Le Pen interdit de séjour

7 juillet 2006

En décembre 2001, un collectif d’une centaine d’associations et de personnalités avait appelé à manifester devant l’aéroport contre la présence de Jean-Marie Le Pen et de Bruno Mégret dans notre île. Parmi les actions menées, une délégation de ce collectif avait remis au sous-préfet de Saint-Benoît un arrêté interdisant à Le Pen et à Mégret tout séjour dans l’île. Souvenez-vous !

Peu avant son voyage pour La Réunion, Le Pen avait été questionné dans une émission de France 2 sur l’accueil que le collectif Lanzistisman lui réservait. Il avait répondu que c’était des voyous qu’il "foutrait dehors à coup de pied au cul". Finalement, il dût changer les dates de son voyage et il arriva en missouk deux jours avant le jour initialement prévu.

"Il ne s’agissait pas principalement d’avoir Le Pen en face de nous mais de poser la question du racisme à La Réunion. Un racisme qui se développe contre le Comorien, le Malgache, et même le zorèy. Dans ce contexte ce n’est pas l’homme en lui-même que nous combattons mais l’idéologie qu’il véhicule", expliquait à l’époque un responsable du Collectif. Il poursuivait : "Dans les veines de la quasi-totalité des Réunionnais coule le sang d’ancêtres ayant été victimes de l’esclavage, de l’engagisme et du colonialisme. Aujourd’hui, ces plaies ne sont toujours pas cicatrisées. Dans ces conditions, la venue dans notre île de Jean-Marie Le Pen et de Bruno Mégret est contraire aux valeurs de la civilisation réunionnaise. On a notre eczéma à gratter, on ne veut pas de la grangrène du FN".

Après avoir maloyé au rythme de la réunionnité avec l’incontournable Danyèl Waro, les manifestants ont pris la direction de Saint-Benoît. Ville où le leader du Front national avait élu domicile chez les Brasier. Un geste plutôt symbolique comme le rappelait le porte-parole de Lanzistisman, Younous Ahamed : "On aurait pu transmettre notre motion au préfet, au président du conseil général ou son homologue de La Région. Mais finalement on s’est dit qu’il valait mieux manifester dans la ville qui reçoit Jean-Marie Le Pen. Informer les Bénédictins sur ce qui se passe chez eux".

Escortés par les motards de la gendarmerie depuis l’aéroport jusqu’à la sous-préfecture de Saint-Benoît, les manifestants du Collectif sont donc allés remettre au sous-préfet de Saint-Benoît un arrêté symbolique d’interdiction de séjour contre Le Pen et Mégret (cf. encadré).


" Avis à la population réunionnaise

Arrêté d’interdiction de séjour
contre Le Pen Jean-Marie et Mégret Bruno

Vu la Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen,
Vu la Convention européenne des droits de l’homme,
Vu la loi du 1er juillet 1972 relative à la lutte contre le racisme,
Considérant que la venue à La Réunion de représentants d’un parti d’extrême droite véhiculant une idéologie raciste constitue une grave insulte au peuple réunionnais

Les personnalités, associations, partis politiques, syndicats... soussignés arrêtent :

Article 1er : Le Pen Jean-Marie et Mégret Bruno sont des personnes indésirables sur tout le territoire de La Réunion
Article 2 : Toutes mesures appropriées seront prises pour éviter la propagation d’idées contraires aux valeurs de la civilisation réunionnaise.

À Saint-Denis, le 19 décembre 2001"


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