Le développement passe par l’éradication de la pauvreté : c’est possible à La Réunion -1-

Le train à La Réunion : un moyen de lutter contre la pauvreté

10 août 2022, par Manuel Marchal

Le retour du train ne contribuera pas seulement à réduire les embouteillages, il sera surtout un moyen de transport adapté aux capacités contributives des Réunionnais. Aujourd’hui, de nombreuses familles victimes de la pauvreté doivent se priver de satisfaire des besoins élémentaires car elles doivent consacrer une part importante de leur budget à l’achat et à l’entretien d’une voiture importée, fonctionnant avec des carburants eux aussi importés, et réparées avec des pièces produites d’ailleurs. Les Réunionnais sont en effet victimes d’une politique des transports qui va à l’encontre de leurs intérêts. Une compagnie réunionnaise des transports publics regroupant le train et tous les autres moyens de transports collectifs et services de location de vélos électrique peut en effet faire considérablement baisser la facture mobilité des Réunionnais. Un tarif de 50 euros par mois pour se déplacer partout est un objectif atteignable. Les Réunionnais, et en particulier les pauvres, bénéficieront alors d’une importante hausse de leur pouvoir d’achat. Le retour du train à La Réunion est un moyen de lutter contre la pauvreté.

A Maurice, un train de plus de 300 places circule toutes les 15 minutes de 6 heures à 22 heures. 1 euro tout au plus le trajet avec des tickets prépayés.

INSEE Focus n°270 paru le 11 juillet évoque la pauvreté dans les anciennes colonies devenues département avec la situation en France. Il indique notamment que « au total, 18 % de la population française (hors Mayotte) en situation de grande pauvreté en logement ordinaire vit dans les DOM historiques (Guadeloupe, Martinique, Guyane, La Réunion), alors que ces territoires rassemblent seulement 3 % de la population. »
Cette revue souligne notamment ceci :

« Chez les personnes en situation de grande pauvreté, malgré l’ampleur de la dépense, le renoncement à la voiture est l’une des privations les moins fréquentes que ce soit en France métropolitaine ou dans les DOM. Hormis en Guyane, cette privation est un peu moins fréquente dans les DOM qu’en France métropolitaine. La configuration des territoires et la faiblesse des transports en commun dans les DOM rendent la voiture d’autant plus incontournable pour conserver la capacité à se déplacer quotidiennement de manière autonome. »

Cela indique que malgré la pauvreté, des Réunionnais sont obligés d’acheter et entretenir une voiture pour se déplacer, à cause de l’offre insuffisante en transports collectifs.

Des institutions financières au service du tout-automobile

Réagissant à un article de Témoignages sur le coût du sous-développement de La Réunion lié aux transports, Joseph Luçay Maillot apportait une explication sur le nombre important de voitures individuelles à La Réunion :

« La situation actuelle est due aussi aux conditions de financement très incitatives qui ont été accordées par les banques non seulement aux importateurs de voitures mais aussi aux acheteurs. Les personnes dont les revenus sont constitués par des aides publiques ont accès facilement à un crédit pour l’achat d’une voiture. (...) Peut-être qu’il aurait fallu accorder la gratuité des transports collectifs aux plus pauvres au lieu de leur faciliter l’achat d’une petite voiture. Etc »

Pauvreté et dépendance à l’automobile : la double peine

C’est donc une double peine. Non seulement une famille est pauvre et subit donc des privations, mais elle doit encore se priver davantage sur des besoins élémentaires pour financer une voiture et son entretien.
Cela signifie clairement que la politique des transports à La Réunion n’est pas au service des Réunionnais mais du lobby du tout-automobile qui tire des profits de toutes les prestations nécessaires pour faire fonctionner un véhicule.
Pour cette seule raison, la simple conversion du parc automobile à l’électrique ne réglera pas ce problème d’accès au transport. Car une voiture électrique coûte plus cher à fabriquer qu’une thermique. C’est une fiscalité avantageuse qui permet d’en diminuer le prix, sinon leur diffusion serait confidentielle. Les changements de normes européennes permettent alors d’assurer leur écoulement puisqu’à part pour les voitures thermiques les plus chères et les plus polluantes réservées au sommet de la classe dominante, le moteur à essence sera interdit dans les véhicules particuliers neufs à partir de 2035. Neuves, elles ne seront pas à la portée des moins riches. D’occasion à un prix inférieur à 3000 euros, les acheteurs devront probablement gérer le problème d’une batterie en fin de vie, avec un coût de remplacement prohibitif.

Un train peut circuler 50 ans avec les mêmes wagons

Une politique de transport adaptée à la situation de La Réunion passe nécessairement par le renforcement des transports collectifs avec des investissements beaucoup plus conséquents que ceux qui sont alloués au tout-automobile. Ce est une question de volonté politique : tenir tête à un lobby utilise La Réunion pour faire des profits.
La priorité doit être le train, le plus économique sur le long terme. Car à la différence des bus, un train électrique peut fonctionner pendant 50 ans, à condition que les matériaux soient faits pour durer. La SNCF a d’ailleurs remis en service des wagons qui ont près d’un demi-siècle pour assurer des trains low-cost sur les lignes interrégionales.

Maurice est une source d’inspiration toute proche de La Réunion

A 200 kilomètres de La Réunion, Maurice montre qu’il est possible de relier les plus grands centres urbains du pays à raison d’un train de plus de 300 places toutes les 15 minutes de 6 heures à 22 heures, pour 1 euro maximum par trajet avec une carte d’abonnement. Pour moins de 500 millions d’euros, l’investissement est réalisé, et ces trains circuleront pendant de nombreuses années.
S’articulant autour du réseau ferré à La Réunion, des stations de locations de vélos électriques, de bus et de téléphériques pourraient s’intégrer dans une vaste compagnie réunionnaise des transports publics chargée de gérer tous ces déplacements. Il serait alors possible de fixer un tarif unique de 50 euros par mois pour utiliser tous ces moyens de transports, tarif qui pourrait être révisé à la baisse avec l’aide des collectivités.

Gain immédiat de pouvoir d’achat pour les usagers des transports

Une telle politique des transports n’obligerait plus des Réunionnais à se priver sur leurs besoins élémentaires pour acheter et entretenir une voiture. Ce serait alors un gain immédiat de pouvoir d’achat, tout en sachant que l’intégralité des sommes dépensées par les usagers de la compagnie réunionnaise du transport public resterait à La Réunion.
Car fonctionnant à l’électricité, le train, le téléphérique et les bus électriques pourront remplir leurs missions avec une énergie qui peut être produite à 100 % à La Réunion, avec des ressources locales.

(à suivre)

M.M.

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