, elle a déballé tout ce qu’elle avait sur le cœur. Sa mère, présente dans la salle, a écouté puis, choquée, elle est allée prendre un bol d’air frais. Car cette affaire, Sophie n’en a pas parlé à son petit ami et à ses parents dans un premier temps. Hier, elle a été très courageuse et elle est décidée à aller jusqu’au bout de cette procédure.

Combien de victimes ?

Huguette Bello pose le cas de Sophie sur la place publique. Car combien de Sophie sont victimes de harcèlement sexuel sur le lieu de travail et culpabilisent ? Une information doit être menée dans l’enceinte des entreprises pour prévenir et guérir de tel agissement. Sinon, ces actes brisent et détruisent des vies.

J.-F. N.


Commentaire

Les femmes veulent le respect...

... à la maison, dans la rue, dans les bus, sur les plages, dans le travail. Car bien des hommes ont des conduites ambiguës à leur égard. Un rien aussi excite leur regard : une courte jupe par exemple. Ils s’imaginent qu’elles les provoquent. Une vue de l’esprit bien courte. En quoi est-ce provocateur ? Elles s’habillent comme bon leur semble. Si le fait de porter une courte jupe prête à confusion, je conseille à ces esprits confus de se faire soigner.


Le harcèlement...

... moral au travail : « Le fait de harceler autrui par des agissements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel, est puni d’un an emprisonnement et de 15.000 euros d’amende ». Article 222-33-2 du Code pénal.

... sexuel : « Le fait de harceler autrui dans le but d’obtenir des faveurs de nature sexuelle est puni d’un an d’emprisonnement et de 15.000 euros d’amende ». Article 222.23 du Code pénal.

... sexuel au travail : « Aucun(e) salarié(e), aucun(e) candidat(e) à un recrutement, à un stage ou à une période de formation en entreprise ne peut être sanctionné(e), ni licencié(e) ou faire l’objet d’une mesure discriminatoire, directe ou indirecte, notamment en matière de rémunération, de formation, de reclassement, d’affectation, de qualification, de classification, de promotion professionnelle, de mutation ou de renouvellement de contrat pour avoir subi ou refusé de subir les agissements de harcèlement d’un employeur, de son représentant ou de toute personne dans le but d’obtenir des faveurs de nature sexuelle à son profit ou au profit d’un tiers. Aucun(e) salarié(e) ne peut être sanctionné(e) ou licencié(e) pour avoir témoigné des agissements définis à l’alinéa précédent ou les avoir relatés ». Article L. 122-46 du Code du Travail.


Une autre forme de harcèlement...

... «  les appels téléphoniques malveillants réitérés ou les agressions sonores en vue de troubler la tranquillité d’autrui, sont punis d’un an d’emprisonnement et de 15.000 euros d’amende ». Article 222-16 du Code pénal.


L’Association contre les Violences faites aux Femmes au Travail...

... (AVFT) a enquêté « sur la question du harcèlement sexuel ». Elle s’appuie sur ses 25 ans d’expérience dans l’accompagnement des victimes. Les violences sexistes et sexuelles au travail se répartissent ainsi : 56% d’agressions sexuelles, 20% de harcèlement sexuel ; 14% de viols et 10% de discrimination sexiste (essentiellement au sujet de la maternité).
Conséquences de ces violences : elles détériorent les conditions de travail, entravent les promotions professionnelles, compromettent des recrutements ou des renouvellements de contrat. Elles peuvent aller jusqu’au licenciement ou à une démission forcée, et souvent à des dépressions graves et autres maladies.
Particularité de ces violences : elles sont exercées contre les femmes les plus fragilisées et les moins à même de pouvoir se défendre : employée de ménage en sous-traitance, travailleuse en contrat précaire (CDD ou temps partiel), en situation personnelle et financière difficile (femme chef de famille monoparentale etc...).
Les violences sexistes et sexuelles au travail constituent l’une des causes du retrait des femmes du monde du travail : 95% des femmes suivies par l’AVFT ont perdu leur emploi suite à ce type de violences.

Huguette Bello

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Messages

  • Eh bien oui je suis de celles qui ont subi chaque jour le harcèlement moral au travail, en arrêt maladie depuis deux ans je n’arrive pas à retirer de mon esprit cette agression, aujourd’hui après une commission rogatoire qui a duré presque un an, j’attends le verdict du procureur de la république pour savoir selon deux hypothèse a) un non lieu ou b) une mise en examen de mon maire car je suis secrétaire de mairie, malgré une profonde déprime je combats l’inadmissible, jamais un être humain ne doit se permettre de casser une personne, je pense à tous ceux qui vivent avec la peur au ventre devant un individu médiocre qui utilise le croit-il sa toute puissance. Josianne

  • Vécu une situation presque similaire lors d’un stage, je commence alors ma vie professionnelle et le monde du travail m’a ecoeuré à cause de cette expérience.Jai eu la chance d’avoir mon école qui m’a defendu car les supérieurs, le patron n’ont strictement rien fait pour me protéger des actes de ce type alors que c’était leur travail.
    C’est parce que je n’avais pas de preuve écrite que je n’ai pas pu porter plainte mais également car je ne souhaitait pas mettre en danger ma vie professionnelle.
    Une chose qu’il faut savoir , c’est que des que ca commence , il faut écrire ce que l’autre dit et surtout il faut prendre conscience que l’on ne peut pas s’en sortir seule, il faut de l’aide.
    Plus on en parlera et mieux ce sera, courage !!

  • Un des premiers stage que j’ai eu, qui n’a heureusment duré que deux mois. Un bureau à trois, ou votre soi disant manager passe son temps à vous raconter sa vie sexuelle, vous dire que vous etes plutot pas mal dans votre genre, qu’il a envie de vous embrasser…

    Je me suis dit que cela passerait, qu’il me laisserait tranquille, mais non.

    Ayant mis les choses au clair avec lui en lui disant d’arreter son petit jeu dégeulasse (ce mec avait 45 ans en plus, et moi 20 ans de moins, à vous dégouter encore plus) , il se met à se plaindre que je le traite de pervers, qu’il va finir en prison de ma faute. Tout ça le fait bien rire.

    Quand aux patrons, l’un ma dit que ce n’était que de la taquinerie (genre…) .

    J’ai attendu la fin du mois pr mon salaire pr partir
    Mais, on se rend pas compte de ce que on a subi et je suis tombée en arret maladie, alors que de plus j’avais mes partiels la semaine d’après. J’ai eu un medecin qui m’a conseillé de porter plainten (je débute ma carriere j’avais pas envie de porter plainte, sachant qu’en plus je n’avais aucune preuve écrite ).

    J’appelle mon soi disant "responsable de stage", pr mettre fin au stage(vous toussez et l’autre taré vous sors " je sais pas pk tu tousses qu’est que t’as dans la gorge, je sais pas ce que t’as fait cette nuit avec un mec…) et jen passe et des meilleurs (la fellation ça marche bien dans ce departement, avec les regards insistants).

    Je dis à mon responsable que je demissionne, et que je vais appeler les patrons, chose à laquelle il me répond qu’ils en ont rien à foutre. A preciser que le deuxieme patron sest amusé à me faire un clin doeil à la fin de ma journee, alors que il voyait que le manager venait m’emmerder et que je me reculai svivement dès que je le voyais s’approcher).

    J’appelle quand meme ces patrons, 5 fois ds la journee, bien sur pas foutu de me répondre, jenvoie le mail écrit par ma responsable de mon ecole (qui ma beaucoup soutenu) et moi meme précisant les raisons pour lesquelle je mets fin au stage.

    Les patrons nont meme été foutu d’appeler mon école, tout ce que j’ai eu droit cest qu’il fallait que je rapporte l’ordi portable entre 8H30 et 9H du matin, sachant que l’autre taré arrivait à 9h, pauvre de moi si je le croisais…

    Résultats ; un arret maladie, des partiels ratés, des séances de psy pour essayer d’oublier . J’espère juste que des autres sociétés comme celle la n’existe pas, des patrons aussi laches, incompétents et pitoyables (l’un sest amusé à raconter que j’étais vierge à ses employés et ça le faisait rire… )
    L’entreprise a été blacklisté par mon école.Je finis mes études, mais j’ai cette histoire derrière moi et je n’arrive toujours pas à en guérir. Ces gars rajoutent sur leur CV valeurs humaines et les valeurs de leur société comme étant le respect et l’intégrite, ca donne encore envie plus de vomir.
    Avec le recul, je me dis que j’aurai du suivre l’avis de mon responsable pédagogique de mon école et entamer une action en justice.


Témoignages - 80e année


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